7000 libyens ont traversé le poste-frontière de Ras Jedir ces deux derniers jours, un chiffre qui fait penser aux premiers jours de l'afflux des réfugiés libyens en 2011. 1,3 million de Libyens avaient alors trouvé refuge dans notre pays. Ils seraient aujourd'hui 1,9 million, pour la plupart, des familles aisées à avoir choisi la Tunisie pour s'y installer. On avait connu dans le passé des mouvements similaires de populations entre les deux pays : en 1881 après l'instauration du protectorat, des tribus du sud tunisien avaient trouvé refuge en Libye.Trente ans plus tard, en 1911, des milliers de Libyens faisaient le chemin inverse, en se réfugiant en Tunisie, fuyant la répression de l'armée italienne. On n'en est pas là pour le moment, mais tous les ingrédients d'une guerre civile chez nos voisins du sud sont réunis : des milices islamistes incontrôlables, un Etat en pleine déliquescence, des armes à profusion, des interférences étrangères évidentes et un général, en l'occurrence, Khalifa Haftar, auquel s'était rallié une bonne partie de la classe politique dont l'ancien Premier ministre, Ali Zeidane et de l'armée, impatient d'en découdre avec les Islamistes. Le risque majeur est que le conflit déborde sur le territoire national, même si nos frontières méridionales sont bien gardées, d'autant plus que les belligérents ont leurs partisans dans la communauté libyenne installée en Tunisie. Il faut espérer que cette crise libyenne soit gérée du côté tunisien d'une manière aussi habile qu'en 2011, en se maintenant à égale distance des deux camps. Lire aussi Libye: Marzouki soutient la légitimité, est-ce la bonne position?
