Cette approche méthodique de la communication, au profit du tourisme culturel en milieu saharien, a pour but de rassurer les éventuels bailleurs de fonds en leur donnant des garanties de sérieux Un concours d'affiches dans un cadre universitaire est une occasion d'émulation. Cette initiative des Douz Doc Days (journées du documentaire de Douz) invite les étudiants de l'ESAD (Ecole d'architecture, d'audiovisuel et de design) à sortir de la routine des exercices conventionnels pour s'ouvrir à l'environnement social et culturel dans le cadre de la promotion d'un festival dont la 5° session se déroulera du 12 au 17 octobre 2015, aux portes du Sahara. Ce qui est intéressant dans cette opération de marketing culturel c'est, d'abord, l'avance de huit mois qu'elle prend par rapport à la tenue du festival même. L'effet d'annonce voulu, à travers la présente exposition d'affiches, promet d'autres apparitions sur la scène médiatique, d'ici au rendez-vous d'octobre. Le concours d'affiches n'est donc pas seulement un prétexte publicitaire, c'est le signe d'une volonté de fédérer, à travers la multiplication des partenariats, les différents acteurs potentiels nationaux et régionaux. Cette approche méthodique de la communication, au profit du tourisme culturel en milieu saharien, a surtout pour but de rassurer les éventuels bailleurs de fonds en leur donnant des garanties de sérieux. En effet, l'exposition des affiches produites par les étudiants de l'EASD est d'ores et déjà accompagnée par la publication des grandes lignes du programme du festival. Cela ressemble de plus en plus à du professionnalisme! Cette rigueur nouvelle n'est, en fait, qu'une réponse à la mise en œuvre de la loi qui exonère d'impôts les compagnies privées, si elles soutiennent la culture. Le mécénat des entreprises pourrait, de ce point de vue, induire plus de disciplines et un meilleur sens de la planification parmi les opérateurs culturels indépendants. En tout état de cause, la démarche des Douz Doc Days constitue un exemple de réactivité face à cette conjoncture nouvelle dont les hommes de culture attendent beaucoup. Ne bénéficiant pas des mêmes moyens financiers que Les dunes électroniques ce petit festival a tout de même réussi, en quatre ans, à se faire une notoriété, avec sa compétition nationale, son jury de haut niveau et son grand prix, baptisé, Dromad'or. Il faut dire que l'allitération en D et en Z qui se construit dans l'appellation des Douz Doc Days contient un atout sonore évocateur. Il faut dire, aussi, que le cadre du festival, à la lisière d'une palmeraie, confère toute son originalité à la manifestation, de même que le positionnement aux confins est devenu synonyme d'exploration de quête et de balisage du territoire culturel. S'il perdure, alors que d'autres projets, apparus après le 14 janvier, se sont tout simplement volatilisés, c'est parce que ce festival répond à plusieurs nécessités :celle de la décentralisation culturelle, celle du développement du tourisme saharien dans une région où la crise frappe durement les hôtels, et celle de la liberté d'expression qui trouve à travers le genre documentaire un support de plus en plus accessible. Ayant choisi son ancrage au sud du pays, ce festival, animé par un esprit fondamentalement citoyen, traduit par des actes concrets, et persévérants dans la pertinence de ses objectifs, à savoir la résistance à la standardisation des images par la promotion de films se situant aux antipodes du système dominant. En effet, loin des paillettes et des mondanités, les Douz Doc days, irriguent en profondeur un champ social où les forces d'inertie du désert peuvent parfois ressembler à des freins. Mais le festival se développe de manière sûre, capitalisant une crédibilité méritée auprès des habitants de Douz qui ont fini par l'adopter. Pour Hichem Ben Ammar, lui-même documentariste, qui porte ce projet à bras-le-corps, il s'agit s'impulser une dynamique à plusieurs niveaux et c'est avec l'enthousiasme communicatif qu'on lui connaît qu'il multiplie les contacts pour tisser un réseau fructueux entre les écoles d'audiovisuel, les festivals de cinéma, les associations locales, les institutions culturelles et les producteurs de films, faisant des Douz Doc Days une véritable émanation de la société civile à l'heure de la reconstruction du pays. L'exposition intitulée, Concours d'Affiches des Douz Doc Days qui débute le jeudi 12 mars à la Maison des Arts du Belvédère, n'est autre que l'illustration de cette philosophie. Les étudiants de l'ESAD connaîtront, suite au vote du public, les vainqueurs de ce concours doté de trois prix et dont la meilleure affiche sera imprimée et diffusée en tant que visuel officiel de la prochaine session du festival qui soufflera sa cinquième bougie en octobre 2015.