Le rideau est tombé, hier, sur la 13e édition du Forum social mondial (FSM), tenu à Tunis, du 24 au 28 mars, au Campus universitaire Farhat- Hached à El Manar. Quelque cinq mille organisations de la société civile venues de 120 pays ont fait leurs adieux, dans l'espoir de voir leurs assises associatives, quatre jours durant, porter leurs fruits. C'est que leur débat si franc et ouvert, parfois hétéroclite dans la diversité d'idées et de propositions, devrait, ultérieurement, prendre forme, en termes d'actions notamment. L'heure est, désormais, au bilan, afin que l'évaluation soit aussi porteuse d'une nouvelle vision du monde. Un monde anticapitaliste, comme le souhaitent les altermondialistes du globe. Mais, cela demande, certes, plus que des alternatives, au sens vrai du terme. Il s'agit là de remodeler les projets sociétaux et les repenser à souhait, de manière à ce que les politiques nationales des pays soient en étroite corrélation avec les besoins de leurs populations. Autant dire, des modèles de développement communautaire beaucoup mieux adaptés aux défis de l'époque : justice sociale, liberté, économie solidaire, égalité des chances entre toutes les classes sociales dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la sécurité sociale. Tout ce qui est en mesure d'apaiser les tensions et unifier les efforts de lutte antiterroriste. Car, aujourd'hui, l'on se trouve face à des menaces bien réelles qui sont à l'origine des faits sociaux démesurés tels que la pauvreté extrême, l'exclusion régionale, la violence contre les femmes, la corruption à outrance, le musèlement des voix libres et la confiscation des droits déjà acquis. Ces abus du système socioéconomique, communément dénoncés, sont reconnus comme le terreau de la nébuleuse terroriste. Et pour cause, les multiples activités autogérées qui ont eu lieu, au cours du FSM, n'ont pas manqué de crier haro sur la situation critique dans laquelle se débat la majorité des peuples, pointant du doigt les politiques hégémoniques de leurs gouvernements respectifs. Le débat s'est, alors, focalisé sur les modes de changement possibles, mais aussi sur les solutions à apporter à cette crise des sociétés, où la rigidité des régimes économiques n'a fait que les mettre à genoux. Cette crise se révèle également une crise de civilisation, de culture et d'existence. Outre les activités qui ont fait débat, les manifestations organisées en marge du Forum n'ont pas fini, par ailleurs, d'enfoncer le clou. Et les altermondialistes campent sur leur position, réitérant leur rejet des valeurs dogmatiques universelles. Ils ont, du reste, dénoncé toute forme de violence, de discrimination, de domination, jusqu'à l'intolérance face au terrorisme. Ces voix protestataires défendant les causes nobles de l'humanité ont pu hisser l'enceinte universitaire à un véritable havre de paix et de solidarité. Sur les lieux, des dizaines d'expositions illustraient les inquiétudes citoyennes telles que proclamées par les ONG participant au FSM de Tunis. Parfois, ces expos, sous des tentes géantes, sont revenues sur des événements passés et qu'on croyait relégués aux calendes grecques. L'affaire des disparus en mer, les incidents de la chevrotine à Siliana, les réfugiés du camp de Choucha, le conflit algéro-marocain du Sahara occidental, les pratiques sionistes contre les Palestiniens et bien d'autres étaient aussi à l'affiche. Des studios TV ont pris place et des déclarations d'impressions ont été prises à chaud. Sur la même lancée, des Africains, communiqués à la main, ont demandé que la situation de leurs ressortissants réfugiés à Tunis soit définitivement rétablie. Ils sont allés jusqu'à faire endosser la totale responsabilité à l'Unhcr, l'instance onusienne chargée de ce dossier. D'autres jeunes contestataires ont brandi la photo de George Abdallah, un activiste libanais détenu, depuis 31 ans, dans les prisons françaises. Le comité de solidarité tunisien réclame sa libération. L'ambiance revendicative qui y a régné était, elle-même, un catalyseur d'une dynamique commerciale. Ce qui a poussé bon nombre d'associations essentiellement à but lucratif à en tirer profit. Des produits agroalimentaires divers, des livres à gogo, des tissus et des objets d'art ont été, intra-muros, exposés. Mais, cet élan de solidarité massif a été, malheureusement, entaché par des altercations qui ont eu lieu, hier matin, où un groupe d'inconnus a agressé les tentes des participants marocains. Le Ftdes parle d'actes de violence commis par des Algériens, semant le désordre dans l'espace du FSM. Dans le cadre d'un point de presse tenu suite à l'événement, il a été décidé de poursuivre les auteurs en justice. Une plainte a été, en fait, déposée par le comité d'organisation du Forum. La clôture a été, finalement, marquée par l'organisation d'une marche de solidarité avec le peuple palestinien, en prélude à la célébration demain de la journée de la terre.