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Le Terrorisme ne doit pas faire peur aux tunisiens
Publié dans Leaders le 11 - 03 - 2015

Malgré les événements qui se sont déroulés dans le pays depuis le 18 Mai 2011 (affrontements de Rouhia), le terrorisme ne constitue pas, à mon avis, un risque majeur pour la Tunisie. Le terrorisme que connaît notre pays est conjoncturel et il est importé, sa manifestation étant due à la position géographique de notre pays plutôt qu'à des causes politiques ou sociétales internes.Les groupes terroristes, qui sont actifs dans l'Atlas Saharien (Dorsale tunisienne et Aurès), trouvent leurs zones refuges dans la région qui se situe de part et d'autre des frontières avec l'Algérie, ce qui rend actuellement l'action de nos forces armées un peu ardue, malgré les efforts de coordination sécuritaire avec notre voisin de l'Ouest. Les groupes actifs à l'intérieur de notre territoire bénéficient du soutien logistique d'autres groupes opérant à l'extérieur de nos frontières. Ils se réclament de « katibet Okba ibn Nafaa », sont commandés par des Algériens de « La Qaeda dans le Maghreb Arabe » et s'appuient sur la contrebande essentiellement pour survivre et s'équiper.
Quant aux actions qui se sont déroulées à l'intérieur de notre pays ( Kasserine, Rouhia,Bir Ali ben Khlifa..), les terroristes ont bénéficié certainement du soutien et de la connivence de citoyens dont le nombre est, on peut le dire, certainement réduit, les populations locales, dans leur majorité, ne constituant pas un foyer et des refuges favorables et sûrs à leurs activités.
Malgré la médiatisation parfois exagérée et l'instrumentalisation politique du phénomène, ce qui se passe dans notre pays est éphémère et sera vaincu, parce qu'il est important de différencier entre Terrorisme, Guérilla et Lutte armée. La définition de ces concepts est indispensable à l'étude du problème. Ce qu'on va essayer de développer.
Dans le code pénal français, le terrorisme est défini comme une entreprise individuelle ou collective ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur. Au Canada, l'article 83.01 du Code criminel définit le terrorisme comme un acte commis au nom — exclusivement ou non — d'un but, d'un objectif ou d'une cause de nature politique, religieuse ou idéologique en vue d'intimider la population quant à sa sécurité, entre autres sur le plan économique, ou de contraindre une personne, un gouvernement ou une organisation nationale ou internationale à accomplir un acte ou à s'en abstenir.
Toutes les définitions telles qu'exprimées par les académiciens et les législations de beaucoup de pays concordent. ce qui nous amène à dire que l'acte terroriste est mené par un individu, un groupe ou des groupes dont la doctrine est, donc, généralement imprégnée de conceptions mystiques du monde. Ces conceptions sont soit d'ordre philosophique ou doctrinal (Fraction armée rouge allemande, Action directe française), religieux (Al Jihad al Islami al misria « la Qaeda est issue de ce groupe », Aljamaa al islamia, Al jamaa al mokatila al libya), ou politique /sociétal (Brigades rouges italiennes, ETA en Espagne, IRA en Irlande, ou Sentier lumineux au Pérou).
Comme dans la guérilla, les modes d'action utilisés se résument généralement comme suit:
* la reconnaissance et la collecte du renseignement,
* l'approche ou l'infiltration,
* l'action proprement dite ( le choix entre l'embuscade, le raid ou l'attentat),
* l'esquive ou l'exfiltration (zones refuges dans les montagnes, maisons ou foyers sûrs « safe house » dans les agglomérations) .
Le résultat de leurs actions sont sous forme d'assassinats, de sabotage d'institutions et ouvrages, d'explosions dans l'espace public (voitures piégées, actions kamikazes) , de prises d'otages ou d'extorsions. Les armes individuelles, les lances roquettes portatives, les mines et les pièges explosifs sont les principaux moyens utilisés par les terroristes.
