Décision d'inclure Nabil Karoui dans le comité constitutif Le conseil national convoqué par le « mouvement de rectification » dirigé par Hafedh Caïd Essebsi a bien eu lieu hier à Tunis, malgré l'appel de Mohsen Marzouk invitant les nidaistes à ne pas y assister pour ne pas nuire à l'image du parti et pour préserver son unité, ou du moins des chances de se concerter et de trouver un consensus. Le consensus, si cher au fondateur de Nida Tounès et actuel président de la République, Béji Caïd Essebsi, pour lequel il a défendu la présence d'Ennahdha dans le premier gouvernement de la IIe République et ce, contre le gré de ses électeurs et à leur grande déception. Environ 800 nidaistes auraient participé au conseil national, à l'invitation de Ksila et ses camarades. Ils étaient venus de différentes régions : membres du bloc parlementaire, du bureau exécutif et des coordinations régionales. Un nombre non négligeable quand on sait que ce mouvement s'est formé contre les décisions du comité constitutif, les premiers hommes de BCE qui ont mis les bases du parti au moment où le bateau Tunisie tanguait à droite, malmené par une Troïka inexpérimentée, incomprise, arrogante et désorientée par une opposition féroce, jadis amie. Et le consensus ? Le conseil national a bien eu lieu en vue d'examiner les désaccords, la crise ou tout simplement la guerre des clans qui secoue le parti doublement vainqueur aux dernières élections législatives et présidentielle. Un parti miracle cousu de toutes pièces, un mix de destouriens, de gauchistes et de syndicalistes, qui a surpris les Tunisiens et le monde en arrachant démocratiquement le pouvoir, après la révolution, après seulement deux ans d'existence et sans même avoir eu le temps ni l'opportunité de tenir son congrès constitutif. Le conseil national devait aussi faire des recommandations pour les proposer au président par intérim de Nida. Résultat : il décide d'inclure Nabil Karoui dans le comité constitutif et l'ajout d'un article au règlement intérieur pour en compter finalement 43. Même si celui-ci introduit d'importants changements, au niveau du fonctionnement du parti, fallait-il tout cette cohue, et de surcroît en public, pour arriver à cela ? Sachant que le comité constitutif a prévenu qu'il est l'unique structure légale du parti. Toute décision prise hors de ce comité est donc nulle et non avenue. Pourtant, le président de la République, père de Nida, sollicité par les adhérents du premier parti politique dans le pays, est sorti de son silence, imposé par la Constitution de 27 janvier 2014, pour prodiguer, vendredi dernier, ses conseils aux membres organisateurs du conseil national qui lui ont rendu visite. Ils se résument en une phrase : opter pour le consensus. Cela n'a pas été le cas hier. Nida Tounès a porté haut l'étendard des espérances d'au moins la moitié des Tunisiens. Qu'en reste-t-il ? D'un côté, les dirigeants de ce parti se querellent, s'insultent, lavent leur linge sale en public et donnent l'image d'une formation sans « cœur », sans foi ni avenir. De l'autre, les électeurs de Béji Caïd Essebsi et de Nida Tounès sont déçus et inquiets. Ils ont cru qu'un changement était possible, dans le bon sens, avec un disciple de Bourguiba et un parti ouvert à toutes les sensibilités. Or le chemin semble encore long, les obstacles nombreux et la sortie du tunnel pas pour demain. L'apprentissage de la démocratie par nos politiciens va durer encore quelque temps, semble-t-il, et les Tunisiens ne vont pas sortir de sitôt de l'auberge.