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Omar Béhi: Un agriculteur au Commerce
Publié dans Leaders le 21 - 10 - 2017

Propulser un jeune agronome, agriculteur et syndicaliste agricole à la tête du ministère du Commerce : la surprise était totale. Même si Omar Béhi, 42 ans, aligne une première expérience d'un an de secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture, chargé de la Production agricole. Même si aussi, en tant que vice-président de l'Utap (Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche), il s'est impliqué dans la commercialisation des produits agricoles, avait siégé aux conseils d'administration de l'Office des céréales et du Groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait (Givlait). Même si, surtout, une nouvelle alchimie est à trouver entre les ministères de l'Agriculture et du Commerce. L'effet de surprise risque cependant d'être de courte durée, Omar Béhi sera jugé sur son action.
Quelques jours seulement après son arrivée au Commerce, il parviendra à y réunir trois de ses importants homologues, les ministres de l'Intérieur, de l'Agriculture et de la Santé. Ensemble, ils devaient engager un plan soutenu de contrôle économique et de lutte contre les produits avariés. L'actualité était en effet défrayée courant septembre par nombre de cas très graves suscitant la vive réaction des consommateurs. Il fallait donc prendre le taureau par les cornes et s'y attaquer ensemble. Un bon démarrage.
«Je n'ai ni la prétention, ni le génie, de tout comprendre en quelques jours. Mais, j'y mettrai toute ma bonne volonté», nous confie humblement le nouveau ministre dans une interview à Leaders. Comment est-il venu à l'agronomie et à l'Utap ? Quelles sont ses relations avec Youssef Chahed et comment a-t-il rejoint son premier gouvernement, avant d'être promu au Commerce tout récemment ? Quels sont ses principaux objectifs à la tête de ce département et comment compte-t-il procéder pour les atteindre
Comment avez-vous été nommé ministre du Commerce!
Pour être franc avec vous, encore une fois, je ne m'y attendais pas. En ce mercredi 6 septembre dernier, Tunis et les médias bruissaient de rumeurs, parfois contradictoires quant au remaniement ministériel annoncé comme imminent. Certaines «fuites» sur des journaux électroniques me donnaient promu ministre du Commerce. Vers 10 heures, Youssef Chahed m'appelle au téléphone pour m'annoncer sa décision. Je l'en ai remercié. J'ai compris que pour ce secteur de grandes tentations, il cherchait un homme de confiance qui connaît déjà le ministère pour l'avoir pratiqué du côté de l'Agriculture. Il savait aussi que malgré mon caractère fort m'amenant à solliciter les autres sans relâche, je suis en fait assez cool, capable d'animer les équipes internes et aboutir avec nos divers interlocuteurs aux compromis appropriés. Chahed a été bref au téléphone. «Je sais que c'est un grand challenge, tu as tout mon soutien», conclura-t-il.
Le ministère du Commerce ne m'est pas inconnu. Déjà de par mes anciennes fonctions à la direction de l'Utap, j'étais impliqué dans nombre de ses instances. C'est ainsi que j'ai siégé au conseil d'administration de l'Office des céréales et à celui du Groupement interprofessionnel des viandes rouges et du lait (Givlait). J'avais également représenté l'Utap au sein de la commission nationale chargée de la négociation de l'Aleca avec l'Union européenne. Ces liens se sont renforcés quand j'ai été nommé secrétaire d'Etat à la Production agricole. Avec mon homologue, mais aussi les services, on s'appelle plusieurs fois par jour, c'est du flux tendu.
Vous n'êtes pas à votre première surprise, avec Youssef Chahed. Déjà, vous en aviez eu un avant-goût en 2016 ?
C'était différent ! Tout en participant intensivement à la transition démocratique en Tunisie en tant qu'organisation nationale significative, l'Utap n'a pas voulu participer directement aux élections de l'ANC en 2011 comme aux législatives en 2014. Elle a laissé toute latitude à ses adhérents d'en décider à titre personnel. Il en a été de même lors de la constitution des gouvernements successifs. Lorsqu'il a été chargé de former son gouvernement en août 2016, Youssef Chahed nous a invités à lui faire part de notre point de vue sur l'ensemble de la situation. J'avais accompagné le président de l'Utap, Si Abdelmajid Ezzar, lors de cette rencontre, mais nous avons réitéré au futur chef de gouvernement notre position de principe de ne pas proposer de candidats. J'étais donc à mille lieues de penser que je ferais partie personnellement de son équipe. A telle enseigne que j'avais prévu de partir quelques jours en vacances à la fin du mois.
Samedi 20 août 2016, j'étais à l'aéroport sur le point de prendre mon vol, lorsque je reçois un appel de la présidence du gouvernement. Au bout du fil, on me passe Youssef Chahed qui me demande si je suis intéressé d'intégrer son gouvernement en tant que secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Agriculture, chargé de la Production agricole. Sans hésiter, je lui ai donné mon accord. Du coup, j'ai raccourci mon voyage et je suis rentré dès le début de la semaine pour prendre mes nouvelles fonctions.
