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A-t-on vraiment besoin d'une «police verte» ?
Publié dans Leaders le 26 - 10 - 2016

Englué dans les querelles autour du budget 2017, tétanisé par les manifestations d'égoïsme, le pays semble avoir mis sous le tapis quelques questions torrides. Politique de l'autruche ou politique de Gribouille? Retour à 1864 et à Ali Ben Ghedhahem, à l'époque où la majba ne pouvait rentrer dans les caisses de l'Etat que par la force, à la pointe des baïonnettes, par le déploiement de la mhalla et par les dragonnades d'un général Zarrouk de funeste mémoire ? Le philosophe Karl Marx enseigne: «Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans des conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé.»
Memoire courte?
Si pour Redeyef et Bousalem, des mesures sont en train d'être prises pour les protéger des colères de l'ouèd Dakhla et de la Medjerda, il n'en demeure pas moins que le pays semble avoir oublié les inondations du vendredi 23 septembre 2016 et le grand désordre vécu, ce jour-là, par Sousse et Tunis, entre autres. Il faut enfin tirer les leçons de ces évènements récurrents. Dans l'immédiat après-guerre, dans la médina de Bizerte, les égouts étaient régulièrement entretenus et leurs boues soigneusement évacuées. Aujourd'hui, les flaques nauséabondes se rencontrent partout et les braves égoutiers de Menzel Jemil ne sont plus qu'un vague souvenir. Les plastiques (emballages, pots de yaourt, sacs…) et les ordures bouchent dans les canalisations d'où ces débordements et ses flaques malodorants avec leur cortège d'insectes qui accueillent aujourd'hui le visiteur à Sanièt Erroumèn, Zgag Essid et à la Minzah voire à la rue du 2 mars, sous les fenêtres de la Municipalité. Une politique concernant les plastiques, la collecte des ordures et l'entretien des canalisations devrait être définie par les autorités. Ce qui risque d'être ardu car notre mal a un nom: le manque d'entretien et la maintenance déficiente. La télévision a montré, le 21 octobre 2016, l'état lamentable des engins de la municipalité de Bizerte à l'occasion de la visite du ministre.
En France, aucun commerce ne fournit plus de sacs en plastique et la Mairie de Paris est fière d'afficher partout dans la ville qu'elle en recycle 3000 tonnes. En Tunisie, on ne compte plus les tentatives d'interdiction des sacs mais les corporatismes sourds et aveugles qui ne voient pas plus loin que leur nez et leur livre de comptes arrivent toujours à imposer leur volonté. Lors de la conférence onusienne consacrée aux villes qui s'est tenue du 17 au 20 octobre 2016 à Quito (Equateur), les 193 Etats participant ont témoigné de la justesse des vues de M. Ban Ki-moon qui disait déjà en 2012: «Notre lutte pour la durabilité mondiale sera gagnée ou perdue dans les villes».
La production mondiale de plastique se monte annuellement à 300 millions de tonnes dont une partie considérable aboutit en milieu urbain. La Tunisie s'urbanise et ses villes doivent relever les défis de la durabilité pointés à Quito: lutte contre l'exclusion, emploi, santé, assainissement, réseaux d'énergie et de données, transport, logement… Ce ne sera possible que quand nos parlementaires et notre gouvernement auront enfin décidé de doter nos villes de conseils municipaux élus. Il appert que ni le gouvernement ni l'ARP ne sont pressés. Calculs de basse politique! On n'entend guère parler de l' «Instance du développement durable et de la protection des droits des générations futures» prévue pourtant par l'article 129 de la Constitution du 27 janvier 2014. Sans vouloir blesser qui que ce soit, c'est un rouage au moins aussi capital pour le pays qu'un autre… mais certains choix nous disent beaucoup de notre société et de ses priorités. De fait, la catastrophe écologique et «la société monstrueuse du déchet» - comme le dit M. Jean-Luc Mélenchon - n'impressionnent plus personne chez nous. Mais les pouvoirs de Sidi Mehrèz - avec tout notre respect - seraient bien incapables de nous débarrasser des montagnes de déchets et des tonnes de plastique sans recyclage, incinération correcte, tri sélectif et discipline. Certains pays et certaines villes nous montrent le chemin à suivre, écrit la prestigieuse revue scientifique Nature de Londres (vol. 502, 31 octobre 2013, p. 615-617). San Francisco s'est fixé un but: zéro déchet en 2020. Comment? Grâce à la réduction des emballages et au recyclage. Le Japon produit moins de déchets que les Etats Unis bien que les deux pays aient pratiquement le même PIB par habitant. La ville japonaise de Kawazaki arrive à éviter la production de 550 000 tonnes de déchets industriels par an - plus que la production de ses déchets ménagers - en connectant les industries du ciment, de l'acier, de la chimie et du papier dans un écosystème industriel:les déchets d'une industrie peuvent être réutilisés voire servir de matière première pour une autre. Quant à la Tunisie elle peut parfaitement se mettre au compostage. On procurerait ainsi un appui de valeur aux jardiniers et aux agriculteurs et on protégerait les sols. Des immeubles parisiens produisent du compost de façon routinière.
Si tu oublies ton environnement….
