Concert de chambre des musiciens de l'Orchestre Symphonique de Tunis, en compagnie d'Alexander Evstatiev (flûte) et Nicolai Nenov (contrebasse), mardi dernier à la maison de la culture Ibn-Rachiq. Fine équipe que celle réunie mardi dernier sur la scène de la maison de la culture Ibn-Rachiq, pour un concert de chambre à la hauteur des attentes. Constituée de jeunes musiciens —dont on a pu déjà apprécier le travail au sein de l'Orchestre Symphonique de Tunis— elle s'est investie dans un programme original et audacieux qui lui a donné l'occasion de déployer toute la palette de son talent. Les jeunes musiciens, à savoir Amine Triki et Alia Toumi au violon, Mohamed Mounes à l'alto et Mohamed Amine Ben Smida au violoncelle, ont donné le tempo de la soirée qui s'annonce prometteuse dès la première note. Ils s'approprient l'ensemble des morceaux programmés avec une vitalité et une musicalité rayonnantes. Aucune sensation d'appauvrissement du discours, mais tout au contraire celle d'une plongée au cœur de l'inspiration des compositeurs : du relief, du lyrisme toujours tenu et de la rigueur dans la lecture. L'interprétation du Quatuor N°4 de Beethoven ouvrait les espaces secrets des musiques de chambre qui suivent, invitant au rêve et à la méditation. La souplesse des cordes et la fluidité de la narration montrent une homogénéité qui fait honneur au travail du Quatuor. En évoquant ce travail de groupe, Alia Toumi, une des solistes, écrivait : «Pour ceux qui comprennent le langage musical, ce concert est un défi. D'ailleurs, comme chacun des concerts de l'OST, il s'agit d'un programme qui nécessite un dévouement et un travail sans faille et de la confiance ; celle du chef d'orchestre Hafedh Makni qui nous a confié la réputation de l'OST. A travers ce concert, on essaye de transmettre la connotation du «Quatuor» qui est assez méconnue du grand public.» Les musiciens enchaînent, ensuite, avec le mouvement N°14 de Schubert, puis, un mouvement de l'été des quatre saisons de Vivaldi, dont l'interprétation s'inscrit dans la même lignée, sans aucun larmoiement. Les œuvres sont exécutées de façon aussi personnelle qu'intéressante, ajoutant, à leur virtuosité somptueuse, la recherche de la mise en valeur des rapports sonores. Les cordes savent jouer pianississimo, créant l'intimité et ouvrant à la méditation et l'intensité. Encore faut-il une flûte enchanteresse, rayonnante, et les cordes d'une contrebasse qui savent murmurer en étant entendues au fond d'une immense salle. Le concerto en Mi mineur pour flûte de Mercadante, interprété par un excellent Alexander Evstatiev accompagné de Nicolai Nenov à la contrebasse et du Quatuor, marque cette dernière partie de la soirée. La flûte distille une remarquable poésie dans une parfaite complicité avec des musiciens aux anges !