La crise libyenne et ses retombées sur la situation sécuritaire en Tunisie, l'intervention étrangère armée sur le territoire libyen, un dossier "chaud" qui suscite polémique et divergences dans les positions. La Libye, est en état de guerre, un pays sans Etat, avec des actes perpétrés de terrorisme adoptés par la brigade Daech, des tentations du djihad, des conflits civils, des crimes...La Tunisie n'est pas du reste puisqu'elle est touchée directement et menacée par cette crise calamiteuse. Néanmoins, sa position est dans la neutralité. Selon Taieb Baccouche, ministre des Affaires étrangères, invité hier dans l'émission "chokran Alaa Al Houdhour" sur Al Watania 1, " La Tunisie est contre toute intervention étrangère sur le territoire libyen. La demande de l'Egypte pour une éventuelle intervention est compréhensible puisque 10% du peuple égyptien (des chrétiens) ont été ciblés. La riposte de l'Egypte est concevable, mais l'intervention militaire n'exprime pas forcément notre consentement". Selon les propos du ministre, l'intervention militaire étrangère sur le territoire libyen n'a aucune issue, bien au contraire, elle ne peut qu'embrouiller la situation. Même si le Conseil de sécurité décide une intervention militaire, " Nous serons contre cette position. C'est une question de principe. La Tunisie préconise une solution politique, diplomatique. Elle est prête à coopérer avec toutes les parties en Libye. Nous soutiendrons le dialogue et le principe de consensus dans ce pays voisin". Taieb Baccouche est revenu sur l'acheminement des armes en Libye du temps de Béji Caïd Essebsi en 2011, affirmant que le gouvernement a facilité l'armement des révolutionnaires pour s'attaquer à la dictature de Kaddafi qui a voulu intervenir pour réinstaller Ben Ali. D'un autre côté, le ministre a dû préciser que le gouvernement de la Troïka a facilité l'infiltration des terroristes dans le territoire tunisien ainsi que l'introduction des armes, en l'absence de représentants diplomatiques. "Il y avait un vide et il faut le combler. Pour cela, le ministère vient de nommer deux consuls généraux à Tripoli et Benghazi auprès des deux gouvernements libyennes de l'Ouest et de l'Est". Revenant sur les propos et les déclarations dans les médias qu'il qualifie de graves de l'ancien ambassadeur de Tunisie en Libye Ridha Boukadi, le ministre a annoncé qu'une enquête sérieuse sera ouverte pour déterminer les responsabilités. D'autres ambassadeurs Tunisiens dans les pays arabes seront entendus également. Concernant la protection des deux postes frontaliers Ras Jedir, dominés par Fajr Libya du côté de la Libye, Taieb Baccouche a souligné que la responsabilité de cette tâche revient au gouvernement tunisien, aux forces de l'ordre et à l'institution militaire. Et d'ajouter, " laisser un vide diplomatique ne permet pas de fournir les informations et les renseignements nécessaires qui nous aident dans la résolution de plusieurs affaires comme celle des deux journalistes Sofiène Chourabi et Nadhir Ktari et du diplomate tunisien. Il faut une représentation diplomatique qui assurera le dialogue avec les différentes parties libyennes ( les deux gouvernements en conflit), pour qu'on puisse avancer dans cette affaire. Il faut également nouer des relations et établir des contacts permanents avec les réseaux étrangers, européens ( France, Italie) et arabes ( Egypte), qui ont une expérience dans la collecte des renseignements et des informations. »