Le mal est beaucoup plus profond qu'un supposé conflit entre joueurs et responsables, entre un président et ses membres. Il touche aux racines d'un club qui n'a ni projet ni argent, encore moins des ambitions... Quelles que soient les périodes, on a toujours vu de bonnes comme de mauvaises équipes stadistes. Sauf qu'aujourd'hui et au-delà des résultats sportifs, on a l'impression que dans le nouveau contexte, le club a plus de mal à trouver sa place et que sa protection n'est plus assurée. On voit parfois des choses étonnantes et on s'interroge. Quel avenir pour un club qui n'arrive même pas à subvenir à ses besoins quotidiens ? Le Stade aurait ainsi perdu une partie de son âme et beaucoup de sa vocation... Les joueurs, au rendement jusque-là irréprochable, sont soumis au bon vouloir des dirigeants et le combat est souvent rude. Finalement, la grève a été décrétée avant-hier pour protester contre l'absence de salaires(trois mois) et de la prime de rendement(cinq mois). Le staff technique vit le même calvaire et l'entraîneur en chef, Lassaâd Dridi, n'a pas été payé depuis cinq mois. En même temps, on se plaint de ne pas pouvoir se préparer pour les matches dans les meilleures conditions. Il faut dire que l'ambiance actuelle n'est propice à personne. Les joueurs râlent, les responsables brillent par leur incapacité de réagir et par leur absence quasi totale. Les affrontements deviennent de plus en plus courants. Faute de solutions, il n'y a pas d'objectif commun. C'est un cercle vicieux dans lequel tout le monde se retrouve tenaillé. Pourtant, et même en l'absence de moyens, avec du dialogue, du respect et du bon sens, on aurait pu ne pas en arriver là. Faut-il s'habituer à jeter la pierre aux responsables? Poser une pareille question, c'est déjà y apporter la réponse. A croire que les dirigeants stadistes se complaisent si souvent dans la marge et dans l'excès et qu'ils abhorrent l'ordinaire. A vrai dire, ils ne font que profiter d'un système et d'un environnement qui ne leur appartiennent pas et dans lesquels ils n'ont pas visiblement de légitimité. Le nivellement des valeurs est manifeste. Ce sont presque les mêmes personnes aux commandes. L'incompétence pèse d'un poids considérable, presque autant que l'absence de moyens économiques et financiers. Ça tourne au flop... On ne cessera jamais de le répéter : c'est souvent la même histoire avec la nouvelle vague des dirigeants stadistes. Ils suscitent l'espoir un jour, puis s'écroulent le lendemain, piteusement, pathétiquement. Des hommes qui, au fond, se ressemblent. Qui ont conscience du privilège, mais pas vraiment du mérite... Le problème est bien là: au Stade, les responsables peinent à assumer leur rôle. Ou du moins, ils n'en ont point l'aptitude. Certains ont trop à faire avec leurs propres défaillances pour s'occuper de la gestion quotidienne du club. Evidemment, personne n'est exempt de reproches et les responsabilités sont multiples à tous les niveaux de la direction administrative. Il serait aisé de se focaliser sur un président contesté ici et là et prenant des décisions incompréhensibles et souvent à contretemps. Il faudrait verser une larme sur la gestion humaine et administrative d'un club qui a, une nouvelle fois, plongé dans le vide. On ne sait pas ce qu'il convient d'imaginer pour une administration dont les bases fondatrices sont sapées depuis plusieurs années. Crise de gouvernance, crise d'identité, le ST cumule les ennuis. Tout cela dépasse largement le débat autour du club. Le mal est beaucoup plus profond qu'un supposé conflit entre joueurs et responsables, entre un président et ses membres. Il touche aux racines d'un club qui n'a ni projet ni argent, encore moins d'ambitions. Mais au moment où le ST doute de ses dirigeants, de ses valeurs et de son identité, les joueurs, et surtout l'effectif actuel, peuvent devenir un tonus décisif et salutaire. On est toujours convaincu que les bons joueurs sont là, que les talents existent, mais cherche-t-on vraiment à ce qu'ils s'expriment pleinement? Avec une palette plus large, ils sont réellement capables de dérouler un football multiforme, à géométrie variable. Au fait, le Stade n'a pas seulement besoin d'exister, mais aussi et surtout de savoir évoluer.