«C'est une guerre qui nous a été imposée. La victoire est à notre portée à condition que tout le monde s'y mette», s'accordent à souligner politiciens et acteurs de la société civile Quand Béji Caïd Essebsi, président de la République, décide d'accorder une interview en direct du musée du Bardo à Europe 1, iTélé et au journal Le Monde, la symbolique recherchée est claire : «Les Tunisiens restent debout face aux terroristes. Et c'est bien à partir de ce lieu de mémoire, d'histoire et de civilisation visé par les semeurs de mort que partira la guerre des Tunisiens et Tunisiennes contre le terrorisme». Cette guerre, les Tunisiens vont la mener dans une atmosphère d'unité nationale, enfin retrouvée. Tout simplement parce qu'ils savent, aujourd'hui, qu'il est temps d'arrêter les dissensions, les discours savants sur les meilleures stratégies à emprunter aux autres pour réussir la transition démocratique. Habib Essid, chef du gouvernement, l'a martelé, à plusieurs reprises, le jour même où les terroristes ont frappé au musée du Bardo. Le vendredi 20 mars, Béji Caïd Essebsi a montré dans son discours de célébration du 59e anniversaire de l'indépendance la voie à emprunter pour remporter «cette guerre que nous avons été obligés de déclarer à ces terroristes à éradiquer totalement. Et cette voie passe inexonérablement par l'instauration d'une véritable réconciliation nationale, une réconciliation qui n'exclut personne mais qui préserve aussi le droit des victimes de la dictature et de la torture à la reconnaissance de la nation et qui assure également la sanction des coupables dont la compromission sera avérée».Et le discours de Caïd Essebsi de résonner juste auprès des forces politiques nationales qui sont déterminées à regarder sérieusement vers l'avenir. A la tête de ces forces, le parti islamiste Ennahdha qui tenait, samedi et dimanche derniers, une session de son conseil de la Choura. Les informations ayant filtré de ces assises montrent que Rached Ghannouchi a réussi à faire le ménage au sein de son parti et même les visages nahdhaouis les plus durs ont, semble-t-il, révisé leurs positions et décidé d'adopter le discours de la mobilisation générale derrière le gouvernement auquel leur parti participe pour combattre les terroristes et arrêter de professer aux Tunisiens ce discours selon lequel il existe plusieurs salafistes et qu'il faudrait sélectionner ceux qu'il faut extirper, d'une part, et dialoguer, d'autre part, avec ceux qui peuvent être récupérés. Le Dialogue national, de retour En attendant que le ministère de l'Intérieur finisse son opération d'assainissement décidée à la suite de l'attentat du musée du Bardo (quatre hauts responsables sécuritaires ont été remerciés dans l'attente que retournent, comme le veulent plusieurs parties, des cadres sécuritaires écartés par Farhat Rajhi), l'on est retourné à la nécessité de faire refonctionner l'institution du Dialogue national (mise en sourdine depuis les législatives du 26 octobre 2014). On apprend, dans cet ordre d'idées, que le Quartet parrain du Dialogue national s'apprête à organiser une réunion au cours de cette semaine en vue de discuter les préparatifs relatifs à la tenue du Congrès national sur la lutte contre le terrorisme. Il n'y aura pas de conflit de compétences Et comme prévu, certaines voix se sont élevées pour dénoncer le possibles recours au Dialogue national, estimant que cette institution a fait son époque et qu'elle n'a plus à intervenir dans la vie politique nationale puisque le pays dispose désormais d'institutions élues et permanentes. «Le mécanisme du Dialogue national ne constitue, en réalité, qu'un mécanisme de soutien aux institutions de l'Etat. Et ceux qui refusent son intervention se trompent de guerre à livrer parce qu'aujourd'hui, la guerre que nous devons mener ensemble, c'est bien celle qui nous oppose aux terroristes. Cette guerre nous a été imposée et nous n'avons d'autre choix que de la gagner», argumente Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du travail patriotique démocratique (Ptpd). Il revient au Congrès national de lutte contre le terrorisme: «Il nous est demandé de poser les véritables questions et de savoir pourquoi notre pays est devenu une proie aussi facile face aux terroristes au point qu'ils sont parvenus à frapper au cœur même de la ville en ciblant un haut lieu symbolisant notre souveraineté et notre mémoire», ajoute-t-il.