Evénement organisé par l'Association de sauvegarde de la Médina de Tunis (ASM) en partenariat avec l'Office national de l'artisanat tunisien (Onat) et la municipalité de Tunis. La Médina de Tunis a fêté, à l'occasion des Journées de l'artisanat et de l'habit traditionnel, les arts, l'artisanat et le design à travers l'événement «Histoire d'artisans» (hkeyet sneyaaia), organisé par l'Association de sauvegarde de la Médina de Tunis (ASM) en partenariat avec l'Office national de l'artisanat tunisien (Onat) et la municipalité de Tunis. L'artisanat à l'honneur Accessible au public et entièrement gratuite, la manifestation — qui s'inscrivait dans le cadre du projet Medneta, réseau culturel méditerranéen pour la promotion de la créativité dans les arts, l'artisanat et le design pour la régénération urbaine dans les centres historiques — avait pour objectif de promouvoir la Médina et ses métiers créatifs et de développer des synergies entre artisans, designers et usagers. Dispersées dans des lieux mythiques tels que les deux palais Lasram, celui de la rue du Tribunal, siège de l'ASM de Tunis, et celui de la rue Bir el Hajjar, annexe de la Rachidiya et autres souks, les activités programmées ont permis la découverte ou la re-découverte de la vieille ville. Il était question de démonstrations, sous le titre «doigts d'or», d'artisans à l'œuvre, en partenariat avec l'Association Hirfa, d'un atelier de lutherie et de calligraphie, en partenariat avec l'Association tunisienne des arts calligraphiques, d'une exposition de produits réalisés par des artisans et de jeunes designers et d'une rencontre-débat autour de l'orfèvrerie au mythique Café El Mrabet du Souk el Trok. Rappelons que les souks de Tunis sont un ensemble de magasins, boutiques et ateliers, s'articulant dans un ensemble de rues et ruelles, regroupés par corps de métier et édifiés pour la plupart dès le XIIIe siècle. Le métier de la chéchia Des circuits de visite avec un plan pour guide ont permis aux visiteurs de s'ouvrir aux lieux de production artisanale dans les souks, en particulier le souk des Chéchias qui fut le théâtre d'une récente intervention urbaine consistant en la restauration d'une voûte écroulée et qui a accueilli une exposition sur l'histoire de la chéchia et ses déclinaisons actuelles en matière de design. Des expositions thématiques sur les métiers de la fabrication de la chéchia s'y sont tenues, en partenariat avec la corporation des chaouachias. Une rencontre avec un spécialiste nous a renseignés sur l'essor de ce métier qui connaît malheureusement une crise considérable de nos jours. Ce bonnet en laine de couleur rouge (orné, pour les plus luxueux, d'un gland de soie bleue ou noire), qui s'exporte dans toute l'Afrique, parcourt un long voyage depuis la laine de mouton d'Australie jusqu'au consommateur au Nigeria. Sa confection prend près de quatre mois de travail effectué par des ouvriers et des apprentis (sanaâ) sous le regard du mâalem (le tricotage, la couture, le lavage et le foulage, la teinture et enfin la mise en forme, le feutrage et la finition). «Cet artisanat n'est pas toujours rentable. Les gens du métier, avec l'Etat, doivent trouver ensemble des solutions à cette crise», affirme le spécialiste. Certains artisans misent actuellement sur de nouvelles créations et articulations de la chéchia via un nouveau design. C'est le cas de Aymen Azaïez que nous avons rencontré à l'occasion, dans sa boutique au souk des Chaouachia. Un métier, transmis de génération en génération qu'il affectionne et développe depuis 15 ans. La nouvelle chéchia comme vue par A .Azaïez est multicolore ou bicolore avec des formes plus actuelles et modernes. La matière première est la même, seule la forme a changé. «Un artisan doit s'ouvrir aux nouvelles tendances tout en gardant l'authenticité du produit. C'est ce qui fait qu'un vieux métier se développe et pérenne», souligne ce dernier. Une manifestation à reprendre et à reproduire partout en Tunisie.