Cessez-le-feu à Gaza : Le Hamas réagit positivement à la proposition de Biden    Roland-Garros : Ons Jabeur se qualifie pour les huitièmes de finale en battant Leylah Fernandez    Tunisie – Sousse : Augmentation du prix du mouton de sacrifice de 50% par rapport à l'année dernière    Tunisie – Chine : Signature de mémorandums d'entente et d'accords clés    Mandat de dépôt contre Mondher Ounissi    En vidéo : Kais Saied dépose une gerbe de fleurs à la mémoire des Héros du peuple à Pékin    Désignation des membres de la commission de suivi et de l'évaluation des missions    Tunisie: 20 événements sismiques enregistrés depuis le début de l'année dont 11 au mois de mai    Ridha Chkoundali: Pour réduire le déficit commercial avec la Chine, il faut attirer des investisseurs chinois (Déclaration)    Bourse de Tunis: Plus de 23 mille inscrits à la 11ème édition du Challenge Myinvestia    Une vie perdue toutes les 40 minutes en Tunisie à cause du tabagisme    GITEX AFRICA Morocco 2024 : lancement de l'événement rassemblant les experts technologiques les plus influents du continent,    L'équipe nationale : Première séance d'entraînement au stade Chedly Zouiten    Olfa Abdelkefi Chakroun: L'architecture et l'empathie    La société Eagle Pictures de Tarak Ben Ammar distribuera le film Megalopolis de Coppola    Tourisme – Formation professionnelle : La formation métier, l'élément clé de la compétitivité    Hassen Guizani : la grande majorité des secteurs seront soumis au contrôle du Conseil de la concurrence    Andriy Lunin écarté du groupe de Real Madrid avant la finale    Signature d'un accord de jumelage touristique entre la Tunisie et l'Algérie    Rencontre Kaïs Saïed-Li Qiang : La Chine œuvre à encourager les entreprises chinoises à investir en Tunisie    Forces tunisiennes de maintien de la paix dans le monde : Plus de 60 ans d'efficacité et de haute moralité    Renforcement des relations sino-arabes : La Tunisie choisie pour accueillir la 11e Conférence ministérielle    Fethi Zouhair Nouri: Améliorer le système de protection des consommateurs de services financiers    Jendouba: Maîtrise d'un incendie dans un champ de blé    Festival international de Hammamet, du 5 juillet au 3 août 2024 : De belles prémices !    Sixième édition du Festival International des Musiciens et Créateurs en situation de handicap : Célébrer l'inclusion, la diversité et le pouvoir transcendant des arts    Festival International des Arts du Cirque et de la Rue, du 1er juin au 5 Juillet : L'émerveillement sous le chapiteau !    Moncef Boukthir : on devrait interdire la vente de tabac aux alentours des établissements scolaires !    Urgent : Les billets du derby épuisés    Sfax : Démantèlement d'un réseau criminel actif dans l'immigration illégale    Le CSS se déplace à Monastir pour défier l'USM : A quitte ou double    Météo : Temps nuageux sur la plupart des régions    Alerte Santé : 17% des adolescents tunisiens accros aux cigarettes électroniques    Le maintien par la FIFA du Bureau Fédéral jusqu'au 30 juin : Un moindre mal    Tarchoun : des entités politiques cherchent à salir l'ARP en portant plainte contre les députés    Urgent : Secousse tellurique à Bizerte    Wael Dahdouh met fin à sa visite en Tunisie pour des raisons de santé    Vague de chaleur mortelle en Inde    Tunisie: Ce dimanche, accès gratuit aux musées    Sputnik : Biden autorise l'Ukraine à cibler des cibles en Russie avec des armes américaines    Quatre migrants subsahariens périssent dans un accident de la route    La Chine réitère sa volonté d'investir en Tunisie    Donald Trump reconnu coupable à son procès pénal    Kaïs Saïed, Ons Jabeur, Hatem Mziou… Les 5 infos de la journée    Une vidéo de Cristiano Ronaldo à propos de la Palestine : authentique ou trucage ?    Le Festival du Cirque en Tunisie revient dans une 7e édition du 1er juin au 5 juillet 2024    Un vaccin révolutionnaire contre le virus FLiRT en Vue    'Les yeux d'une mère' une campagne signée 3SG BBDO pour Volkswagen Tunisie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Gouvernement Chahed: "Que pour être efficace, il faut cacher ses intentions !"
Publié dans Leaders le 07 - 08 - 2016

