Par M'hamed JAIBI L'annonce faite aux médias de la démission de deux députés nidaïstes (Walid Jallad et Mustapha Ben Ahmed) de leur groupe parlementaire, à cause du report de l'élection du «bureau politique» qui devait permettre de centraliser enfin la décision au sein de Nida Tounès, vient donner la mesure de l'extrême gravité de la crise qui frappe le parti présidentiel. Baccouche n'a pas signé Mais ce n'est pas tout. Selon le webjournal de Noureddine Ben Ticha, un événement administratif survenu samedi 7 mars, aurait compliqué la donne, c'est l'absence de la signature de Taïeb Baccouche (le secrétaire général du parti) au bas du document devant officialiser la cooptation au sein du Comité constitutif de Nida Tounès, de trois personnalités suggérées par le président Caîd Essebsi lui-même, lors de la dernière réunion du CC qu'il avait présidée, juste avant de signifier sa démission de la présidence du parti : Mohamed Ennaceur, Fadhel Ben Omrane et Hafedh Caïd Essebsi. Or, précise le webjournal, «la loi organisant les partis, en son article 2, exige l'accord unanime des membres du comité constitutif pour toute cooptation au sein de la direction officielle d'un parti». Ce qui ramènerait la composition du Comité constitutif à onze membres, et mettrait hors-jeu aussi bien le président du groupe parlementaire que, surtout, le président de l'Assemblée, désormais président par intérim du parti. Une crise à rebondissements La crise avait débuté par des attaques frontales et des accusations graves lancées par le député Khemaïès Ksila contre deux conseillers du président de la République et cofondateurs de Nida Tounès, Rafaâ Ben Achour et Mohsen Marzouk. La fronde s'était ensuite élargie à Abdelaziz Kotti et quatre autres députés, et avait pris un contenu opposé à la participation d'Ennahdha au gouvernement Essid où l'on escomptait voir proposer plusieurs autres portefeuilles à des députés nidaïstes. Le deuxième acte en a sans doute été la visite rendue par Ksila et Kotti à Slim Chiboub, visite dont la signification, forcément politique, échappe à ce jour à l'entendement des observateurs et analystes politiques. L'interview de Hafedh Caïd Essebsi Le troisième grincement aura sans doute été l'interview accordée par Hafedh Caïd Essebsi au quotidien tunisien Echourouk et les bruits ayant suivi, lui attribuant des divergences avec «un autre groupe» au sein du Comité constitutif dont il faisait désormais partie. En parallèle, étaient notées des différences de vues entre le Comite constitutif (fondateurs) et le Bureau exécutif (tous désignés), et entre le parti et son groupe parlementaire. Ce, alors que les structures régionales et locales, qui avaient été parfois marginalisées ou caporalisées, lorsqu'elles n'étaient pas disqualifiées au profit d'équipes de campagne sans vrai historique militant, se jugent mal impliquées et sans positionnement réel, à quelques enjambées des indispensables élections municipales qu'il faudra bien mener. Face à Ennahdha qui reprend l'initiative... La solution à ces tiraillements, et alors qu'Ennahdha reprend l'initiative et récupère le discours modéré rassurant de Nida, a été de voir le Comité constitutif songer à mettre en place un bureau politique de 30 membres, devant centraliser la décision au nom du parti : les 14 du CC, 8 mandatés par le BE et 8 représentant le groupe parlementaire. Ce vote devait intervenir le 1er mars, puis a été reporté au dimanche 8 mars, mais les choses se sont compliquées, au point que des conseillers à la présidence et d'autres figures de prou de Nida Tounès s'en seraient remis «concurrentiellement» à un arbitrage de leur leader historique. Qui aurait refusé toute interférence, étant désormais le président de tous les Tunisiens. Résultat des courses : le report de la constitution du BP et une nouvelle réunion du Comité constitutif mardi. Avec un problème en plus, la signature manquante de Taïeb Baccouche, laquelle déterminera la composition effective du Comité fondateur, le CC, lequel sera appelé à écrire le prochain épisode de la saga du parti au pouvoir. M. J.