Les agences de rating les plus renommées mondialement Moody's, S&P's et FitchRating (FR) ont commencé à noter la Tunisie, en 1995, en attribuant les notes Baa3/BBB- qui représentent les derniers grades de la catégorie d'investissement. Entre 2000 et 2003, nous avons vu les notes souveraines (NS) passer à un grade supérieur Baa2/BBB. Jusqu'à cette année, les trois agences étaient en cohérence (voir tableau I) mais avec un décalage dans le temps de l'action positive effectuée. S&P's était la première, en Mars 2000, à réviser à la hausse la note à LT en monnaies étrangères, suivie par FR en Mai 2001 puis par Moody's en Avril 2003. La période entre 2003 et 2011 était une période de stagnation du niveau de la note. Après le 14 Janvier 2011, la NS de la Tunisie est passée par trois vagues de dégradations successives. Moody's a ouvert le bal de la première vague le 19 Janvier (de Baa2 à Baa3) suivi par FR le 2 Mars (de BBB à BBB-) et ce n'est que le 16 Mars que S&P's a abaissé la note (de BBB à BBB-). Le temps pris par S&P's dans la première vague a été compensé par une sévérité observable à trois niveaux : * D'abord, dans la précipitation de l'abaissement de la NS à la catégorie spéculative le 23 Mai 2012 (FR au 11 Décembre 2012 et Moody's au 28 février 2013). Suite à cette dégradation, l'effet négatif sur les spreads a été conjugué par le passage de la catégorie d'investissement (de risque faible) à celle spéculative (de risque élevé). * Ensuite, dans le nombre de crans d'abaissement. En effet, la correspondance des échelles de notation des trois agences montre que, suite à la dernière vague de dégradation, la NS de la Tunisie assignée par S&P's est devenu BB- inferieure de deux crans par rapport à celles de Moody's Ba1 et de FR BB+ et de trois crans par rapport à la note avant la révolution BBB. * Enfin, dans le nombre d'actions négatives. S&P's a fait trois actions négatives contre deux pour les autres agences. Cette sévérité est remarquable même dans l'impact de la NS sur la notation du risque de crédit bancaire (NRCB). En effet, en prenant ‘Arab Tunisian Bank' et ‘Société Tunisienne de Banque', les deux banques notées simultanément (voir tableau II) par S&P's et d'autres agences, nous remarquons que les notes assignées par cette dernière dans les trois vagues de dégradation survenues après la révolution (en 2011, 2012, 2013) sont les plus sévère. Est-ce une sévérité pour inciter la prise de conscience de la délicatesse de la situation ?