Priorité absolue au transport collectif dans tous ses modes Le débat sur la réforme du secteur du transport est lancé. «Maintenant, il faut rêver de la Tunisie que nous voulons, c'est bien, aujourd'hui, c'est le moment. La conjoncture est exceptionnelle. Nous avons maintenant un pays stabilisé aussi bien sur le plan politique qu'institutionnel. Donc il faut reconstruire notre pays. Et pour ce faire, il faut voir encore plus loin, avec de l'ambition...», s'est ainsi, exprimé, hier, le ministre du Transport, Mahmoud Ben Romdhane, à l'ouverture d'une journée d'étude sur les grandes orientations stratégiques du secteur, ainsi que la logistique, d'ici 2020. Un plan quinquennal visant à tout repenser et refaire pour le bonheur du citoyen usager, mais aussi au profit de tous les bénéficiaires. Deuxième rencontre de réflexion, celle d'hier vient donner suite au diagnostic de l'état des lieux déjà examiné, en concertation avec toutes les parties prenantes, en l'occurrence les élus du peuple, l'organisation patronale (Utica), la centrale ouvrière (Ugtt), la société civile et, bien entendu, les régions, comme étant le noyau dur de l'infrastructure de base. Après auscultation des failles et du manque dont souffre le secteur dans sa multi-modalité, le ministère de tutelle a agi en connaissance de cause. D'ailleurs, comme l'a relevé le ministre, il y a légitimité d'ambitionner pour le meilleur de tout le monde. M. Ben Romdhane s'est focalisé sur les grandes lignes des orientations futures esquissées en sept axes prioritaires. Selon lui, l'on doit accorder la priorité au transport collectif, dans tous ses modes. Pour lui, c'est une priorité fondamentale. Qu'il soit terrestre, ferroviaire, aérien ou maritime, son développement est une priorité fondamentale. Cela commande nécessairement le renouvellement du parc automobile, soit l'acquisition de nouveaux bus. De même pour le réaménagement du réseau national des voies ferrées, notamment dans les régions intérieures, où certaines lignes sont jusqu'alors abandonnées. Ce qui se répercute sur la fluidité de la circulation et la qualité des services fournis aux usagers. «Ces derniers vivent aujourd'hui dans l'enfer du transport...», a-t-il reconnu. Autre priorité, l'impératif d'envisager des politiques alternatives de financement qui soient aussi novatrices qui existent déjà dans les pays développés, mais qui ne sont pas malheureusement en place en Tunisie. Un partenariat public-privé à ce niveau semble de taille, d'autant plus qu'il ne peut être que gagnant-gagnant. La restructuration des entreprises de transport public en difficulté est aussi de mise. Tunisair est le cas type des sociétés en faillite qui ont besoin, plus que jamais, d'un plan de relance drastique. Elle cherche désespérément à voler de ses propres ailes. En fait, la réforme du secteur du transport aérien puise dans ce sens, visant parallèlement à ouvrir le chantier d'Open Sky. Cette tendance du ciel ouvert n'est plus un choix en soi-même, mais plutôt une exigence dictée par la concurrence internationale en matière d'aviation civile. Aussi, faut-il avoir une nouvelle politique pour financer le secteur public? L'intervention de l'Etat s'avère obligatoire, dans la perspective d'aider ces entreprises jugées en panne à sortir de leur éternelle crise. Car, a-t-il encore ajouté, ce triste tableau est le résultat cumulé des politiques de gestion d'autrefois. Le secteur maritime, lui aussi, se morfond dans ce mauvais héritage du temps révolu. Sa flotte est en nette régression, déplore le ministre. Cela, poursuit-il, fait déjà vingt ans que le secteur disposait de 29 navires, alors qu'aujourd'hui il n'en reste que seulement neuf. Soit près de 40 % du trafic était réalisé par nos propres bateaux contre 12 % actuellement. L'objectif consiste, désormais, à encourager le secteur privé, lequel a été, indique-t-il, relégué au second plan, découragé et vivant aussi une crise profonde. Sa complémentarité avec le secteur public, dans un partenariat gagnant-gagnant, est de nature à créer une valeur ajoutée. «Et pour que le secteur du transport devienne le cœur battant de la Tunisie», espère-t-il. Et là, finalement, l'essence de l'ambition largement partagée avec M. Lotfi Mhirsi, directeur général des stratégies et entreprises publiques au sein du ministère de tutelle. Le même engagement est pris par M. Nabgha Salem, président de la Fédération nationale du transport relevant de l'Utica.