Nécessité d'améliorer les conditions de formation La Médina de Tunis se caractérise par un tissu urbain unique ayant de fortes spécificités architecturales et socio-culturelles ainsi qu'une longue tradition de production artisanale. La Médina est réglementée aujourd'hui par un système de gestion urbaine basée sur un zonage élaboré à partir de ses caractéristiques morphologiques. Elle abrite les trois fonctions notamment résidentielle, économique et administrative. Toutefois, la majorité des édifices bénéficiant du statut de classement «monument historique» dans la Ville de Tunis se trouvent dans la Médina centrale. Parmi ces édifices, trois Médersas actuellement utilisées en tant que centres de formation aux métiers de l'artisanat Dans le cadre du projet Medneta ( 2014-2015) (réseau culturel méditerranéen pour la promotion de la créativité dans les Arts, l'artisanat et le design pour la régénération urbaine dans les centres historiques), l'ASM (Association de sauvegarde de La Médina) est appelée à planifier et à réaliser quatre interventions dans la Médina de Tunis qui devront avoir lieu dans des monuments publics abritant des activités liées aux industries créatives. Notons que l'objectif essentiel de Medneta est de consolider le dialogue culturel entre les pays du Bassin méditerranéen et de renforcer la coopération entre les différentes parties concernées afin de promouvoir la création artistique et artisanale dans les centres historiques notamment la Médina de Tunis, pour le cas de la Tunisie. Le budget prévu étant réduit, l'ASM a proposé de mener ces travaux dans un même monument afin d'en augmenter l'efficacité. Une dizaine d'édifices historiques situés dans la Médina et appartenant actuellement à l'Etat tunisien ou à la Municipalité de Tunis ont été étudiés en vue de choisir un monument apte à recevoir un projet pilote. Les monuments étudiés sont concernés par les industries créatives comme par exemple le Mausolée Sidi Chiha à Halfaouine (Centre national de la calligraphie), le Mausolée Sidi Kacem El Jelizi (Centre national de la céramique d'art), Dar Ben Abdallah (Musée des arts et des traditions populaires). Le choix est tombé sur la Medresa El Bachiya. Cette Médersa, située en face de Hammam al Kach-Chachine, fut fondée en 1752 par le souverain Ali Pacha et léguée, en bien inaliénable (habous), aux étudiants de rite hanéfite. Elle comporte treize pièces d'habitation, une mosquée et une importante salle de bibliothèque. L'architecture spécifique se distingue par un décor très riche fait de plâtre et de carreaux en céramique ainsi que par une grande salle de prière, un sabil (couloir), accessible à travers une grande fenêtre donnant sur la façade extérieure. Sa fonction d'origine était l'enseignement, cet édifice a été reconverti en 1992 en centre de formation aux métiers traditionnels. Actuellement, elle abrite le plus dynamique des trois centres de formation aux métiers traditionnels situés dans la Médina. Elle dispense un programme de formation sur trois ans en bijouterie, en habillement traditionnel, en broderie et en cuir. De nombreux problèmes ont été diagnostiqués concernant notamment des installations électriques vétustes, la remontée de l'humidité, la détérioration partielle du revêtement en céramique et du décor en plâtre sculpté ainsi que l'infiltration des eaux pluviales par les toits-terrasses. Vu l'importance de cette Médersa et son rôle dans la formation, des actions urgentes sont à entreprendre notamment l'amélioration des conditions de travail des étudiants et des enseignants, prendre conscience de l'importance des formations aux métiers de l'artisanat disponibles en Médina, ainsi que de la présence séculière de l'artisanat dans la Médina auprès des décideurs, des visiteurs et des résidents.