Sans vraiment tirer le diable par la queue, les Clubistes ont joué avec le feu. Pas assez audacieuse à Radès, la JSK a logiquement chuté face à plus fort qu'elle. Du point de vue plan de jeu, les hommes de Luc Eymael ont uniquement espéré marquer en contre et sur jeu direct vers Essifi la plupart du temps. Ce qui aurait pu s'avérer payant avec un surcroît de réalisme. En revanche, les Aghlabides n'ont jamais su se montrer dangereux lors des attaques placées face à un adversaire qui compte en son rang un Salifu qui ratisse large et un Nater qui quadrille sa zone en situation de repli. Pour le CA, le système qui avait «balayé» le CSHL et EGSG n'a pas totalement fonctionné (bien que l'équipe en a cueilli les fruits). Compartiment par compartiment, c'est plutôt la prise d'initiative et l'implication individuelle qui ont débloqué le résultat et, bien entendu, débridé le match assez tôt. A l'image d'un Meniaoui, véritable poison dans la surface. Sa justesse technique et ses efforts dos au but ont également soulagé son équipe quand elle était en difficulté. Belaïd, quasi passeur décisif (vers Khelifa), en plus d'un penalty magistralement botté. Salifu, infatigable, mais invité à canaliser ses efforts et à doser ses courses. Khelifa, toujours précieux avec son jeu en rupture (du hors-jeu) et ses courses croisées. Dhaouadi qui retrouve des couleurs depuis quelque temps déjà. Et enfin, un arrêt miraculeux de Ben Mustapha qui permet au CA de garder la main. Voilà ce qui a permis de construire la victoire clubiste. Apprivoiser le stress Si seule la victoire compte, des défaillances individuelles ont failli coûter cher aux locaux. A l'image d'un Hichem Essifi qui a franchi plus d'une fois le rideau défensif clubiste, ou encore Sylla qui a fait prévaloir sa vélocité et son jeu musclé à l'entrejeu, le CA a vécu des moments difficiles et s'est exposé au retour de manivelle. C'est que beaucoup de flottement et d'approximations défensives ont plus d'une fois jeté un coup de froid sur le jeu d'ensemble. Seïf Tka, mis à mal par les accélérations d'un Hichem Essifi lancé dans la profondeur, a répété la même erreur à quelques minutes d'intervalle. Il a encore beaucoup à apprendre en terme de marquage à la culotte ou de pressing de zone (jouer haut). Dans ce registre, l'Algérien Belkaroui ne laisse rien filtrer. Grosso modo, l'exigence du résultat et la peur d'un hold-up adverse ont quelque peu freiné les clubistes lors de certaines séquences de jeu. Si le staff technique doit dorénavant insister sur une préparation mentale approfondie (la pression est une arme à double tranchant), les leaders de l'équipe ont certainement un rôle crucial à jouer en ce sens. En l'absence de doublures de calibre, de vrais jokers qui donnent l'impulsion et le second souffle, le CA doit apprendre à mieux gérer le chronomètre...La sortie bon gré, mal gré de Salifu (totalement cuit), les entrées de Ghandri et Jaziri font partie de ce manque de profondeur du banc. Quand on sait que face à Chlef, en terre algérienne, Hamza Agrebi s'est évanoui (usure et fatigue extrême), on doit forcément penser à renforcer le groupe dès l'été. Cela dit, le Club Africain a assuré l'essentiel et peut voir venir. Cette troisième victoire de rang ne manquera pas de faire retomber la pression (et la tension) autour d'un CA qui retrouve réussite et réalisme, en attendant de monter en gamme à l'approche des chocs à venir.