Un projet de loi en cours d'examen sur la création du Conseil national du dialogue social, en application du pacte social conclu entre les partenaires sociaux le 14 janvier 2013 Lors d'une conférence de presse organisée au Palais des congrès à l'occasion de la fête internationale du Travail, le chef du gouvernement, Habib Essid, s'est félicité de l'accord conclu entre son gouvernement et la centrale syndicale relatif à l'augmentation des salaires dans la fonction publique et le service public. Habib Essid estime en effet que la hausse respective de 50 et 70 dinars favorise les employés aux salaires les plus bas, qui verraient ostensiblement leur pouvoir d'achat augmenter. Habib Essid souligne l'importance d'un climat social sain, à même de faire revenir les investisseurs étrangers qui boudent la Tunisie. Il appelle à la «rationalisation» des mouvements de grève, qui, même s'ils demeurent des droits légitimes, ne doivent pas prendre des formes exagérées ou des durées indéterminées. Engagement à appliquer 17 conventions Selon un engagement pris par l'Ugtt, il n'y aura plus d'autres négociations sur les salaires d'ici le milieu de 2017, une fois les négociations relatives aux augmentations au titre de 2015 -2016 auront abouti à des augmentations «équitables». En contre-partie, le gouvernement a accepté de mettre en application 17 conventions signées entre les syndicats et les gouvernements qui se sont succédé, mais suspendues « pour diverses raisons ». De plus, dans les prochaines semaines, les partenaires sociaux entameront une nouvelle série de négociations qui débouchera sur une augmentation du salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig) et du salaire minimum agricole garanti (Smag). Pour couronner cette nouvelle ère dans les relations entre le gouvernement et le syndicat, le chef du gouvernement a annoncé qu'un projet de loi sur la création du Conseil national du dialogue social était en préparation et ce, en application du pacte social conclu entre les partenaires sociaux le 14 janvier 2013. « Nous sommes en train de préparer un projet de loi dans ce sens qui sera transmis à l'ARP, a-t-il indiqué. Le conseil sera consulté pour tous les projets de loi en relation avec les affaires sociales et économiques » Des réformes douloureuses mais inévitables Habib Essid prévient également que son gouvernement risque d'annoncer prochainement une série de mesures et de réformes impopulaires car douloureuses, mais nécessaires. A titre d'exemple, il explique qu'il n'est plus possible de laisser les caisses sociales s'enfoncer encore plus dans un déficit, qui atteint des proportions plus qu'inquiétantes. Il annonce d'ores et déjà qu'on s'achemine vers l'élévation de l'âge de départ à la retraite. « Tout cela bien évidemment, dit-il, en concertation avec les différents partenaires et à leur tête l'Ugtt ». « Je sais très bien que chacune des réformes que nous entreprendrons sera accompagnée de polémique, mais ces réformes seront inévitables », martèle le chef du gouvernement d'une voix monotone et sans émotion qu'il garde jusqu'à la fin de la conférence de presse. Le chef du gouvernement a en outre annoncé que le quota d'employabilité des personnes à besoins spécifiques sera relevé de 1 à 2% dans le secteur public. Dans le secteur privé, Habib Essid nourrit l'espoir de voir un handicapé dans chaque société d'ici cinq ans. Soufiène et Nadhir Interpellé par les journalistes qui ne comprenaient pas pourquoi aucune partie de son discours n'a été consacrée aux journalistes Soufiène Chourabi et Nadhir Ktari, disparus en Libye depuis septembre dernier, le chef du gouvernement a avoué la difficulté de l'Etat tunisien à obtenir des informations crédibles vu l'absence de légalité en Libye. Il confirme néanmoins le départ aujourd'hui d'un juge d'instruction tunisien en Libye pour « interroger lui-même les suspects » et en savoir plus sur ce qu'ils ont révélé aux enquêteurs libyens. « Nous devons ramener les deux journalistes, qu'ils soient morts ou vivants », a-t-il déclaré, avant d'ajouter que si leur mort venait à être confirmée, la Tunisie lancera une procédure d'extradition pour que les auteurs du crime soient jugés en Tunisie.