Le grand prix du roman en langue arabe retenu Hier, c'était la fête des romanciers et des amoureux du roman tunisien. Une fête où, comme chaque année, les différentes distinctions du Comar d'Or sont venues récompenser les meilleurs, d'après l'appréciation des deux jurys, parmi les 32 écrits sélectionnés pour le concours et qui se divisent comme suit : 21 romans en arabe dont 12 traitant de l'oppression et de l'opacité des horizons et 5 à caractère historique et onze en français. Nous disions fête parce que la proclamation du palmarès a été précédée d'un prélude musical assuré par le très bon ensemble du club Farabi qui, au moment où nous mettions sous presse, devait accompagner la cantatrice qui est en train de se confirmer comme l'une des meilleures voix de la place. Nous avons nommé Dorsaf Hemdani à qui a échu la tâche de clore la cérémonie de remise des prix de ce XVIIe Comar d'Or qui aura été marquée, surtout, par la décision du jury du roman en arabe de retenir le grand prix (le Comar d'Or), ayant jugé qu'aucune œuvre ne s'est élevée au niveau requis pour mériter la distinction suprême. En attendant que nous revenions, dans le détail, sur la soirée d'hier, voici le palmarès, avec une partie des appréciations et des arguments des deux jurys. Le roman en langue arabe Le Comar d'or : retenu Le prix spécial du jury : ex æquo : – Arrihla al hintatiya (approximatif : Pérégrination des Hentati), de Abdelkader Letifi Rares sont les romans qui échappent au piège du récit du patrimoine. Letifi, lui, a réussi à traverser cet héritage, grâce à un style maîtrisé, à beaucoup d'originalité et de savoir-faire. – Al âra (dénuement) de Hafidha Karabibène. Malgré sa dimension dramatique dominante, ce roman vous emmène là où vous ne vous attendez pas à vous rendre. Une mosaïque sociale très proche de nous à laquelle nous ne pouvons que réagir. La beauté du verbe et l'originalité autant du style que des sujets abordés incitent à lire ce roman de bout en bout et à partager le vécu de ses héros. Le prix Découverte : Fin'tidhar as'saâ'sifr (En attendant l'heure zéro), de Abdelhamid Arraï. Un récit captivant, un sens de l'observation du quotidien très profond et une éloquence évidente caractérisent ce premier roman de A. Arraï qui nous dévoile un monde plein de contradictions en apparence, mais fort homogène dans le fond et dont les personnages sont proches de nous, même si on n'adhère pas aux comportements de leur majorité. Le roman en langue française Le Comar d'Or: Le panache des brisants, de Mokhtar Sahnoun. Il est en bord de mer, puis dans le jardin sauvage, ensuite à l'intérieur de son pavillon où tout suggère le délabrement, enfin dans son atelier où il construit un bateau pour on ne sait quel départ, quelle fuite... Sahnoun a trouvé son univers au milieu des éléments, des pierres, des plantes et des bêtes dont il ne se lasse d'interroger le mystère... Un roman de la perception, de l'écoute du monde, fait de brefs chapitres qui sont comme autant de poèmes en prose. Le prix spécial du jury : Le souffle de la bête immonde, de Sami Kourda. Ils sont respectivement étudiant, syndicaliste, colonel et haut cadre dans une banque. Au détour d'un couloir, leur vie bascule: ils tombent dans les griffes de «la bête immonde»... Le goulag, c'est la porte à côté. On ne sort pas indemne de la lecture d'un tel récit. Le prix Découverte : Sculpteur de masques, de Mohamed Harmel. Pour que Spectre d'Aigle devienne Sceptre d'Aigle, il lui faut d'abord rejeter le masque de la tribu, passer outre au rite de passage qui scelle l'appartenance à la communauté... Un récit initiatique avec, en arrière-fond, les grands espaces du Nouveau monde.