«Pour l'heure, il n'est nullement question d'une intervention de l'armée égyptienne en Libye» Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Samah Chokri, a indiqué que son pays était conscient « du fardeau supporté par la Tunisie du fait de la situation grave et tendue en Libye» et qui «lui commandent de prendre très au sérieux la situation ». «Nous ne voulons influer de quelque manière que ce soit sur la sécurité nationale tunisienne », a-t-il ajouté en substance. S'exprimant hier lors d'une conférence de presse à l'issue d'un entretien avec le chef du gouvernement Mehdi Jomaâ au Palais du gouvernement à La Kasbah, le chef de la diplomatie égyptienne a fait part des remerciements et de la gratitude du président Abdelfattah Sissi au gouvernement tunisien pour la prise en charge des Egyptiens bloqués à la frontière tuniso-libyenne. Sur les 5 à 10.000 Egyptiens bloqués à la frontière, près de 2.500 ont déjà été rapatriés, a-t-il indiqué, expliquant que cette opération avait rencontré des difficultés au cours de la période écoulée, dont certaines d'ordre logistique et d'autres liées aux conditions sécuritaires du côté libyen du terminal frontalier, en plus des problèmes inhérents à la capacité des avions (nombre de passagers). Il a précisé à ce propos que les parties tunisienne et libyenne sont à la recherche de solutions alternatives pour l'acheminement des voyageurs égyptiens comme l'éventualité de l'évacuation par voie maritime de ceux d'entre eux confrontés à des difficultés de subsistance à la frontière. L'opération de rapatriement exige une forte coopération et coordination avec les organes tunisiens, a encore souligné le ministre égyptien des Affaires étrangères, marquant son appréciation des consignes données par le chef du gouvernement à toutes les structures concernées afin de faciliter le rapatriement des Egyptiens bloqués à la frontière libyenne dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible. Selon lui, l'entrevue a été également l'occasion de se concerter sur un certain nombre de questions bilatérales et régionales d'intérêt commun, avec surtout la réaffirmation de la volonté commune de développer les relations bilatérales, dans l'intérêt des deux peuples frères. A une question au sujet de certaines tentatives visant à provoquer la discorde entre la Tunisie et l'Egypte, le chef de la diplomatie égyptienne s'est dit confiant en «la profondeur de la relation entre les deux pays» et a écarté tout risque de voir aboutir « la moindre tentative de porter ombrage à cette relation ou de semer la discorde entre les deux peuples frères ». Dans un tout autre registre, Sameh Chokri a démenti les informations faisant état de préparatifs en cours pour une intervention militaire algéro-égyptienne pour faire face aux groupes armés en Libye, affirmant en même temps le soutien de son pays à l'option du dialogue politique. Il a déclaré en substance à ce sujet: «Pour l'heure, il n'est nullement question d'une intervention de quelque nature que ce soit de l'armée égyptienne en territoire libyen, car sa mission première consiste à protéger la sécurité et la stabilité de l'Egypte ». La sécurité de la Tunisie indissociable de la celle de l'Egypte Le ministre égyptien des Affaires étrangères a qualifié la réunion de l'Assemblée nationale libyenne d'«avancée » et de « signe annonciateur du retour des institutions avec qui traiter pour que la Libye recouvre sa stabilité ». Il a cependant fait état d'une coopération et d'une coordination sécuritaires entre les pays limitrophes de la Libye, dont la Tunisie, l'Algérie et le Niger, rappelant la mise en place d'un comité sécuritaire africain pour faire front à tous les éventuels défis en rapport avec la situation tendue en Libye. S'agissant de la situation à Gaza, le ministre égyptien a fait état de contacts permanents avec l'autorité nationale palestinienne, citant les nombreuses visites de délégations palestiniennes au Caire, dans le cadre de la recherche de solutions à la crise dans la bande de Gaza. L'initiative égyptienne en faveur du règlement de la situation à Gaza présuppose un cessez-le-feu des deux côtés, a-t-il dit, avant d'ajouter: «L'Egypte tient à persuader les deux belligérants de la nécessité de parvenir à une solution à cette crise, qui conduirait à la réouverture des points de passage, à l'entrée des besoins humanitaires et à la cessation de l'effusion de sang dans le territoire ». Le ministre a formé l'espoir de voir les parties palestinienne et israélienne reprendre les pourparlers de paix afin de mettre fin au conflit et d'assurer l'avènement de l'Etat palestinien indépendant. S'exprimant au cours de la même conférence de presse, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Fayçal Gouia, a rapporté que le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, avait réitéré, lors de son entretien avec le ministre égyptien des Affaires étrangères, l'engagement de la Tunisie à fournir toutes les facilités pour le transit des Egyptiens bloqués à la frontière, soulignant en même temps la nécessité de protéger la sécurité de la Tunisie, «indissociable de la sécurité de l'Egypte », selon ses termes. «Il faut qu'il y ait des garanties pour s'assurer que l'opération de rapatriement se déroule d'une manière fluide, et surtout sans risque d'infiltration du terrorisme et de contrebande », a-t-il ajouté. Selon Gouia, les deux parties ont convenu de la nécessité d'intensifier l'échange de renseignements et d'expertise pour la protection des territoires tunisien et égyptien contre les risques d'infiltration de terroristes. Le chef de la diplomatie égyptienne s'est aussitôt après rendu à Djerba pour assister à la mise en place de rotations aériennes pour le rapatriement des ressortissants égyptiens. Il devait se déplacer ensuite à Ras Jedir pour s'enquérir de la situation de ses compatriotes bloqués à la frontière.