Hier s'est déroulée la première journée du pèlerinage à la synagogue de la Ghriba à Djerba. Ceux qui sont venus voulaient aussi exprimer leur solidarité avec la Tunisie. Contexte actuel oblige, lorsqu'on parle du pèlerinage de la Ghriba on parle d'une sécurité renforcée et de quadrillage avec tout ce qui s'ensuit dans le jargon du métier. Mais jamais on aura assisté à une mobilisation des forces de l'ordre aussi forte que pour cette année. On sait déjà depuis l'attentat contre Le Bardo que l'ère de la sécurité en amont est révolue mais nul n'imaginait un tel déploiement. Certains n'hésiteront pas à comparer la plus ancienne synagogue d'Afrique à une sorte de «Fort knox» et c'est peut-être la meilleure solution pour protéger les quelques pèlerins qui ont choisi malgré tout de rendre visite à Djerba et d'effectuer le rituel annuel. Et ces pèlerins sont au nombre de 2.000 cette année entre Tunisiens et étrangers, selon M. Perez Trabelsi, président de l'association en charge d'organiser ce pèlerinage. Notons que malgré la présence de 500 juifs de nationalités différentes provenant de l'UE il n'y a aucun pèlerin de nationalité allemande. C'est en fin d'après-midi vers 17h30 que la fête a commencé à battre son plein juste avant la procession rituelle qui sort de la synagogue et fait le tour de l'extérieur. Mais à part cet aspect religieux, il y a l'aspect festif qui caractérise ce pèlerinage et lui donne un aspect beaucoup plus détendu et moins solennel que les autres pèlerinages et c'est peut-être l'originalité qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde à part à la synagogue de la Ghriba. Haym Demri est propriétaire d'une agence de voyage en Isarël qui porte le nom de «Tunis tours». «Je vis en Israël, dit-il, mais je suis né à Gabès, je suis Tunisien et je garde toujours le goût du lait et de la cuisine qui a accompagné mon enfance en Tunsie. Depuis 2010, je n'ai pas ramené de groupes de pèlerins pour la Ghriba. Cette année, j'ai ramené un groupe ne serait-ce que par solidarité avec la Tunisie dans les conditions actuelles. Nous sommes tous solidaires avec la Tunisie. Quoi qu'il arrive à la Tunisie, nous serons toujours solidaires avec notre pays et je n'arrête pas de dire à tous les habitués de mon agence de voyages : visitez la Tunisie. Du reste, je suis impressionné par le dispositif sécuritaire et je remercie vraiment l'Etat tunisien pour l'accueil extraordinaire qu'il nous a réservé». Goel Saban est l'enfant de la hara El Kbira. Il participe au rituel de la procession (la kharja) qui s'effectue chaque année. Pour lui, tout se déroule à la perfection. «Cette année, il y a eu plus de sécurité, du reste tout va bien. Les juifs qui sont venus de l'étranger nous ont exprimé leurs craintes au début lorsqu'ils sont arrivés à Djerba, mais petit à petit ils ont compris que la situation n'est pas aussi catastrophique qu'on le croyait, surtout lorsqu'ils ont vu le dispositif sécuritaire. Pour nous les insulaires nous sommes habitués à tout cela. Nous n'avons pas peur et on ne croit pas au buzz médiatique qui fait peur aux gens. Regardez, la fête a eu lieu».