La tâche incombe, uniquement, aux spécialistes et aux experts. L'apport de la société civile doit être constructif sans laisser le champ libre aux avis sectaires et aux approches partisanes. C'est le 23 avril, en principe, que démarrera le dialogue national sur la réforme du système éducatif. Cette initiative du ministère de l'Education cherche à rassembler toutes les parties prenantes sans exclusion. Mais, à notre sens, cette porte ouverte ne doit pas être un prétexte à n'importe qui de participer pour dévoyer le débat. Car de nombreuses parties n'ont pas intérêt à ce que le système éducatif s'améliore. C'est pourquoi, il est impératif que la liste des participants aux discussions soit bien étudiée. Le dossier en question, faut-il le rappeler, est d'une grande actualité et mérite une attention renouvelée pour qu'on ne retombe plus dans les polémiques stériles et les cercles vicieux. L'occasion, aujourd'hui, est propice à un débat sérieux et responsable si chacun met de côté ses penchants individualistes, partisans ou sectaires. Souveraineté de l'Etat La question, en effet, intéresse l'avenir des générations futures et il ne serait pas convenable de détourner la consultation de ses objectifs. Dans ce contexte, il est de première importance de savoir que la réforme dont on parle a un coût en termes d'argent. Ce n'est pas une formule à mettre en pratique par des discours et des paroles. L'impact matériel sera très élevé. Ceux qui ont oublié cet aspect doivent se raviser et rectifier leur tir. Que coûtera la mise en œuvre de cette réforme ? Qui la financera et comment ? Où trouver les fonds nécessaires ? Donc, ce n'est pas une mince affaire. C'est ce que doivent savoir ces gens qui exigent immédiatement une réforme. L'affaire ne peut pas se faire dans la précipitation. Des mesures préalables sont à prendre en compte. Et là, il faut insister sur l'idée de souveraineté du ministère (et, partant, de l'Etat) qui doit être le maître d'œuvre d'une telle réforme. Il ne s'agit pas, à travers ces rencontres et ces consultations de laisser la porte ouverte aux « charlatans » pour imposer leurs points de vue. Les participants ne peuvent être que des connaisseurs, des experts, des spécialistes reconnus. D'autres intervenants auront le loisir de donner leurs avis et de suggérer des propositions. Mais personne ne pourra imposer son diktat; pas même les syndicats qui ont fait savoir qu'ils ont leur projet. Nul ne peut se substituer aux institutions de l'Etat. A quoi servirait, alors, l'Etat si n'importe qui parachute son projet et veut qu'on l'adopte. Ces mêmes syndicats invoquent, toujours, le prétexte du «parachutage» des décisions pour y opposer leur refus. Il ne serait plus logique, de ce fait, d'user des mêmes procédés. La liberté de discuter doit être garantie au cours des débats et les avis et les critiques seront entendus. Dans tous les cas, le ministère de l'Education doit rester maître à bord dans le cadre de la politique générale de la Nation. Le consensus est toujours nécessaire. Les gens du terrain d'abord Les grandes orientations des débats tourneront, nécessairement, autour des moyens à fournir pour trouver un système réactualisé et axé sur les nouvelles exigences en matière de réalisation des objectifs. De nombreux Etats ont déjà engagé des réformes dans ce sens. Des approches comparatives seront sûrement faites dans le but de s'en inspirer. Mais notre propre expérience durant ces dernières décennies doit être étudiée afin d'en retenir les points forts et éviter les échecs. Dans l'enseignement supérieur, le projet de la réforme est dans une phase très avancée. Un échange entre les deux ministères ne serait pas inapproprié. Quant aux différents rôles impartis aux différents acteurs du processus éducatif, il y a lieu de mieux impliquer ceux qui sont sur le terrain, à savoir les inspecteurs et les enseignants. Ces derniers sont indispensables pour enrichir les expériences et proposer des idées pratiques. Il est certain qu'à travers eux, le chemin sera mieux balisé. La tâche des inspecteurs est, généralement, bien claire. C'est l'encadrement pédagogique. Mais jusque-là, cette fonction n'est pas suffisante. Nos inspecteurs ne font pas beaucoup de recherches et ne fournissent pas des études ciblées sur les faits constatés dans les pratiques éducatives. C'est ce côté qu'il faudrait renforcer davantage. En effet, c'est grâce à ce type de travail qu'on peut avancer et aboutir aux conclusions et aux constats recherchés. La France, par exemple, lancera l'année prochaine sa nouvelle réforme. Celle-ci innove dans les méthodes d'apprentissage et d'évaluation. Le parcours scolaire ne se mesurera plus en années, mais en cycles. Les acquisitions des élèves seront évaluées sur une période triennale. L'enseignant a les moyens de moduler ses pratiques selon divers profils. Cette approche a été testée dans notre système (approche par compétences). Toutefois, l'évaluation de cette expérience n'a pas été menée comme il faut. De ce fait, on n'a pas pu retenir les leçons qui s'imposaient. Aujourd'hui, il reste devant nous de larges possibilités pour trouver les meilleures solutions en vue d'installer un système éducatif plus efficace et plus fiable.