Par Hédi Sraieb - Cette citation Machiavel (discours sur la première Décade de Tite-Live) résumerait bien à elle seule l'aboutissement de la démarche initialisée par le Président en vue de redonner un second souffle à l'action gouvernementale. Le locataire de Carthage aura réussi son pari, celui d'arracher à la quasi-totalité des formations politiques un accord formel autour de finalités générales qui ne pouvaient échapper à la règle du sacro-saint unanimisme, tradition puissamment ancrée dans les mœurs politiques du pays comme dans la conscience collective. Qui pourrait être opposé à la lutte contre le terrorisme, contre la corruption, pour une croissance plus équilibrée pourvoyeuse d'emplois décents ! Quels moyens, quelle stratégie à court et à moyen terme, il n'en sera nullement question!

Car le président a pris grand soin de lier le consensus sur les orientations à la constitution d'un gouvernement d'union nationale censé mettre en œuvre cet accord, gouvernement auquel toutes les forces vives du pays étaient appelées à participer, sans exclusive d'aucune sorte. Une fois l'accord scellé, il ne restait plus au Président qu'à reprendre la main. Saisir l'opportunité qui se présente dirait Machiavel, avec la fulgurance qui sied à la circonstance: imposer un premier ministre de son choix!

Le président aura dérogé au principe d'unanimité, tout en se conformant à l'esprit de la constitution. Une manœuvre réussie. Pour preuve s'il en fallait une, le dépit affiché par certaines formations. Mais il est bien trop tard, d'autant que le premier ministre est jeune (promesse de campagne), compétent et issu du groupe parlementaire ayant gagné les élections.

Le président réalise ce tour de force de réaliser le changement dans la continuité. Quitte à abuser de citations de Machiavel, il en est une qui a dû traverser l'esprit du Président «Contenter le peuple, et ménager les grands, telle est la maxime de ceux qui savent gouverner». Le locataire de Carthage sait en effet les marges de manœuvre étroites et les engagements pris impossible à désavouer. La lettre d'intention solennelle signée au FMI n'autorise aucune inflexion si ce n'est les délais de mise en application…et encore!

Le chef du gouvernement une fois son équipe constituée n'aura d'autre loisir que mettre en œuvre les trop fameuses «réformes structurelles» exigées par les institutions internationales toutes unanimes.

Nous n'en sommes pas encore tout à fait là. Reste en effet à constituer un gouvernement élargi pouvant s'appuyer sur une majorité parlementaire renforcée et disciplinée. Une vraie gageure s'il en est! Le premier ministre va devoir faire preuve d'habileté et déployer des trésors d'ingéniosité pour arriver à boucler la formation de son nouveau gouvernement. Rajeuni, féminisé, resserré, espère-t-il ! Peu familier des pratiques d'arrangements et d'accommodements, il risque déjà d'y laisser beaucoup d'énergie et de désappointements…Mais c'est la loi du genre! Attendons.

«Sauver le pays» a bien été le leitmotiv martelé et rabâché au cours de ces dernières semaines ! Une rhétorique obsédante qui a fini par convaincre la quasi-totalité de la gente politique. Certes mais au juste de quoi ou de qui ? La crise aurait-elle pris une tournure plus aigüe ? Pas l'ombre d'un fait notable nouveau si ne n'est la poursuite d'une lente dégradation. On a quelque mal à saisir le degré d'urgence, pas plus significatif qu'il y a quelques mois en arrière, ni que dans les quelques mois à venir ! D'autant que la lutte contre le terrorisme a semblé avoir remporté ses premiers succès. Mais sans doute le Président a-t-il été agacé par l'extrême prudence du chef du gouvernement s'agissant de sa gestion du climat social. Trop de tensions et de conflits qui s'éternisent: Kerkennah, Gafsa.

