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La lutte anti terroriste : Aux grands maux les grands remèdes
Publié dans Business News le 13 - 06 - 2013

Les fossoyeurs de la révolution ont, depuis quelques mois, pris l'initiative stratégique. La situation générale empire jour après jour et la classe politique : Pouvoir, ANC, et Opposition, semble en déphasage total avec la société car tous sont impatients plus que jamais, d'être propulsés au sommet du pouvoir. C'est ce qui explique à la fois l'accélération de leurs courses aux élections et le discrédit populaire qui frappe leurs démarches. Ces mégalomaniaques ont démontré, tous, leur incapacité d'améliorer quoi que ce soit des conditions de vie du citoyen moyen.
Que de promesses ! Que d'engagements ! Et pourtant, ça continue. Le citoyen ne croit plus rien de leur bavardage quotidien aussi stérile qu'inutile, il conclut à une complicité de forces occultes (groupe de pression, mafia politico-financière, etc) pour faire durer le calvaire et éterniser le statu quo. A ce cirque de pseudo- leaders politiques viennent se mêler « les barbus » de la mouvance intégriste qui proclament le « jihad » contre un régime d'apostats et menacent tout ce qui incarne l'Etat, s'appuyant vraisemblablement sur une fatwa d'Ibn Taymia qui permet « de supprimer les deux tiers pour sauver le tiers ».
A l'évidence, notre pays ne peut plus continuer dans ce rébus politique sans aller au devant de très gros risques d'implosion. Il faut être atteint de cécité pour ne pas voir se profiler à l'horizon le spectre du scénario algérien. Tous les ingrédients du chaos, en termes de dégression sociale, de violence politique, de terrorisme intégriste et de résurgence de certains fléaux sociaux, sont largement réunis.
Il y a de l'indécence à polémiquer et, à plus forte raison, à surenchérir sur les notions qui prétendent recouvrer les solutions de cette crise à répétition qui frappe notre pays. Notre peuple a appris, dans cette souffrance qui s'étire et qui broie, qu'en la matière, il ne peut exiger de quiconque qu'il produise des recettes miracles ou qu'il s'engage dans des défis dont l'issue dépend moins d'une volonté personnelle que de la résultante d'un gigantesque effort général à une échelle nationale.
S'il est un devoir, en ces jours maudits, c'est le devoir de prendre les décisions énergiques contre les maux graves et dangereux, à savoir de mener un combat sans merci pour venir à bout du terrorisme d'où qu'il vienne. A cet effet, il faut s'aligner derrière notre véritable Armée dans sa lutte impitoyable imposée par les intégro-terroristes qui la jugent « d'impie » et de « taghout » donc condamnable, par contumace, à la peine capitale pour ne pas s'allier à leur cause de restaurer la « Daoula Islamia ».
Pour ma part, je me considère toujours soldat fin prêt pour reprendre du service avec honneur et bonheur. J'adhère, sans doute, à la démarche globale qui va dans le sens de l'éradication totale du virus intégriste introduit dans la société sous couvert idéologique et religieux au sens salafiste du terme c'est-à-dire ultra radical.
L'expérience algérienne en matière de lutte anti terroriste, dont j'étais un témoin oculaire durant 3 ans me suggère des règles d'or que je cite ci-après à toutes fins utiles :
1. Il faut se rendre à l'évidence que toute recherche de compromis avec ces fanatiques est nulle et non avenue. Ils sont parfaitement insensibles aux paroles incantatoires ou imploratoires.
2. Toute action ou contre-action armée, dans le cadre de maintien de l'ordre public ou de lutte antiterroriste doit reposer avant tout sur une stratégie élaborée en fonction de la dimension des objectifs à atteindre, de la nature du danger de la cible à neutraliser et des degrés de connaissance du terrain. Il ne s'agit pas uniquement de moyens matériels et humains, il s'agit d'une approche réfléchie de calculs d'ordre sécuritaire bien mesurés, d'une connaissance quasi-parfaite du mouvement intégriste en général et de sa fonction armée en particulier de la plus modérée à la plus radicale ainsi que ses réunificateurs logistiques idéologiques avec leurs relais hors frontières.
