L'événement madrilène, qui s'est tenu du 28 janvier au 1er février 2015, fait partie des grands rendez-vous de l'industrie touristique mondiale. De ce fait, Fitur offre une occasion propice à l'Office national du tourisme tunisien pour dévoiler la riposte qu'il envisage face aux baisses successives que connaît le marché espagnol. Ce marché sera-t-il déclaré prioritaire après dix ans de crise ? Au vu de sa contre-performance (-82% au terme de l'année 2011), le marché espagnol nécessite un effort de développement particulier. En effet, après avoir caracolé pendant plusieurs années à la huitième place, le marché, qui affichait un taux de croissance à deux chiffres, a grimpé à la sixième place (2005), et s'est positionné après la France, l'Allemagne, l'Italie, l'Angleterre et la Belgique qu'il a même risqué de détrôner s'il avait continué à évoluer à la même cadence. En effet, avec 147.000 clients en 2006, il passera à 127.000 clients en 2008 et à 62.000 en 2010 pour piquer carrément du nez en 2011 et chuter à 11.000 clients, soit une baisse de plus de 80% par rapport à 2004. Pourtant, le marché espagnol s'érigeait comme un marché à fort potentiel de développement et c'est le sud tunisien qui en profitait le plus. Certes, avec de tels scores, nous étions déjà loin des performances du Maroc, qui profite de sa proximité avec cette destination pour enregistrer plus de 310.000 clients mais nous étions au moins en lice avec l'Egypte (155.000 clients), la Grèce (146.000 clients) et avions même pu dépasser la Turquie qui n'en était qu'à 115.000 clients. Hélas, aujourd'hui, le marché espagnol est un marché en berne avec à peine quelques dizaines de milliers de clients ! Pourtant, les patrons des plus importants TO programmant la Tunisie, en l'occurrence T.O Travel plan, Ibérojet, Marsans et Royal Vacanciers avaient fait état des perspectives prometteuses sur la destination Tunisie et se sont félicités des encouragements de l'administration tunisienne pour aller de l'avant et développer davantage leurs activités en Tunisie. En effet, les responsables des tour-opérateurs espagnols qui ont salué les nouvelles orientations de développement du tourisme tunisien, notamment l'enrichissement de l'offre et de la démarche qualité entamée ont manifesté leur engagement à l'égard de la destination Tunisie qui demeure une destination de choix pour les touristes espagnols, selon ces professionnels. En effet, avec l'arrivée de Marsens sur le marché, un grand tour opérateur qui a un circuit de distribution très important et une politique commerciale très agressive et grâce à sa récente acquisition de Mundi Color, on aspirait atteindre les 155.000 clients. Certes, avec Marsens on tablait sur une augmentation de 10 à 15%, si certaines conditions conjoncturelles et intrinsèques au marché sont réunies. Hélas, le marché a subi de plein fouet cette baisse vertigineuse pour plusieurs raisons. Tâter le pouls Et comme Fitur Madrid est non seulement une occasion pour tâter le pouls de l'industrie du voyage, mais aussi pour découvrir les nouvelles tendances et refaire connaissance avec le marché espagnol, la Tunisie, qui a participé à cette 35e édition, a sorti la grande artillerie en implantant un stand imposant de 150 m2, se caractérisant par une conception moderne et contemporaine avec une décoration inspirée du patrimoine traditionnel. Le stand tunisien se situait dans le pavillon 6 regroupant l'Afrique et le Moyen-Orient et était réparti en 6 modules représentant les différentes régions de la Tunisie avec un module réservé à Tunisair. D'ailleurs, le stand de la Tunisie, qui a été honoré d'accueillir leurs Altesses royales Felipe VI, Roi d'Espagne et son épouse, et ce, dans le cadre de l'inauguration du salon, a été gratifié en recevant le prix du meilleur stand par les organisateurs du salon. Dans le même sillage, la 35e édition du salon Fitur a connu une présence remarquable des professionnels tunisiens du secteur, soit plus d'une cinquantaine, contrairement aux précédentes éditions dans lesquelles ils se sont rendus en nombre relativement réduit par rapport aux pays concurrents. Conscient de la taille de ce salon, l'Ontt savait qu'il y avait beaucoup à gagner à mener des campagnes de promotion de grande envergure en Espagne qui reçoit plus de 50 millions de visiteurs, car cela permettrait non seulement de toucher la population ibérique, mais aussi et surtout ces millions de touristes qui s'y rendent. C'est d'ailleurs dans ce cadre que des rencontres avec des TO portugais et brésiliens ont été organisés. A cet effet, la directrice générale de l'Ontt, Mme Wahida Jaiet, s'est rendue à la tête d'une forte délégation dont ont fait partie M. Mohamed Ali Toumi, président de la Ftav, et Mme Saloua Sghaïer, PDG de Tunisair. Elle a rencontré au cours de ce salon les patrons des plus importants TO programmant la Tunisie, en l'occurrence de M. Emilio Rivas, directeur général du TO Travelplan (Groupe Globalia), qui demeure le premier TO à