Les Tunisiens - face aux faiblesses chroniques des transports publics - sont accros à la voiture. Nos embouteillages sont devenus gargantuesques et nul ne prend la peine d'en évaluer le coût en carburant et en heures de travail évaporées. Sur le plan environnemental, le gaz carbonique, l'ozone, les oxydes d'azote, les composés soufrés et les particules fines sont omniprésents dans l'air de nos villes et nombreux sont ceux qui, se croyant malins, utilisent des carburants douteux de contrebande riches en soufre, semble-t- il. L'impact sur la santé de ces composés doit entrer en ligne de compte. A noter ici que la ministre de l'Environnement suédoise, Isabella Lövin, demande à l'Union Européenne d'envisager l'interdiction de la vente des véhicules à essence ou diesel à compter de 2030. De son côté, le Parlement allemand (Bundesrat) a adopté une résolution (non contraignante) en ce sens en septembre dernier. Quant au gouvernement suédois, il s'est fixé pour objectif une énergie 100% renouvelable dans le pays d'ici 2040. Sans aller à ces extrémités pour le moment, il est possible de rêver: que notre ministre de l'Environnement – ce disciple d'Esculape et d'Hippocrate - veuille bien se pencher sur les effets de la circulation automobile sur la santé (maladies cardio-vasculaires et pulmonaires, cancers, asthme et allergies… pour ne rien dire de la mortalité sur les routes) de ses concitoyens et que notre gouvernement prenne des engagements sur le solaire et l'éolien.
Sur un autre plan, l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) annonce dans son dernier bulletin annuel que la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère est passée à un nouveau seuil significatif: 400 ppm (parties par million). Ce chiffre - symbolique - marque selon l'OMM, «l'avènement d'une nouvelle réalité climatique». Ce chiffre est mondial et constaté sur une année entière. Il pourrait se poursuivre en 2016 voire «pour des générations à venir» prévoit l'OMM qui note une accélération notable de la concentration de ce gaz dans l'atmosphère. La concentration de CO 2 dans l'atmosphère a augmenté de 144% depuis l'époque préindustrielle. Il y a donc urgence à réduire les émissions de GES dit l'OMM car le gaz carbonique a déclenché la sécheresse et réduit la capacité d'absorption par les puits que sont les forêts, les autres formes de végétation et les océans.
L'Humanité ne peut plus se permettre de faire comme Abou Nawas: «Aujourd'hui, c'est le jour de la dive bouteille et demain est un autre jour.» Non, il faut agir et maintenant!
«L'histoire est une course entre éducation et la catastrophe» (H.G. Wells)
Mais voilà que le pays est passé à autre chose, à «la police verte», celle qui va veiller sur notre environnement. Cette nouveauté est-elle bien nécessaire à l'heure où, comme le dit Victor Hugo dans Ruy Blas:
« L'Etat est indigent, L'Etat est épuisé de troupes et d'argent»?
Mme Maherzia Amira Bournaz évoquait, dans son bel ouvrage «C'était Tunis 1920», le jour du grand nettoyage de la maison familiale dans la médina: «Après avoir passé la jerida sur le plafond et les murs pour les dépoussiérer, [ma mère] lavait le sol en versant des seaux d'eau puis elle balayait le tout, pendant que Khira et moi, nous restions en bas de l'escalier avec pour mission d'empêcher l'eau de se déverser dans la rue, car c'était interdit. Les agents de police venaient verbaliser ceux qui laissaient l'eau ruisseler sur la voie publique». Comme on le voit, la police suffisait pour faire respecter la loi. Elle était même considérée comme irréprochable à cet égard. Au temps où les étudiants du défunt Institut des Hautes Etudes de la rue de Souk Ahras animaient la rue des Tanneurs et la rue de Rome, les commerçants et les cafetiers racontaient cette anecdote: dans les années 1930, un matin, passant devant l'Eglise orthodoxe grecque, le commissaire de police de Tunis aperçut quelqu'un secouant un tapis sur son balcon. Ce qui était interdit. Il intima derechef l'ordre à un agent qui l'accompagnait d'aller verbaliser cette personne. «Mais c'est votre épouse, chef!». Et ce dernier de répliquer: « Elle devrait respecter le règlement mieux que personne. Vas-y, je te dis». Peut-être mieux que la police, l'éducation serait le meilleur garant pour protéger notre environnement car dit Ali Ibn Abi Talèb: «Aucune richesse ne peut vous apporter autant de profit que l'esprit». L'implication des géologues, des botanistes, des chimistes…. et de tout ce que le pays compte comme savoir est nécessaire. Il faut que ces experts et les associations se mobilisent et aillent dans les écoles et les lycées porter la bonne parole au sujet des arbres, de la biodiversité(1), des côtes, des cours d'eau, des produits toxiques que sont les pesticides utilisés à tort et à travers dans notre pays, sans périmètre d'épandage ni zones tampons et des énergies renouvelables. Les médias et notamment la télévision pourraient faire plus à cet égard en mettant l'accent sur les questions environnementales plutôt que sur ces quelques émissions trash qui polluent nos écrans. Car l'environnement dépasse de loin «les affaires locales». Il ne se réduit pas à la collecte des déchets urbains: il est l'affaire de nos côtes, de nos fleuves, de nos montagnes, de notre faune, de notre flore, de nos oasis et de nos champs. Il est affaire de culture et de citoyenneté.
C'est l'affaire de la Nation et de son avenir.
(1)Il faut sensibiliser les tunisiens à l'introduction, cette semaine, dans Jebel Sarj (Siliana) de 40 gazelles provenant d'Almeria en Espagne et à la protection des faucons (lanier et peregrinus) de Jebel Ressas, de Zaghouan…..


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