La situation économique continue certes à se dégrader mais à un rythme moins rapide que durant la période crypto-islamique. La détérioration des grands équilibres, l'accroissement des déficits publics et parapublics ne sont pas le fait du gouvernement sortant. La spirale récessive s'est amorcée dès le lendemain de la révolution, depuis les gouvernements successifs se sont contenter de la contenir.

Manifestement le Président a pris acte d'une usure prématurée du gouvernement et de son premier ministre. Il a sans doute jugé le moment propice de tourner la page, et comme partout ailleurs, faire sauter le fusible. Le nouveau gouvernement devrait en toute logique bénéficier d'un nouvel état de grâce, d'autant plus nécessaire que se présente des échéances jugées décisives, celle de la grande conférence internationale sur l'investissement en novembre de cette année, puis celle des élections municipales quelques mois plus tard.

Les prochaines semaines, outre d'être instructives de précieuses indications quant à la conduite future des affaires, devraient réserver encore quelques surprises quant au choix des personnes. Mais sur le fond cette cohabitation à la tunisienne devrait être reconduite autour des vrais-faux frères ennemis et complétée par quelques figures issues de partis signataires de l'accord. Autant dire un renouvellement quasi à l'identique poursuivant la même politique…. aux effets cosmétiques près…s'entend!

C'est précisément dans cet aboutissement que l'on mesure tout le génie du Président véritable alchimiste de la politique non pas tant en changeant du plomb en or, mais bien plus surement en réunissant à faire croire que l'on peut faire du neuf avec du suranné. Car ne nous y trompons pas, l'âge, la technicité, la compétence, la probité ne changent rien à l'affaire.

Ces qualités, aussi brillantes soient-elles, masquent une adhésion sans faille à une même conception de la société, au même paradigme développementiste, à une même vision néo-libérale des réformes. Le nouveau chef du gouvernement va sans surprise reprendre à son propre compte et sans le moindre état d'âme les projets législatifs réglementaires et organisationnels en attente: l'adoption de la loi sur l'investissement, la promulgation du dispositif d'incitations fiscales et financières à l'investissement (code des impôts), la finalisation des décrets d'application de la loi sur les PPP (concession de traitement des eaux ?), l'adoption de la loi sur le recul de l'âge de la retraite, l'entame de la réforme de l'administration et des services publics (gel des recrutements et non remplacement des départs à la retraite, mise en œuvre d'un plan de départs volontaires, réduction des subventions et poursuite de la désindexation des salaires), la restructuration du secteur public par la poursuite du désengagement de l'Etat des activités jugées non stratégiques, la mise en œuvre de la simplification des procédures administratives et la réduction du nombre d'autorisations préalables….en somme le mémorandum des politiques économique et financière (MPEF), engagement pris par l'Etat à l'égard du FMI !

Des réformes à peine entamées que d'aucuns qualifient impudemment, éhontément de «douloureuses et impopulaires» et qui attendent donc le nouveau chef du gouvernement. Retardée et repoussée de mois en mois par les derniers gouvernements, ce qu'il faut bien appeler par son nom véritable, «une politique austéritaire», le futur premier ministre se sait au pied du mur. Il va devoir appliquer cette politique et aucune autre et pour se faire mobiliser des ressources de pédagogie et de persuasion, sans commune mesure avec celles de ses prédécesseurs. Alors on peut toujours ergoter pendant des heures sur l'âge du capitaine (sans lien avec ce que l'on attend de lui), se laisser éblouir par la poudre aux yeux lancée par une éditocratie militante jamais en reste de psychologisme dithyrambique là où on attend une lecture plus politique : Une personnalité aux convictions social-libérales choisie à dessein!

Qu'à cela ne tienne! Le nouveau premier ministre n'en mérite pas moins respect et civilité même si l'on peut craindre que l'action de son gouvernement ne mène vers une nouvelle impasse!

Hédi Sraieb
Docteur d'Etat en économie du développement


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.