opérer sur le marché tunisien et qui a réussi à drainer dans notre pays 9.000 clients en 2014 ou encore M. Gabriel Subias, P.DG du TO Quelonea. Les TO qui ont fait état des perspectives prometteuses pour l'année 2015 sur la destination Tunisie se sont félicités des encouragements pour aller de l'avant et développer davantage leurs activités en Tunisie. Il n'empêche, ils ont abordé avec clarté les problématiques entravant le développement de la destination, à savoir le problème d'image (les Espagnols associent l'image de la Tunisie à celle de la Libye, étant donné la proximité des deux pays), les problèmes conjoncturels et structurels au niveau de l'industrie du tour operating en Espagne ainsi que l'insuffisance de communication sur la destination. En ce qui concerne le marché portugais, une réunion a été tenue avec M. Mohamed Foued, directeur général du TO Traveler's, et M. Alvaro, directeur général du TO Viajar. Ce marché est encore sous-exploité et peut être mieux développé ont conclu les responsables. Sur le même plan, une rencontre a eu lieu avec les dirigeants du 1er TO brésilien CVC ainsi qu'avec M. Jose Manuel Ferraz, directeur du TO Abreu. La rencontre a porté sur l'étude de l'opportunité de pénétrer le marché brésilien à fort potentiel et d'une valeur ajoutée sûre. La Tunisie pourrait être desservie dans le cadre d'un produit combiné soit en passant par l'Espagne ou par le Portugal. Dans le même sillage, une conférence de presse a été organisée en présence d'une soixantaine de journalistes espagnols et à laquelle ont assisté le président de la Ftav, la PDG de Tunisair et un représentant de l'ambassade de Tunisie en Espagne. Au cours de cette conférence, la DG de l'Ontt a mis l'accent sur l'amélioration de la situation en Tunisie et l'évolution des indicateurs de stabilité, et ce, après avoir réussi la transition démocratique. A cet égard, elle a présenté les grands axes de la vision 3+1 et a évoqué l'ouverture possible de nouvelles lignes avec l'Espagne, se basant sur les perspectives de croissance du marché espagnol d'ici la fin 2015 qui promettent 25 à 30 % selon les TO avec lesquels elle a eu des entretiens. Toutefois, étant donné la similitude de ces trois marchés, il y a lieu de mener une grande offensive qui relève de la haute voltige évènementielle. Car, pour anticiper une belle sortie du tunnel, il faudrait saisir toutes les propositions en pareille rencontre, pour préconiser à une situation exceptionnelle, des mesures d'exception qui viendraient au secours des professionnels. Habla Español ? L'espagnol serait la troisième langue la plus parlée dans le monde (ou la deuxième, les classements varient légèrement d'une source à l'autre). Si nous améliorons notre capacité à accueillir les visiteurs en espagnol, peut-être y aurait-il lieu de promouvoir davantage notre destination comme une destination où les hispanophones peuvent communiquer dans leur propre langue? Nous pourrions également faciliter leur adaptation en répondant mieux à leurs habitudes de vie. Les Espagnols prennent leurs repas tard; le déjeuner vers 14 ou 15 heures et le dîner vers 22 ou même 23 heures, ce qui détonne grandement avec les habitudes des hôteliers tunisiens. Il y a certainement un compromis à faire! En matière d'hébergement, les Espagnols souhaitent une salle de bain privée ainsi qu'une propreté exemplaire. En Espagne, tous les établissements ont un cahier de plaintes (hoja de reclamaciones) mis de l'avant auprès des clients qui ont l'habitude de s'en servir au besoin. Ils n'hésiteront donc pas à formuler leurs commentaires négatifs. Il importe donc d'y répondre promptement et avec courtoisie. Qui sont les touristes espagnols ? Sans être les plus grands voyageurs d'Europe, les Espagnols, au nombre de 50 millions, ont plus tendance à voyager depuis quelques années. PhoCusWright les classe 12e dans le monde et 6e en Europe en matière de dépenses touristiques à l'étranger. Le nombre de départs à l'extérieur du pays était de 11 millions en 2007. Parmi la population, le nombre d'Espagnols voyageant à l'étranger a augmenté de 40% depuis 1999, un taux de croissance beaucoup plus élevé que dans la plupart des autres pays européens. Une économie en croissance pendant 11 ans — jusqu'à la crise —, la prolifération des compagnies aériennes low cost ainsi qu'un assouplissement de la période imposée de prise de vacances ont contribué à développer le tourisme expéditif. En effet, quoique la plupart des Espagnols prennent leurs vacances à dates fixes, ils voyagent de plus en plus à d'autres moments de l'année. Les voyages demeurent concentrés en juillet, en août, en décembre et à Pâques. L'Europe et l'Afrique du Nord sont leurs premières destinations, d'ailleurs grandement favorisées par l'omniprésence des low cost en Espagne. De l'ensemble des départs à l'étranger, 88% étaient des voyages d'agrément. Bien sûr, les voyages de courte durée sont importants et en croissance, mais ceux de plus de 7 jours augmentent également.