Le ministre de l'Intérieur, Najem Gharsalli, a expliqué, par téléphone, au père de Sofiane Chourabi que les informations sur l'assassinat des deux journalistes ne sont pas confirmées. Et tant qu'il n'existe aucune preuve matérielle concernant cette affaire, il n'y aura pas de confirmation ou de démenti de ce qu'ont avancé les autorités libyennes Encore une fois et près de huit mois après leur disparition, ni le gouvernement tunisien ni encore la Libye n'ont une information définitive quant au sort des deux journalistes disparus dans ce pays voisin depuis le mois de septembre dernier. La colère, la déception et l'émotion planaient hier sur la conférence de presse tenue au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), en présence des pères de Ktari et Chourabi. Des parents qui vivent dans l'incertitude depuis des mois, sans que les autorités tunisiennes ni les parties libyennes ne puissent les rassurer quant au sort de leurs enfants. L'appel du père de Chourabi « Je n'ai plus confiance dans le gouvernement tunisien. Plusieurs, dont deux Libyens, ont marchandé avec la vie de nos enfants, devant une impuissance totale de la Tunisie. Rendez-moi mon fils, mort ou vivant », a-t-il déclaré. Youssef Weslati, membre du bureau exécutif du Snjt, a, de son côté, indiqué que le Syndicat des journalistes condamne fortement la position du gouvernement tunisien dont les efforts consentis n'ont pas été à la hauteur ni responsables face à cette affaire. « En tant que syndicat, on n'est pas habilité à déclarer les confrères morts ou vivants. C'est le rôle et la responsabilité des autorités. Il n'est pas normal, indique Youssef Weslati, que huit mois après la disparition des deux journalistes, aucun point de presse n'a été organisé par le gouvernement. A ce titre, il a précisé que le gouvernement n'a pas agi au nom de la souveraineté de la Tunisie, ni conformément aux usages diplomatiques internationalement reconnus, soulignant que les parties libyennes exploitent l'affaire de nos deux confrères pour régler leurs problèmes politiques internes. Neji Bghouri, président du Snjt, a, quant à lui, appelé les autorités tunisiennes à ouvrir une instruction judiciaire et parlementaire sur l'affaire. Des instructions qui permettraient, entre autres, aux députés de la nation et à la justice d'entendre les différents responsables aux déclarations contradictoires et de les mettre face à leurs responsabilités. Méthode humiliante Par ailleurs, le syndicat a appelé le gouvernement à dépêcher des juges d'instruction et des représentants de la société civile nationale et internationale, afin de prendre connaissance des détails du dossier et de livrer les faits réels. Force est de reconnaître qu'aujourd'hui, encore, aucune information, de part et d'autre, n'a pu être confirmée ou infirmée. Sachant que la Libye compte deux gouvernements qui n'arrêtent pas de se contredire. Les parents et le syndicat des journalistes se sont par d'ailleurs étonnés de la manière de faire du gouvernement libyen avec la Tunisie, supposée être son voisin. En effet, le gouvernement libyen s'est contenté de publier un communiqué sur un site d'information et n'a pas pris la peine d'informer le gouvernement tunisien. Une méthode que le Snjt qualifie « d'humiliante » pour l'Etat tunisien. Rappelons que selon le site libyen « Bawabat Al Wassat », la responsable au ministère de la Justice en Libye, Sahar Bannoune, aurait confirmé qu'une équipe de journalistes de la chaîne Baraqa TV ainsi que les deux journalistes tunisiens Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari ont été effectivement tués par un groupe terroriste. La même source a également confirmé que l'armée libyenne avait arrêté, il y a quelques jours, cinq individus appartenant à un groupe terroriste, qui au cours de leur interrogatoire ont affirmé que les journalistes avaient bel et bien été tués, tout en précisant que ces derniers auraient été enterrés aux environs de la ville de Derna, à l'est de la Libye, sans donner plus de précision sur le lieu exact où les deux journalistes tunisiens Nadhir Ktari et Sofiane Chourabi auraient été enterrés. En d'autres termes, le mystère persiste.