Le football africain perd et on n'a pas besoin de se demander qui en est le responsable. Personne n'a encore osé donner un miroir à Hayatou où il verrait peut-être un début de réponse à toutes les accusations dont il est l'objet Il est souvent difficile d'imaginer ce qui peut se passer dans un match de football disputé en Afrique. Cela tient vraiment du hasard, mais aussi de la mauvaise foi et de la malversation au vrai sens du terme. La Tunisie a été éliminée aux quarts de finale au moment où sa prestation sur le terrain, les dispositions à la fois individuelles et collectives de ses joueurs la destinaient aux demi-finales. Mais l'arbitre mauricien Seechurn en a voulu autrement. Le sort de la sélection n'était pas tributaire de ses propres joueurs, mais de l'autorité supérieure de l'arbitre du match. Et elle devait exister et parvenir à ses fins. Ce qui était pratiquement impossible. Irréalisable. Plus pitoyable qu'une élimination, plus sinistre qu'une ambiance et une organisation de la plus prestigieuse échéance africaine, polluées jusqu'aux racines, c'est dans les coulisses ouvertes à tous les vents que tout se joue. Préjudice moral, préjudice sportif, tout s'entremêle, tout s'entrechoque. Au fait, quand le sport dépasse le sport, il s'égare souvent dans les chemins annexes où se mêlent les dérapages de tout genre. Une situation où l'on découvre et redécouvre la fragilité des arbitres africains, suspendus aux humeurs et aux caprices de ceux qui les désignent. Ce à quoi ils sont toujours prêts, c'est comment fausser un match, comment compromettre le jeu et l'image du football. Ce « besoin » de malversation qui plus est dans une période où l'image du football a été bien dégradée sous l'emprise de la CAF et de son président Issa Hayatou dont le présidentialisme exacerbé a transformé cette institution en un joli parterre de pots de fleurs. Ce que le président décide, le président fera. La CAF est sa chose. Point final. Mais le football africain perd et on n'a pas besoin de se demander qui en est le responsable. Personne n'a encore osé lui donner un miroir où il verrait peut-être un début de réponse à toutes les accusations dont il est l'objet. Là où ça fait mal!... Oui, les arbitres commettent des erreurs. Oui, ils manquent parfois de discernement dans l'affirmation de leur autorité. Mais le comportement de certains renvoie une image déplorable qui a toujours contribué à fragiliser tout l'édifice. Si les erreurs systématiques de l'arbitrage est une vraie exclusivité africaine, les mauvaises intentions le sont encore plus. On prend ainsi la mesure du malaise et on réalise que derrière une question d'appréciation se cachent d'autres ressentiments. Le football africain s'est politisé et il est devenu un instrument de pouvoir. C'est déplorable, profondément déplorable, douloureusement déplorable. Mais ce n'est malheureusement pas une surprise. L'arbitrage africain s'est laissé entraîner dans une spirale à multiples facettes: sportive, éthique et humaine. Certains de ses inspirateurs les plus éminents, tous parés d'innocence, n'ont jamais été rappelés au devoir de leur charge, c'est risible. D'où ce sentiment d'impunité. Nous devons nous dire la vérité amère que ce qui est arrivé compromet le présent et obscurcit l'avenir. La CAF est responsable du sous-développement du football africain. La priorité, c'est une vraie réflexion sur la gouvernance de ce football africain. Il faut s'interroger sur les collusions entre sport, argent et pouvoir. Un problème très africain qu'il faudra bien exorciser une bonne fois pour toutes. On est au bout du système appliqué au football de ce continent pour toutes. Les enjeux sont aujourd'hui incommensurablement plus importants. La CAF a besoin d'un système à la fois plus démocratique et plus efficace, susceptible de séparer l'exécutif et le délibérant.