Il n'est pas exclu, à voir le déroulement des faits, que des terroristes soient derrière le déclenchement des incidents graves ayant émaillé les villes de Tataouine, Dhehiba et Ben Guerdane, sur fond de réapparition de l'ombre de «l'émirat islamique du Sud tunisien»... Avec les terroristes, rien n'est impossible. Cette triste réalité, les Américains, eux-mêmes en tant que gendarme du monde, y croient, avec, à la clé, cette malheureuse conviction que les tentacules de l'internationale intégriste sont telles que les groupuscules takfiristes, imprévisibles et ne s'avouant jamais battus, restent capables des surprises les plus désagréables et des ripostes les plus douloureuses. Dernier exemple dans nos murs: il a suffi du démantèlement, l'autre jour à Gafsa, d'un réseau terroriste conduit par le dangereux Mourad Gharselli pour déclencher subitement les émeutes qui avaient émaillé, le week-end écoulé, les villes de Tataouine, Dhehiba et Ben Guerdane. Simple coïncidence ? Pur hasard ? Il faut être un ignorant en matière de lutte contre le terrorisme pour prétendre répondre par oui. C'est que tout porte à croire que ces incidents ont été planifiés et revêtent donc une connotation terroriste. En voici quelques indices qui ne trompent pas: — Primo: la colère populaire a largement dépassé, cette fois, son cadre habituel fait de manifestations sans lendemain, pour se transformer en émeutes, avec le bilan qu'on sait. Et là, il faut se référer à certaines sources sécuritaires approchées qui ont fait état de la présence, parmi les manifestants, de barbus résolus à faire de la résistance et prompts à jeter de l'huile sur le feu, pourvu que l'ordre ne soit pas rétabli. — Secundo : la furia des manifestants était telle que des postes de sécurité ont été incendiés, des biens publics saccagés et des agents de l'ordre blessés. — Tertio : le poste frontalier de la Garde nationale le plus reculé du pays a été également attaqué, dans la sombre perspective de préparer le terrain à l'infiltration des terroristes sur le territoire tunisien. Autant de faits saillants auxquels on peut ajouter d'autres preuves non moins irréfutables, à savoir la saisie simultanée d'armes, de munitions et de la bagatelle de cinq millions de dinars en devises étrangères dissimulés dans les bagages d'un intrus venant de Libye, outre le démantèlement, dans la journée, d'un groupe de jihadistes sévissant à Hammamet et l'usage abusif des armes par le service d'ordre. Le scénario catastrophique Reste maintenant à dire que tous ces faits sont à prendre très au sérieux. D'abord, parce qu'ils administrent la preuve qu'on a encore du pain sur la planche dans ce combat interminable livré à l'hydre terroriste. Ensuite, parce que les cellules dormantes, talon d'Achille de ce combat, commencent à montrer le bout de leur nez, après de longs mois d'hibernation. Enfin, parce que la succession des derniers événements a fait resurgir l'ombre du plan diabolique longtemps brandi par Abou Iyadh et ses acolytes et visant l'instauration d'«un émirat islamique dans le Sud tunisien» qui avoisinerait «l'Emirat de la Libye». Le tout dans le cadre d'un scénario catastrophique machiavéliquement monté par Ansar Echaria, avec le soutien aveugle de l'inévitable Daech, à savoir l'islamisation définitive de tous les pays du Maghreb arabe.