Penelope Denu fait partie du Conseil de l'Europe et précisément de ces femmes et ces hommes qui prospectent et découvrent les chemins historiques qui ont uni les peuples d'antan pour promouvoir le dialogue culturel . Nous l'avons rencontrée lors d'un colloque à Tunis. Entretien. Expliquez-nous le concept des itinéraires culturels au sein de l'Institut européen ? C'est un programme de coopération culturelle du Conseil de l'Europe qui date de 1987. A l'époque (et c'était le début de ce concept), le Conseil de l'Europe a alloué un budget pour la revitalisation du chemin de Saint-Jacques en Europe. L'idée, c'était de donner une autre image de la culture et de notre patrimoine européen. C'était aussi pour expliquer que l'Europe s'est construite sur les rencontres et les échanges entre les peuples, les cultures, les savoir-faire et les traditions. Maintenant, on a un programme qui inclut 29 itinéraires culturels qui traversent l'Europe mais qui vont aussi au-delà. Chacun de ces itinéraires illustre un thème d'une grande importance dans notre histoire européenne. Je préciserais que les itinéraires du Conseil de l'Europe ne sont pas forcément des chemins qu'on va forcément suivre, ce sont des réseaux de destinations qui coopèrent entre eux. Que représente la Tunisie dans ces itinéraires ? Aujourd'hui, je suis en Tunisie pour soutenir ce nouveau projet relatif à l'agronome carthaginois Magon. L'objectif est de relier cette partie de l'histoire des vignobles et du vin avec notre itinéraire culturel «IterVitis», qui n'est pas seulement une route du vin mais surtout une route de vignobles historiques. C'est un itinéraire qui inclut la Tunisie, la Sicile en Italie, l'Espagne, le Portugal et la France dans un réseau de destinations qui travaillent ensemble pour montrer et raconter ces chemins aux visiteurs. La Tunisie, avec le projet Magon, va faire partie de cet itinéraire culturel européen. Et cela montre le grand potentiel tunisien en termes d'itinéraires qui lui permet de rejoindre des circuits culturels et des réseaux de ce genre. D'ailleurs, la Tunisie fait déjà partie de «la route des Phéniciens». Elle représente, en fait, tout ce Bassin méditerranéen qui était vraiment un «melting pot» de l'histoire. Il y a aussi la «route de l'olivier» qui fait le tour du Bassin méditerranéen. Actuellement, il y a un nouvel itinéraire culturel qui se prépare au Luxembourg et qui va inclure également la Tunisie. C'est l'itinéraire de Saint-Augustin. Sa certification par le Conseil de l'Europe va certainement voir le jour bientôt. Quels sont, aujourd'hui, les critères pour figurer sur les itinéraires culturels de l'Europe ? Il faut que l'itinéraire inclue au moins trois pays, il faut avoir un projet de recherche dans les différents lieux, il faut avoir une association, il faut avoir aussi des produits touristiques, et, bien sûr, un site web bien fourni. Les itinéraires culturels répondent aujourd'hui à une demande importante de visiteurs qui cherchent autre chose à part le soleil et la mer. C'est un secteur qui est fait non seulement pour le tourisme mais aussi pour promouvoir le dialogue culturel et les échanges entre les pays. Pensez-vous que ces initiatives puissent mener à égayer ce qui se passe aujourd'hui dans le monde ? C'est ce qu'on espère avec beaucoup de volonté. Malheureusement, le monde nous fait confronter aujourd'hui à des choses inacceptables mais si ces initiatives-là n'existaient pas, la situation serait pire. Je pense vraiment que s'il n'avait pas ces petites initiatives et cette coopération les liens entre les peuples seraient vraiment dans un état lamentable. J'espère que les peuples comprendront aussi qu'il ne s'agit pas d'être passif devant ce qui nous arrive mais qu'il faut aller toujours de l'avant et travailler ensemble. La Tunisie est, dans ce sens, un pays qui donne de l'espoir ne serait-ce que parce que c'est un pays qui a gardé son sens de la communication avec l'autre surtout en langue française.