3. Il ne faut surtout pas attendre une manifestation terroriste pour enclencher le dispositif sécuritaire. L'action doit être menée « avant coup ». l'Armée nationale et populaire (ANP) algérienne a souffert de ce côté-là. Handicapée du centralisme des décisions qui caractérise les armées de l'ex-bloc de l'Est où toute initiative doit recevoir l'agrément des plus hauts échelons de la hiérarchie, les unités de l'ANP interviennent souvent « après coup ». Devant un adversaire presque invisible agissant au sein d'une population souvent résignée à son destin.
Le manque d'initiative rend, ainsi, problématique toute action antiterroriste. Aussi, la couverture sécuritaire doit s'élargir même aux zones où le terrorisme demeure encore inconnu. En somme, l'intervention ne doit pas être circonstancielle. Harceler, traquer, pourchasser les terroristes dans leurs propres fiefs et en permanence relève de l'élémentaire dans la lutte contre le terrorisme.
4. Compte tenu des avantages que présentent les grandes cités en matière d'infiltration et de noyautage, l'emploi de l'outil traditionnel du renseignement ajouté aux techniques modernes de recherches et d'investigations permettent, en zone urbaine, de diminuer la portée des actes de terreur. En zone montagneuse ou désertique il a été établi que les DRONES (avion furtif sans pilote et de haute technologie) sont devenus de nos jours la principale arme en matière de lutte antiterroriste. La France, puissance mondiale de renom et l'Algérie viennent de solliciter le concours des DRONES US pour soutenir leurs interventions respectivement au Mali et au complexe gazier d'Ain Amenas.
5. A l'ère de l'information, le renseignement est devenu une arme stratégique capitale, celui qui s'en prive s'expose à tous les périls. En Tunisie, la vulnérabilité du pays est mise à nue après le démantèlement de la Sûreté de L'Etat. Je préconise, non seulement, la remise de cette structure fondamentale, mais aussi de lui allouer les ressources nécessaires et ne pas lésiner sur les sacrifices à lui consentir. Sur un autre plan, il n'est pas sans intérêt de penser à introduire l'élément populaire dans le domaine de l'information à savoir le recours à l'initiative citoyenne et au bénévolat populaire. A cet effet, je préconise ce qui suit :
a. La mise en place de « Comité de Vigilance Populaire » dans tous les villages, les quartiers, Houma et Douar.
b. L'organisation d'un réseau d'information chapeauté par d'anciens militaires et mis à la disposition des forces compétentes.
c. La mise en place de groupes d'animation au niveau local et régional pour combattre la propagande et l'intox terroriste.
Ce faisant, on finira par gagner la confiance de la population, entretenir sa vigilance et éviter que celle-ci ne s'émousse avec le temps.
6. Afin d'éviter une usure prématurée au sein des unités qui mènent un combat antiterroriste trop étalé dans le temps et dans l'espace, il est recommandé de procéder à l'économie des forces et surtout éviter d'éparpiller ces moyens car, comme disait Mao, « à vouloir frapper partout on finit par n'être fort nulle part ».
7. Aussi ce genre d'opérations s'apparente plus au combat de guérilla qu'à une guerre classique, donc il exige mobilité et rapidité d'exécution de raids, sous forme de coup d'éclat, car une armée lourde est condamnée à l'usure face à un adversaire qui se signale par une maîtrise du terrain sachant que les terroristes agissent souvent dans les régions dont ils sont originaires.
8. D'autre part, la spécialisation des unités est primordiale pour ce genre de combat ; par exemple, pour le cas de Châambi, le combat exclut logiquement l'emploi des unités de la Garde nationale, plutôt entrainées pour le maintien de l'ordre et le combat antigang en milieu semi-urbain. Dans les milieux peu accessibles, le combat est l'affaire de l'armée et plus spécialement des fantassins et des commandos héliportés appuyés par des artificiers du génie militaire et le cas échéant de l'artillerie lourde et de l'aviation.
