Ouvrir des crèches contrôlées et homologuées pour les catégories aux revenus modestes, afin de mettre un frein à l'expansion des espaces illégaux La série noire des morts de nourrissons survenues dans des crèches illégales se poursuit. Un drame est survenu, lundi dernier, dans une crèche clandestine à Sakiet Ezzit dans le gouvernorat de Sfax. Deux nourrissons, une petite fille et un petit garçon, âgés de trois mois ont trouvé la mort à une heure d'intervalle dans des conditions suspectes. La responsable de la crèche a été immédiatement arrêtée et mise en garde à vue en attendant les résultats de l'enquête. En se rendant sur place, la ministre des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance et le directeur du commissariat régional relevant du ministère ont pu relever plusieurs irrégularités. Depuis de nombreuses années, la directrice recevait tous les jours une vingtaine d'enfants dans un espace ne répondant ni aux normes de sécurité ni à celles d'hygiène. Propriétaire ou locataire, elle a exploité l'espace sans obtenir d'autorisation, ni se conformer au cahier des charges, s'occupant de bébés âgés de trois mois à deux ans sans se préoccuper ni de leur hygiène corporelle et alimentaire ni de leur sécurité. L'irréparable s'est finalement produit. Les deux nourrissons ont été retrouvés inanimés, morts probablement par étouffement. «Nous ne pouvons pas connaître les causes exactes de la mort de ces nourrissons tant que l'autopsie est en cours. Tous les produits alimentaires trouvés dans cet espace ont été saisis pour être soumis à des analyses. Nous avons trouvé, par ailleurs, une bouteille de gaz dans une des pièces», a affirmé un responsable du ministère. Ce nouveau drame soulève, encore une fois, le problème des crèches illégales. Ces espaces clandestins, qui ont ouvert leurs portes dans des zones et des cités populaires, offrent leurs services à des coûts bien moins élevés que les crèches légales et ciblent les parents dont les revenus sont modestes et qui n'ont pas les moyens d'inscrire leurs enfants dans des crèches homologuées. Bien que le ministère des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées ait déclaré, depuis longtemps, la guerre à ces espaces, mettant en place des commissions régionales chargées de débusquer ces espaces et d'émettre, à leur encontre, des décisions de fermeture, celles-ci n'ont pas été appliquées et plusieurs crèches clandestines poursuivent leur activité illégale. Lors de sa visite au gouvernorat de Sfax, Samira Merai Friâa, nouvelle ministre des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance a découvert que la commission régionale de Sfax était inactive et qu'elle n'avait procédé a aucune visite sur le terrain pour débusquer les crèches clandestines, ce qui explique le fait que le commissariat régional ne dispose d'aucune statistique sur le nombre de crèches illégales en activité dans le gouvernorat. «Il faut réactiver les commissions qui ne sont pas opérationnelles, a observé Donia Bachali Mahmoud, membre de la chambre nationale de crèches et des jardins d'enfants. Citons l'exemple de Nabeul, la commission régionale chargée du suivi et du contrôle des crèches est active. Elle effectue des visites sur le terrain et émet des décisions de fermeture à l'encontre des crèches et des jardins d'enfants qui ne sont pas homologués. Sauf qu'aucun ordre n'a été donné pour appliquer ces décisions de fermeture qui sont restées en suspens pour la plupart d'entre elles. Le rôle des parents est important également. Lorsqu'ils inscrivent leurs enfants dans un espace, ils doivent demander à voir l'autorisation et le cahier des charges et s'assurer que cette crèche ou ce jardin d'enfants est autorisé à exercer son activité». Outre la fermeture des crèches clandestines, le ministère des Affaires de la femme, de la famille et de l'enfance prévoit comme solution dans sa prochaine stratégie d'ouvrir des crèches contrôlées et homologuées pour les catégories aux revenus modestes, afin de mettre un frein à l'expansion des espaces illégaux.