Renouvellement de la flotte pour de nouvelles conquêtes à partir de l'Afrique vers la Chine en passant par l'Amérique du Nord Une des entreprises publiques jugées en difficulté ayant failli être mise aux enchères, Tunisair, transporteur officiel du pays, semble aujourd'hui, quatre ans après la révolution, prendre des ailes. Malgré sa crise de gestion, la compagnie, avec toutes ses filiales, a tendance à s'envoler plus loin, misant, ainsi, sur ses nouvelles capacités de décollage. La PDG, Mme Saloua Essghaier, a tenu, hier au siège de Tunisair, une conférence de presse. La responsable est revenue sur l'état des lieux, sur l'évolution des indicateurs de développement, à l'aune de la conjoncture économique et politique que traverse le pays. La compagnie, paraît-il, commence à entamer une véritable reprise, avec pour socle un plan de restructuration d'ordre financier, social et organisationnel. Un plan qui s'est engagé, dans la douleur, sur les ruines d'un système de gestion déficitaire dont les séquelles cumulées, sous l'effet de la corruption administrative, demeurent, jusque-là, la partie visible de l'iceberg. Et les chiffres sont encore là, révélateurs d'un triste constat financier. Ainsi, statistiques à l'appui, Tunisair a enregistré en 2013 des pertes estimées à 205 millions de dinars contre un déficit prévu initialement de quelque 52 MD, en raison du report à 2014 de la prise en charge par l'Etat des dettes contractées envers l'Oaca (Office de l'aviation civile et des aéroports). Ce qui impactera positivement les résultats de l'exercice 2014, marqué, en dépit de la baisse du trafic, par une nette amélioration productive, telle que l'a fait remarquer la responsable. Redressement oblige Tout compte fait et dans le prolongement de l'action de sauvetage qui a été entreprise, il y a deux ans, Tunisair s'est lancée, de nouveau, dans un plan de restructuration global. Son volet social repose sur un programme de redressement de l'entreprise résultant des négociations tripartites engagées depuis juin dernier avec ses partenaires sociaux, sous les auspices du ministère du Transport. L'accord signé porte, ainsi, sur le départ volontaire de 1.700 personnes dans deux ans, afin d'alléger le fardeau de gestion et de dépenses de la compagnie. Rappelons à ce titre que l'Etat tunisien a accepté de financer une partie des indemnités de départ qui seront servies à hauteur de 52 MD, le montant restant sera puisé dans le fonds social de l'entreprise. Or, cette opération d'assainissement ne semble pas plaire à tout le monde. C'est que, à ce jour, plus de 900 demandes ont été reçues sur 700 dossiers reconnus éligibles, ayant répondu aux principaux critères définis. Soit une ancienneté d'au moins 10 ans et un âge minimum de 45 ans. Un tel choix d'assainissement demeure, selon la PDG, plus qu'impératif, au vu des nouvelles exigences dictées par les soubresauts politiques et économiques, mais aussi imposées par les grands enjeux de l'Open Sky. De nouveaux gros porteurs vers de nouveaux marchés Faire de nos aéroports un hub international commande à Tunisair d'adopter une nouvelle stratégie commerciale pour l'année en cours. L'essentiel, d'après Saloua Essghaier, est de repartir du bon pied vers la conquête de nouveaux marchés qualifiés de porteurs. Cap mis, en effet, sur le trafic de 6e liberté. Cela n'est possible, à ses dires, qu'avec un plan du renouvellement de la flotte, censé donner à ce transporteur national un vrai coup d'accélérateur. D'ici juin prochain, deux nouveaux appareils long courriers Airbus A 330 vont renforcer la flotte actuelle, permettant à Tunisair d'amorcer «un virage qualitatif dans la nature des services offerts et des possibilités de correspondances sur la plateforme de Tunis-Carthage». Parallèlement, cette destination Tunisie privilégiée se verra ainsi doublée de nouvelles dessertes sur l'Afrique (Accra, Niamey, Douala...), mais également sur l'Amérique du Nord. Et ce n'est pas tout, l'acquisition de cinq autres nouveaux gros porteurs à l'horizon 2016-2017 de type Airbus 320 et 330 est de nature à ouvrir, devant la société de nouvelles perspectives de navigation, avec plus de rentabilité commerciale. L'inauguration d'une ligne sur Montréal est en point de mire. De même que la Chine est un marché prometteur que Tunisair compte investir d'ici 2017, où la flotte sera prête à donner une valeur ajoutée en termes de disponibilité et de qualité. Somme toute, le trafic prévisionnel table sur une augmentation du nombre de passagers allant de 8 à 9,7 %, pouvant, ainsi, atteindre près de 4 millions de voyageurs à la fin de cette année. Sans pour autant perdre de vue les facteurs exogènes, à savoir notamment le marché du cours du dollar qui régit essentiellement l'achat du carburant et le recours aux emprunts.