La Coupe d'Afrique des nations 2015 de football débute aujourd'hui, 17 janvier 2015 en Guinée équatoriale. Pourtant, c'est encore loin d'être la fête à Malabo, la capitale, ou à Bata, la deuxième ville du pays. Certains Equato-Guinéens regrettent même que cette CAN 2015 ait lieu chez eux. « Non, on n'est pas content d'accueillir la CAN. » Mains serrées sur le volant de son taxi, Nando* est amer. « Ici, il n'y a pas de travail, peste ce chauffeur de Malabo, la capitale de Guinée équatoriale. Il n'y a pas de système de santé ». Avec sa colère froide, il parle de toute cette richesse liée au pétrole. Une richesse dont beaucoup d'Equato-Guinéens ne profitent pas, selon lui. Nando ajoute : « Si le Maroc n'a pas voulu organiser ce tournoi, il y a bien une raison. » Les Marocains ont été dessaisis de l'organisation de cette 30e Coupe d'Afrique des nations par la Confédération africaine de football, après en avoir demandé deux fois le report. Officiellement, par peur d'un virus Ebola qui a fait plus de 8 200 morts en Afrique de l'Ouest. « Nous aussi, on a peur d'Ebola », dit Marcelo*, avec un petit rire teinté de fatalisme. Lui aussi est taximan. Et lui aussi semble regretter que son pays soit le nouvel hôte de la CAN 2015. Pourtant, il l'assure : « Les gens vont venir au stade pour les matches. » A quelques heures du coup d'envoi de la CAN 2015, il n'y a pourtant aucun signe visible de ferveur, à Malabo : presqu'aucune affiche dans les rues, pas de drapeaux équato-guinéens accrochés aux fenêtres des maisons. Et très rares sont ceux qui portent le maillot du « Nzalang Nacional », l'équipe nationale. Les gens semblent nettement plus préoccupés par leur sort que par le football... La même ferveur qu'en 2012 ? A Bata, la deuxième ville du pays, située sur le continent, les signes que le tournoi approche sont un peu plus nombreux. Quelques panneaux font la promotion de l'événement. Pedro* vend des places à la sauvette pour les matches Guinée équatoriale – Congo-Brazzaville et Gabon – Burkina Faso. « A 2 000 Francs CFA », glisse-t-il. Soit 3 euros au lieu de 1,5 euro, le tarif normal. Un peu plus loin, Carlos* tient une boutique de maillots. Quand on lui demande si les affaires tournent bien, il désigne son stock du bras, avec un peu de dépit. Les Equato-Guinéens sont pourtant des amoureux de football. Avant le match d'ouverture de la CAN 2012, co-organisée avec le Gabon, les gens s'étaient pressés à l'Estadio de Bata. La police avait même tiré des cartouches de gaz lacrymogène pour calmer leurs ardeurs, devant les grilles. En vain. Trois ans plus tard, la même ferveur sera-t-elle au rendez-vous ? Pour l'heure, seuls quelques Gabonais et Camerounais, venus pour supporter leurs équipes, manifestent ostensiblement leur joie dans les rues de Bata.