WASHINGTON (Reuters) — L'ancien ministre britannique de la Justice, Jack Straw, a été invité à venir témoigner devant une commission parlementaire américaine au sujet de la libération de l'auteur de l'attentat de Lockerbie, a-t-on appris hier d'une source interne au Sénat. La Commission sénatoriale des affaires étrangères se penche sur la décision des autorités écossaises de libérer l'an dernier l'agent libyen Abdel Basset al Megrahi, condamné pour l'attentat de Lockerbie en 1988, lors duquel un appareil de Pan Am avait explosé en vol, tuant 270 personnes dont 189 Américains. Deux responsables écossais, invités à témoigner à Washington, ont refusé. La Commission n'a pas encore reçu de réponse de la part de Jack Straw, qui fut également ministre des Affaires étrangères, a indiqué la source au Sénat, qui souhaitait rester anonyme. L'audience doit avoir lieu le 29 juillet. La libération de Megrahi avait jeté un froid dans les relations entre Washington et Londres. La Commission sénatoriale tente de déterminer si le groupe pétrolier britannique BP, déjà en délicatesse avec le gouvernement américain en raison de la marée noire du Golfe du Mexique, a pesé dans la décision de libérer Megrahi. Le directeur général du groupe, Tony Hayward, et son conseiller Mark Allen ont été également invités à témoigner, mais BP n'a pas dit s'ils répondraient favorablement. Raisons humanitaires L'an dernier, Straw avait déclaré que les échanges commerciaux avec la Libye avaient joué «un rôle très important» dans la décision de Londres d'inclure l'agent libyen dans un accord d'échange de prisonniers entre les deux pays. Il avait également fait observer qu'un contrat pétrolier avait été signé entre BP et Tripoli peu après cet accord. Les autorités autonomes écossaises n'ont toutefois pas relâché Megrahi en vertu de cet accord mais pour des raisons humanitaires liées à un cancer de la prostate supposé en phase terminale. Vendredi dernier, le gouvernement écossais a démenti avoir eu des contacts avec BP avant la décision de libérer Megrahi. L'Ecosse a fait savoir au Sénat américain que son ministre de la Justice Kenny MacAskill et le directeur des services de santé pénitentiaires Andrew Fraser ne se rendraient pas devant la Commission. BP a, de son côté, récemment confirmé avoir encouragé Londres à conclure l'accord d'échange de prisonniers en 2007, de crainte que des retards ne compromettent un accord visé par le groupe pétrolier en Libye. Mais BP a démenti avoir insisté auprès des autorités écossaises, indépendantes en matière de justice, pour qu'elles relâchent l'unique condamné de l'attentat de Lockerbie.