La société civile se penche sur une stratégie nationale de lutte contre ce fléau Dans la foulée de la commémoration du 2e anniversaire de l'assassinat de Chokri Belaïd, le débat sur l'hydre terroriste reprend de plus belle, faisant de l'ombre à d'autres dossiers classés prioritaires dans l'ordre du jour du gouvernement Essid qui vient, à peine, de prendre ses fonctions. D'autant plus que l'engagement pris par Béji Caïd Essebsi concernant ce dossier a résonné, publiquement, comme une profession de foi politique antiterrorisme. Cela donne matière réflexion pour une véritable stratégie de lutte à grande échelle. Qu'en est-il du rôle de la société civile ? Comment devrait-elle réagir dans cette guerre des temps modernes ? Justement, une telle question multiforme requiert nécessairement une réponse plurielle. L'alliance gouvernement – société civile L'association Afak de sûreté interne et des douanes semble s'inscrire dans la logique de l'union qui fait la force. Elle voudrait agir à la manière d'un forum associatif en collaboration avec la partie gouvernementale, visant à mettre en place une stratégie nationale de lutte contre le terrorisme. Et c'est samedi, à Tunis, qu'une première conférence s'est tenue dans ce sens, marquant, ainsi, les débuts d'un parcours d'étude et de lecture critique de ce phénomène, sous ses multiples facettes, ses racines et les solutions à apporter. Quelle approche à adopter pour en venir à bout ? S'agit-il d'un crime isolé limité dans le temps ou un raz-de-marée aussi complexe que compliqué ? Certes, la question mérite, plus que jamais, une lecture analytique réactualisée des faits basée sur les relations de cause à effet. Mais, qu'entend- on par terrorisme ? L'universitaire- activiste en droits de l'Homme, juriste de formation Ali Arbi a commencé par définir ce phénomène en tant qu'acte lié à un groupe d'individus déterminés, reconnus pour être semeurs de troubles, de peur et de violence jusqu'au meurtre. C'est quoi le terrrorisme ? Et de reconnaître qu'il n'y a pas une définition universelle et précise de ce terme. L'essentiel, à ses dires, est de tenter de comprendre ses racines et ses motivations morbides. Qu'elles soient d'ordre politique (régime dictatorial), socioéconomique (récession, pauvreté et chômage) ou religieux (crise de culte, aliénation culturelle et discours extrémistes), les raisons sont bien multiples. Et les solutions aussi. L'orateur les a divisées en action immédiate et future réalisable à court et long termes. Il s'agit, d'après lui, des mesures à caractère préventif et curatif. Il a proposé, en guise de mesures d'urgence, la mise en place d'un modèle de développement et l'organisation d'un congrès contre le terrorisme. Une politique d'encadrement et de réhabilitation des catégories exposées à l'extrémisme semble être de mise, même si son application demande assez de temps. M. Mohamed Adel Hentati, universitaire, est intervenu sur ce volet, soulignant que l'approche de traitement sécuritaire n'est valable que dans le cas où le terrorisme demeurerait mercenaire ou acte à dessein. Sinon, l'approche globale s'avère, ainsi, la plus recommandée. Comment se présente un profil terroriste ? L'état maladif du terrorisme Dr Imed Rekik, médecin-psychiatre, a dressé tout un tableau de syndromes d'état maladif du comportement d'adolescents. Cette personnalité est si fragile qu'un certain déséquilibre psychique ou sociétal est de nature à façonner les traits d'une figure terroriste prête à tuer. Le spécialiste définit ce personnage comme un malade social qui souffre des maux d'une personnalité en quête de son être, de son autonomie, de sa force d'exister. Faute de quoi, a-t-il diagnostiqué, les pulsions de vie tournent à celles de mort, à même de voir son narcissisme brisé. Et puis, l'autodestruction l'emporte sur l'estime de soi. De fait, a-t-il encore ajouté, l'individu se fait victime de son « masochisme explosif», aux dépens de sa survie. D'après lui, l'équilibre psychique reste le meilleur rempart contre le terrorisme. Afin d'y parvenir, tout un travail est à faire à ce niveau. Loin de la marginalisation qui incarne les facteurs de la déception. Selon des données chiffrées, le chômage, l'ignorance de culte et le sentiment de frustration sont à l'origine de ce narcissisme cassé qui pourrait conduire à des comportements terroristes. D'où l'approche de traitement ne peut être que globale. L'éco-terrorisme est aussi une manifestation de violence contre Dame nature. Le sociologue Slimène Ben Youssef a ainsi défini toute atteinte à l'environnement. Selon lui, la pollution, la dégradation forestière, le déboisement et les incendies ayant ravagé, ces dernières années, des milliers d'hectares relèvent, également, d'actes terroristes qu'il faut criminaliser et punir. Les médias, eux aussi, sont appelés à jouer pleinement un rôle de premier plan. Le lieutenant de la garde nationale Oussama Mabrouk s'est prononcé sur les règles à suivre dans la couverture médiatique de la nébuleuse terroriste. Cela dépend de la nature et de l'objet de l'événement à rapporter au public, avec la délicatesse qu'il faut dans le traitement d'un tel sujet.