Entre talents confirmés et autres émergents, les jurys discerneront la maîtrise technique, l'audace, le souffle, le rythme, la cohérence — soit-elle dans le délire — l'intuition, bref, le récit distinctif qui fait... le rêve. Tout est parti d'un rêve folâtre : insuffler vie à la création — du moins à ses embryons — romanesque à un moment d'aridité révélée et à une époque où le livre imprimé, comme tout produit en papier, était supposé dans le couloir de la mort. Et comme dans la plupart des romances, la fin — nous n'y sommes pas et qu'elle soit le plus loin possible — s'est avérée heureuse, contre vents et marées. Le Comar d'Or du roman a dix-neuf ans. Deux décennies et bon an, mal an, des dizaines de productions en arabe et en français, des noms qui trouvent le stimulant pour se faire éditer et pour se révéler et une fête toutes les fins d'avril pour honorer ce que la littérature peut être de plus beau : le roman. Entre révolution et université Pour ce 2015 qui nous dévoilera son meilleur cru ce samedi 25, trente romans en arabe et onze en français concourront pour le prix spécial, le prix de la première œuvre et pour le Comar d'Or. Et entre talents confirmés et autres émergents, les jurys discerneront la maîtrise technique, l'audace, le souffle, le rythme, la cohérence — soit-elle dans le délire —, l'intuition, bref, le récit distinctif qui fait... le rêve. Et justement, plusieurs des romans proposés dans les deux langues offrent le rêve, avec des sensibilités différentes et des styles divers, bien que bon nombre des romanciers se soient partagé l'université et la révolution comme trames pour leurs écrits. C'est le cas notamment de Anouar Attia qui, dans «Les trois grâces», traite de l'amour, de la fidélité et de l'espoir, au-delà de la mort, à travers ses personnages centraux (quatre étudiantes et leurs professeurs) et surtout la petite fille née pour représenter l'héritage de deux générations et de leur dépassement. Idem pour Mohamed Lazghab et Ali Toumi Abassi qui dans respectivement «Le printemps des délires» et «Chérie, c'est le printemps» installent leurs événements dans le cadre universitaire, pour traiter à la fois de la révolution et des rapports chancelants d'un couple pour le premier, et d'une jeunesse désemparée pour le second. Mohamed Bouamoud, un habitué de la compétition, change de registre cette année et se penche dans «La colère des jours», sur le rapport père-fils qui de la complicité et de l'amitié aboutissent étonnamment à la destruction de l'un et de l'autre. Déroutante, la nature humaine. Le journalisme, un thème en vogue depuis un certain 14 janvier 2011, est également présent dans cette édition du Comar d'Or, dans notamment «Daziz» (un hommage au reporter Abdelaziz Dahmani) de Monia Zwawi et «Révolution, dites-vous» de Salah Gharbi. La révolution est également très présente dans les romans en langue arabe, tout comme l'engagement politique, dont celui des islamistes et même des nahdhaouis. En tout cas, un cru prometteur dont le départage ne sera certainement pas aisé. Il ne pourra pas non plus rendre justice à tous. Le meilleur moyen de le savoir est de lire et d'établir son propre palmarès. Le rêve, ainsi, continuera...