Après la révolution en octobre au Burkina Faso, la 24e édition du Fespaco se déroulera comme prévu entre le 28 février et le 7 mars à Ouagadougou. Pour la première fois, le plus grand festival panafricain du cinéma et de la télévision ouvre sa compétition pour l'Etalon d'or à la diaspora africaine et aux films tournés en numérique. Ni la révolution, ni Ebola, ni l'instabilité politique ne leur avaient fait changer d'avis. Après l'annulation du Tour cycliste du Faso et du Salon international de l'artisanat de Ouagadougou (Sias) en automne dernier, les responsables du Fespaco ont décidé de maintenir à la date prévue le plus grand festival panafricain du cinéma et de la télévision, la fierté de tout un continent. Les festivaliers pourront se sentir en sécurité, ont martelé Eric Tiaré, l'ambassadeur du Burkina Faso en France et Jean-Claude Dioma, le ministre burkinabé de la Culture : «Il n'y a aucun cas d'Ebola signalé au Burkina Faso et le service de sécurité a été renforcé». Quant à l'engouement pour le cinéma en Afrique, il est resté intact. Parmi les 720 films envoyés, le Fespaco a retenu 134 films pour sa sélection officielle en cinq sections, dont 20 longs métrages en lice pour l'Etalon d'or de Yennenga, la Palme d'or africain. Le cinéma tunisien figure aussi dans cette sélection dans les compétitions longs et courts métrages avec - Zakaria de Leyla Bouzid et Printemps tunisien de Raja Amari. Le jury de la catégorie phare des longs métrages sera présidé par le réalisateur ghanéen Kwaw Ansah qui avait obtenu le Grand prix du Fespaco pour Heritage Africa (1989). En 2015, parmi les grands favoris se trouvent des films comme Timbuktu, l'œuvre du Mauritanien Abderrahmane Sissako sur les jihadistes à Tombouctou, qui est également nommé pour l'Oscar du Meilleur film étranger. Philippe Lacôte présentera Run, sa vision de la crise ivoirienne. Dans C'est eux les chiens, Hicham Lasri s'attaque au Maroc d'aujourd'hui à partir des «émeutes du pain» dans les années 1980. Il y aura le Printemps tunisien réalisé par Raja Amari, mais aussi Fièvres, l'histoire mise en scène par Hicham Ayouch entre un père et un fils déracinés habitant la banlieue parisienne.