Les actions suicidaires sont, quant à elles, généralement motivées par un endoctrinement religieux très poussé (Qaeda), ou un patriotisme désespéré (palestiniens). Les actions sont toujours violentes, ponctuelles et très brèves dans le temps. Les effets recherchés sont surtout psychologiques : créer un climat de terreur dans la population et/ ou déstabiliser l'Etat.
Autre volet important, les terroristes parient sur la médiatisation de leurs actions, le milieu journalistique cherchant toujours les « scoops ». Ceci contribue à instaurer un état de peur et même de panique dans la population, mais aussi à leur conférer une certaine légitimité chez une frange de la société qui épouse leurs conceptions mystiques ou revendications déclarées. De par leur nature essentiellement commerciale, les mass media tombent généralement dans le piège des terroristes. Rien n'est plus recherché chez « Al Qaeda », par exemple, que le fait de voir les vidéos de leurs actions diffusées et reprises sur les chaines de télévision. « L'Etat Islamique » est, quant à lui, un mouvement politique paramilitaire qui utilise le terrorisme comme moyen extrême de guerre psychologique contre ses ennemis.
Seulement, et en général, les terroristes sont toujours isolés et vivent à la marge de la société. Ils se cachent et leurs actions sont toujours rejetées par les populations. Ceci est dû à ce que les terroristes ne portent pas en eux un projet fédérateur autour d'une vision du monde ou de la société partagée et porteuse d'espérance. Ils sont généralement nihilistes, anarchiques et individualistes. Et il est impossible de les encadrer. Si les résultats dus à leurs actions sont généralement douloureux, ils ne constituent pas en fait une menace significative au pays.

La guérilla, par contre, est un terme utilisé pour décrire des combats, sans ligne de front, d'unités mobiles et flexibles pratiquant une guerre de harcèlement, d'embuscades, de coups de main menée par des unités régulières ou des troupes de partisans, (guérilla de Che Guevara en Bolivie). La guérilla peut être aussi bien urbaine que rurale. C'est une forme de lutte armée menée par des groupes dont l'objectif est politique. Ces groupes bénéficient généralement d'un appui politique déclaré ou caché, plus ou moins important, d'un ou plusieurs partis politiques, et du soutien d'une frange de la population locale qui épouse leur doctrine. Le soutien de la population est essentiel pour la survie de la guérilla.
Contrairement au terrorisme, elle ne vise pas d'une manière générale les civils, mais elle peut utiliser le terrorisme comme moyen dissuasif contre ceux parmi la population qui collaborent avec les forces de sécurité.
La guérilla peut être commanditée de l'extérieur (un Etat, une Internationale..) ou de l'intérieur (un ou plusieurs partis politiques).
La guérilla est généralement confinée dans un espace limité, dans la région où elle mène les opérations de combat.. Elle ne peut durer et survivre sans l'appui volontaire ou forcé de la population locale.
Le terme de Lutte armée, pris au sens littéral, désigne tout type de conflit utilisant des armes, y compris la guerre ou les formes violentes de révolution et de révolte.
De manière plus spécifique, l'expression est généralement utilisée pour caractériser différentes formes de la guerre asymétrique - incluant la guérilla et le terrorisme, et impliquant souvent des forces non conventionnelles - pratiquée par des groupes armés ne relevant pas de l'armée régulière, pouvant être des groupes paramilitaires ou des milices, agissant éventuellement dans un contexte de résistance armée ( Hamas, Hezbollah au Moyen-Orient), de guerre d'indépendance ( FLN), de guerre civile( Liban) ou simplement de forte violence sociale( Libye, Syrie, Yémen, Irak). Ce type d'actions inclut les attentats.
En ce qui concerne notre pays, lutte armée et guérilla sont loin de se réaliser. Les opérations de guérilla ne constituent pas un facteur de risque majeur pour la sécurité du pays. Elle constituerait un risque si elle était soutenue moralement et logistiquement par un ou des partis et des populations locales, avec l'appui plus ou moins déclaré d'un ou des pays étrangers.
