• Les organisateurs espèrent accueillir 1500 visiteurs d'ici dimanche, dont notamment 500 étrangers • Quelques dizaines d'Israéliens au rendez-vous Plusieurs centaines de juifs de Tunisie et d'ailleurs ont entamé, hier après-midi, leur pèlerinage à la célèbre synagogue de la Ghriba située sur l'île touristique de Djerba, qui a été quadrillée à cette occasion par les forces de l'ordre. La première procession s'est déroulée hier dans l'enceinte du lieu de culte, en présence du Grand Rabbin de Tunisie, Haïm Bitan. Au cours de cette procession, les visiteurs ont allumé des chandelles pour tous les êtres chers qui n'ont pas pu les accompagner avant de recevoir la bénédiction des rabbins, tout en buvant de la «boukha», un vin tunisien à base de figues. Après un jour de repos prévu pour aujourd'hui à l'occasion du shabbat ( le jour de repos assigné au septième jour de la semaine juive), le pèlerinage reprendra dimanche par une deuxième procession. Il s'achèvera par une traditionnelle vente aux enchères au profit de la communauté juive tunisienne. Le pèlerinage de la Ghriba appelé aussi la “Ziara” (visite en dialecte tunisien) a été placé sous haute sécurité par le gouvernement. La synagogue était , hier, protégée par une quinzaine de véhicules de l'armée et des barrages de la police surveillent les quartiers juifs alentour ainsi que la route reliant l'aéroport de Djerba à la zone touristique. Les forces de l'ordre ont été réparties entre des brigades fixes et d'autres mobiles, ainsi que des patrouilles pour sécuriser toute l'île et les rites qui marquent le démarrage de la saison touristique à Djerba. Dispositif sécuritaire satisfaisant Ce dispositif sécuritaire a été jugé “satisfaisant” par les organisateurs du pèlerinage. “La présence sécuritaire discrète, efficace et intelligente. Nous espérons que cette édition 2013 soit celle de la renaissance du pèlerinage qui avait attiré durant l'édition de l'année 2000 un record de 10.000 pèlerins”, se félicite René Trabelsi, le patron de Royal First Travel , le tour-opérateur qui est le principal organisateur du pèlerinage,. René Trabelsi qui est également le fils de de Perez Trabelsi, président de la communauté juive tunisienne, espère accueillir entre 1. 000 et 1. 500 visiteurs d'ici dimanche, dont quelque 500 étrangers. Selon des sources proches de la communauté juive tunisienne, quelques dizaines d'Israéliens ont fait pour la première fois depuis 2010 le déplacement à Djerba. Quelques personnes de confession juive figuraient , hier, parmi les pèlerins dans le cadre d'une “démarche symbolique à perpétuer et à conserver la réputation de l'île de Djerba comme étant un creuset de la coexistence des religions”. C'est notamment le cas de Michel Zucchero, un chrétien venu avec des amis juifs et musulmans pour “rappeler la nécessité de la coexistence et du respect entre les trois religions monothéistes”. Communauté juive bien intégrée Le pèlerinage juif de la Ghriba avait été suspendu en 2011 en raison des troubles que connaissait la Tunisie dans la foulée de la révolution. Il a timidement repris en 2012 et aucun incident n'y a été enregistré. Organisé chaque année au 33e jour de la Pâque juive, ce rituel est au cœur des traditions de la communauté juive de Tunisie. Forte de 100.000 personnes lors de l'indépendance en 1956, cette communauté n'en compte plus que 1.500, la plupart ayant émigré vers la France ou Israël. La communauté juive tunisienne, l'une des plus importantes du monde arabe, reste bien intégrée dans la société. Tout récemment, le Grand Rabbin de Tunisie Haïm Bittan est allé jusqu'à déclarer que “c'est le mouvement islamiste Ennahdha qui défend le mieux les Juifs de Tunisie”. Le religieux, qui se déclare ouvertement opposé au projet sioniste, a aussi souligné que « les juifs sont plus en sécurité en Tunisie qu'en Israël ou aux Etats-Unis”. Une des légendes fait remonter l'origine de la Ghriba à la destruction à Jérusalem du temple de Salomon, lorsque, fuyant la Palestine, des juifs se réfugièrent à Djerba et y établirent une synagogue en 586 avant JC.