L'enseigne indique un restaurant, un restaurant pas comme les autres, puisque l'arrière-boutique n'est autre qu'un cabaret clandestin qui ouvre à minuit et ferme à 4h00 du matin. Le tenancier a certainement bien réfléchi avant de s'installer : on ne peut pas tomber sur un coin aussi propice que l'avenue Hédi-Nouira d'Ennasr. C'est le paradis des hors-la-loi, n'est-ce pas? A minuit, l'ouverture du bal est annoncée par quelques chansons vulgaires qui font trembler les vitrages. Pour les filles de joie, composante principale du cabaret, un show suivi d'un accompagnement rapporte gros, c'est pourquoi elles ne manquent aucune soirée. Quelques videurs gardent l'entrée et, comme pour marquer leur présence, n'hésitent pas à lancer des grossièretés qui transpercent nos murs et fenêtres. A 4h00 du matin, si ce ne sont pas les klaxons des taxis qui annoncent la fin du calvaire, c'est une bagarre presque quotidienne qui se charge de le faire. A défaut d'intervention digne de ce nom, l'autorité en charge de la quiétude et de la sécurité des citoyens peut-elle au moins nous éclairer sur ce que peut servir un restaurant dépourvu de cuisine, sinon de la chair vivante?