Dans le cadre actuel tunisien, une guerre de guérilla ne peut pas être appuyée par un parti politique déclaré et reconnu. Dans le cas contraire, il s'agirait de l'acte de mort de ce parti dans les contextes politique et social actuels. Rien ne démontre l'existence d'un tel phénomène en Tunisie. Le recul affiché de certains partis politiques islamistes, suite aux développements dans la scène politique nationale, mais aussi régionale (Egypte en l'occurrence) et internationale (consensus dans la lutte contre le terrorisme) ; la psychologie du citoyen tunisien et son attachement à un modèle de société moderne, déjà incrusté dans son subconscient depuis des décennies ; Les acquis de la femme et son engagement de plus en plus combatif mais aussi modérateur ;et l'action virulente et déterminée de la société civile constituent un rempart solide à la mise en scène d'une telle menace.
La Tunisie n'est pas comparable aux autres pays du Moyen Orient ou du Sahel et Sahara. Le pays est homogène dans son ensemble, ce qui contribue à son invulnérabilité.
Les seuls défis à la sécurité sont constitués par deux menaces essentielles : le crime organisé et le terrorisme, deux phénomènes qu'il est possible de combattre et qui ne constituent pas une menace majeure à la cohésion et pérennité de l'état. Il faut remarquer que le crime organisé (surtout la contrebande) peut utiliser le terrorisme comme moyen de rétorsion violente contre les forces de sécurité.
Le phénomène « Daech » est étranger à notre pays. Il est fait pour Le Moyen Orient essentiellement. Daech est une armée irrégulière qui a profité de la décomposition des Etats comme l'Irak et la Syrie. Les armes qu'elle possède ont été prises aux armées de ces deux pays, avec la connivence de chefs militaires. Comment expliquer la variété de leur armement, chars de combat, mitrailleuses lourdes, missiles anti chars de tout type et armes anti aériennes ? Si sa présence est signalée en Libye, ceci ne constitue pas une menace majeure pour notre pays. Elle ne peut aussi, dans le contexte actuel, constituer une force offensive capable de forcer nos frontières, d'occuper une zone du territoire et de s'affirmer comme force de présence capable de déstabiliser le pays de l'intérieur. Il faut une armée régulière fortement armée pour cela. Seulement, Daech peut mener des actions terroristes, comme les enlèvements et les assassinats. Elle ne peut mener ce genre d'opérations que si elle est soutenue par des cellules terroristes implantées dans le pays.
Conclusion
Paraphrasant certains de nos experts, je dirais que « seule l'action policière, appuyée par un engagement citoyen vigilant et déterminé, peut éradiquer ces phénomènes ; mais le développement et la répartition équitable des richesses du pays contribuent aussi à la dissuasion ».
« Néanmoins, il est d'une grande importance la mise en place d'un arsenal juridique dissuasif « la fameuse loi anti terroriste », et d'un service national de renseignement offensif, les deux valorisés par une action sur le terrain des forces armées et des forces de sécurité ciblée et soutenue par l'Etat sur les plans moral, matériel et financier. L'assèchement des ressources suspectes de financement et la surveillance étroite et continue de la « toile » sont aussi nécessaires. »
Colonel major (R) Kamel Rouissi
Principales fonctions tenues depuis 2000 :
- Chef bureau Etudes/Organisation à l'Etat Major de l'Armée de Terre; Chargé aussi de la coopération internationale et de l'organisation des missions de maintien de la paix dans le monde;
- Attaché militaire, naval et de l'air auprès de l'ambassade de Tunisie au Caire;
- Représentant de la Tunisie à la commission militaire permanente auprès de la Ligue arabe / le Caire ;
- Secrétaire Général du Centre Euro Maghrébin de Recherches et d'Etudes Stratégiques (CEMRES) dans le cadre de l'initiative 5+5 Defense ;
- Commandant l'Académie Militaire ;
- Directeur Général des Munitions et de l'Armement.


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