Par M'hamed JAIBI Défendue formellement par Ennahdha, qui n'y est cependant pas resté fidèle lors de la présidentielle, l'option de «l'unité nationale» vient de marquer des points par la désignation de Habib Essid en tant que candidat au poste de chef de gouvernement. Cependant, aucune «unité» n'étant irréprochable, cette option suscite des réserves de la part de certaines franges de la scène politique nationale. En premier lieu, le Front populaire qui voit en cette désignation un «mauvais message adressé au peuple tunisien», au même moment où le soutien d'Al Massar est conditionné par «la teneur du programme du futur gouvernement». L'appui d'Ennahdha à Habib Essid semble total et inconditionnel, à la mesure des rapports cordiaux qui liaient le Premier ministre pressenti à l'ancien chef de gouvernement, Hamadi Jebali, dont il était le ministre-conseiller en matière sécuritaire, après avoir tenu l'Intérieur dans le gouvernement Caïd Essebsi ayant conduit le pays jusqu'aux élections d'octobre 2011. Même bienveillance de la part de l'UPL qui semble satisfaite du «dialogue permanent» avec Nida, alors qu'Afek Tounès souhaiterait voir s'améliorer et se formaliser les termes de la concertation. Dans les rangs des opposants déclarés à tout compromis de gouvernement, le CPR dénonce «l'alliance contre nature contractée entre Ennahdha et Nida Tounès» et étudie l'éventualité d'une concrétisation du Mouvement du peuple des citoyens suggérée par Moncef Marzouki, lequel lorgne naturellement du côté de Wafa, du Courant démocratique et des activistes issus des LPR. Ce alors que le Parti républicain, l'Alliance démocratique et Ettakatol envisagent, sans réelle progression, leur «regroupement des forces centristes». Le gouvernement d'unité nationale qui se profile draine en sa faveur la grande majorité des députés de la nation, soit autour de 190 élus sur 217. Auxquels pourraient bien s'adjoindre ceux du FP. Il s'agit d'une majorité hautement confortable pour une sorte de «gouvernement de salut national» appelé à éradiquer le terrorisme, à hermétiser les frontières et à mettre sur pied la cohabitation, qui sont les conditions d'un bon départ pour la seconde République.