Suivront-elles le chemin des nombreux projets nés après le 14 janvier et qui ont disparu en très peu de temps ? Cela fait cinq ans que les Douz Doc Days existent, la 5e session est prévue le 12 octobre 2015. Toutefois, les organisateurs sont inquiets car ils ne voient pas encore venir de réponses à leurs demandes de subvention. Où sont donc passés les sponsors ? Pourquoi la loi sur le mécénat culturel n'arrive-t-elle pas encore à stimuler les entreprises ? Juste un petit rappel. L'année dernière, quinze jours avant le début du festival, il a été question de le suspendre. Mais voici que le British Council est venu à la rescousse in extremis et la quatrième session des Douz Doc Days a eu lieu. Constatant l'impossibilité de pérenniser des manifestations aussi indispensables, on ne peut que déplorer la démission des bailleurs de fonds et l'incapacité du ministère de la Culture à venir en aide à ces festivals cinématographiques qui ne demandent qu'à jouer un rôle positif pour se constituer un public. De telles rencontres, qui irriguent le champ social en profondeur, sont d'office condamnées à la précarité. Elles ne peuvent envisager une stratégie de développement puisque le pilotage à vue est leur unique méthode de gouvernance. Privées de visibilité, ces initiatives sont portées par le militantisme des acteurs de la société civile qui en sont les instigateurs obstinés. Mais la persévérance a des limites. Cette année, par exemple Doc à Tunis, qui devait se tenir en avril, a fait faux bond. Faut-il y voir un symptôme annonçant sa disparition ou le signe d'une fatigue passagère ? Les Douz Doc Days suivront-elles le chemin des nombreux projets nés après le 14 janvier et qui ont disparu en très peu de temps ? Projetant des films documentaires sous une tente nomade à la lisière du Sahara, les Douz Doc Days font un effort exceptionnel pour baliser le territoire de la culture et élargir un espace de dialogue propice à la liberté d'expression. Mues par le souci de la décentralisation, les Douz Doc Days veulent aussi contribuer à la relance du tourisme saharien en l'inscrivant dans l'actualité à travers les arts numériques mis au service de préoccupations citoyennes. Cette année, la nouveauté consistera à accueillir de jeunes cinéastes venus d'Afrique subsaharienne pour participer à une résidence d'écriture de films documentaires. Organisé en partenariat avec Africa Doc et le festival de Lussas, cet atelier de conception sera encadré par des experts internationaux et consolidera l'ancrage au Sud des Douz Doc Days qui sont, de par leur position géographique, à la croisée des chemins entre l'Afrique subsaharienne et la Méditerranée. Autre événement prévu à l'occasion de cette 5° édition, outre la rétrospective des films primés les années précédentes, la rencontre des directeurs des festivals nationaux de cinéma. Le but est d'établir des échanges entre les festivals cinématographiques du sud du pays (de Hergla à Ben Guerdane) avec l'ambition de créer une synergie et de mettre au point un calendrier avec un échelonnement homogène autant que des lignes éditoriales spécifiques et complémentaires garantissant le développement d'un réseau de diffusion. Comme à l'accoutumée, la compétition nationale présentera les meilleures œuvres de l'année en présence de leurs auteurs. La cuvée 2015, en lice pour l'obtention du Dromad'or, s'annonce bonne. Des soirées spéciales, un ciné-concert et des activités parallèles destinés aux étudiants des écoles de cinéma, tels des conférences et des ateliers de production, feront des Douz Doc Days une occasion d'exploration et de découverte au sens fort du terme. Dans cette optique, il est question de donner carte blanche aux étudiants de l'école des Beaux-Arts de Bethlehem qui présenteront une sélection de leurs films de fin d'études tout comme ce fut le cas l'an dernier pour les étudiants de l'académie des Beaux-Arts de Beyrouth (ALBA). Voici des ambitions très louables. Les Douz Doc Days trouveront-elles les moyens de mettre en œuvre toutes ces prévisions? Il est toujours temps que des mécènes se manifestent. Faut-il rappeler qu'ils peuvent, en participant à des actions culturelles de qualité, être entièrement exonérés d'impôts. A bon entendeur, salut !