Dans certaines armées, on emploie des formations ad-hoc tels que les chasseurs alpins français qui sont destinés au combat exclusif en montagne. Pour le cas tunisien, je préconise la création de ce qu'on appelle des « Task- Forces» spécialisées dans la lutte antiterroriste. Ces Task-Forces sont constituées de militaires pour les milieux hors zone urbaine et de gardes nationaux et police en milieu urbain. Elles seraient mises sous un commandement unique qui bénéficierait d'une large autonomie dans la prise de décision.
Par ailleurs et comme l'a montré l'expérience algérienne, il faut souligner que tous les groupes armés ne sont pas constitués de membres « à plein temps ». Il y a de nombreux terroristes à temps partiel dont la tâche consiste à mener à bien une ou deux opérations avant de retrouver une vie normale. Ils sont alors utilisés pour établir des contacts, transmettre des ordres et surtout localiser les cibles à abattre plus tard. Ces « intérimaires » sont les éléments les plus difficiles à dépister. Les Comités de Vigilance populaires proposés ci-haut peuvent être d'une extrême utilité pour cette tâche.
9. Devant l'ampleur du désastre créé par le terrorisme, les autorités algériennes avaient cru devoir s'en remettre aux citoyens (paysans en particulier) pour qu'ils assurent leur propre défense. Elles ont créé le corps de « Groupe de Légitime Défense » en appoint aux forces de sécurité. Or, l'octroi des armes à ces civils s'est avéré calamiteux. Il a aboutit à des bavures atroces compte tenu de la conjoncture marquée par des contradictions idéologiques de fond et des confusions de divers ordres, et ce dans une société encore dominée par des rivalités tribales. A souligner que ces armes de guerre terminent souvent dans les mains des terroristes car détenues par une population que rien ne prédestinait à cela.
10. Le cycle de la violence en Algérie a duré plus de deux décennies (la 1ère action armée fut l'attaque du poste de Gammar situé sur les frontières tuniso-algériennes lancée le 29 novembre 1991). La lutte antiterroriste n'est pas encore arrivée à bout des groupes armés qui sévissent encore dans quelques régions du pays. Ce constat appelle à l'interrogation sur les limites de l'option du « tout sécuritaire ».
11. La communication sécuritaire, qui a plus ou moins cafouillé ces derniers temps (la mort de l'adjudant chef Mbarki par feu ami survenue le 02 Juin 2013) entretient le doute et la rumeur et discrédite à la longue l'autorité de l'Etat vis-à-vis du public. On est allé de l'information détaillée au black-out le plus total. Cette affaire très délicate ne doit en aucun cas échapper à la gestion exclusive des pouvoirs publics et ce selon une stratégie de communication bien réfléchie et cohérente.
Les indices d'une économie sinistrée qui poursuivent leur plongée vers le fond de l'abîme, les horizons bouchés pour des milliers de jeunes qui vivent une situation de désespoir, la pression du terrorisme qui continue à faire saigner nos forces de sécurité, sont autant de conditions qui montrent que le fond de la crise-mère est toujours là.
Pendant ce temps une poignée de gens au pouvoir, s'agrippant à la légalité, ne se préoccupe politiquement que de faire éterniser le système en place laissant le petit peuple vivre dans l'expectative, d'autant plus que le retour imminent des « syriens », des « maliens » et d'anciens afghans risque d'embrouiller une situation déjà complexe. C'est dire que nos forces de sécurité auront encore du pain sur la planche, mais si nos braves soldats n'hésiteront pas à affronter le danger pour leur pays, les jeunes du camp adverse ne savent pas pourquoi et pour qui ils risquent à chaque instant de mourir. Un esprit éclairé a dit ; « il y a un malheur plus grand en ce monde que de mourir, c'est de mourir pour rien ».
* Mohamed Kasdallah est Colonel en retraite, ancien attaché militaire auprès de l'ambassade de Tunisie en Algérie et Président de l'association Anti-Violence, « Tolérance et Réconciliation »


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