Pourquoi avez-vous alors accepté ?
Pour plusieurs raisons, en fait. La première, pour être plus efficace. Agronome, agriculteur, syndicaliste, je voulais m'impliquer davantage, c'est donc là une bonne opportunité pour servir plus à partir d'une haute fonction opérationnelle. La seconde, c'est que le chef du gouvernement est lui-même issu du secteur. Il connaît bien l'agriculture et voudrait bien engager de grandes réformes en sa faveur. Son premier souci est d'amorcer une rentabilité économique intrinsèque des exploitations agricoles, faciliter l'accès aux crédits et accroître les encouragements de l'Etat pour les agriculteurs. Ce sont là trois priorités majeures. D'ailleurs, Youssef Chahed en fera la preuve, en tant que chef de gouvernement, jouant un rôle primordial dans les arbitrages.
On vous dit très proche de Youssef Chahed et que vous vous connaissez de longue date?
Nous n'étions pas les meilleurs amis d'enfance, inséparables. Nous nous sommes connus en faisant ensemble les classes préparatoires aux écoles agronomiques à l'Institut national agronomique de Tunisie (1993-1995). Nous ne ferons pas la même spécialité, m'orientant pour ma part vers la production végétale, puis les sciences des sols. Nous nous retrouverons à la même période en France, en 1998-1999, à l'Institut national agronomique Paris-Grignon, avant que je parte à Montpellier pour préparer ma thèse en génie des procédés - sciences du sol. Nous avons toujours gardé le contact. Nos chemins se croiseront de nouveau en 2015, lorsque Youssef Chahed sera nommé secrétaire d'Etat à la Pêche. Vice-président de l'Utap, j'étais en contact direct avec les divers services du ministère de l'Agriculture, entretenant une étroite collaboration avec les différents responsables. Nos rencontres n'ont fait alors que se multiplier et nos échanges s'intensifier.
Quels sont les grands objectifs pour le commerce tunisien?
Les défis ne manquent pas. En tête des priorités figurent trois objectifs majeurs, absolument prioritaires:
1. Réduire le déficit du commerce extérieur par la réduction des importations superflues et l'accroissement des exportations,
2. Maîtriser l'inflation par l'encadrement du prix de certains produits et le renforcement du contrôle économique,
3. Réformer les mécanismes de la compensation des produits de base. Il ne s'agit nullement de renoncer à la compensation mais de la cibler et de s'attaquer au trafic concernant certains produits.
Nous n'attendrons pas la tenue de conseils ministériels restreints pour décider et engager les actions conjointes de contrôle économique et de traque des malversations dans le secteur. Le chef du gouvernement nous a exhortés dans ce sens. La récente réunion qui a groupé au ministère du Commerce les quatre ministres en première ligne, à savoir ceux de l'Intérieur, de l'Agriculture, de la Santé et du Commerce, en offre une belle illustration. Et ce n'est que l'amorce de tout un programme.
Vous avez été à l'Agriculture et vous voilà au Commerce, quelles relations nouvelles sont à établir entre les deux départements?
Les ministres de l'Agriculture et du Commerce étaient en batailles continues, perdues d'avance pour les agriculteurs. Pour le Commerce, l'agriculture doit assurer la sécurité alimentaire, aux moindres coûts. Sans se soucier de l'impérative rentabilité de l'exploitation agricole. Ça ne peut plus être le cas aujourd'hui. Une alchimie est nécessaire à trouver pour devenir ensemble les ministères du producteur et du consommateur à la fois. Les urgences sont nombreuses : trouver des mécanismes de régulation rapides, réhabiliter les marchés de gros et y drainer le plus d'apports possibles en produits agricoles et de pêche, sachant que 50% de la production ne transite pas par les marchés de gros.
Vous avez été secrétaire d'Etat et maintenant ministre, comment vous conduirez-vous?
J'ai eu la chance de découvrir Hichem Ben Ahmed en rejoignant tous deux le gouvernement en tant que secrétaires d'Etat, lui au Transport et moi à la Production agricole. Nous nous sommes trouvés beaucoup d'affinités communes et, dans nos fonctions respectives, nous avons étroitement œuvré en parfaite synergie. Aujourd'hui, je suis fort heureux de pouvoir compter sur lui. Issu lui-même du ministère du Commerce, il jouit également d'une grande expérience dans l'administration centrale et régionale et connaît bien la communauté des affaires. Sa contribution sera précieuse.
Comment vous allez procéder au quotidien?
Au ministère de l'Agriculture, l'excellent climat d'entente et de franche collaboration instauré par le ministre Samir Taieb m'avait permis, ainsi qu'à mon homologue Abdallah Rabhi, de fonctionner en totale symbiose. Politicien, le ministre mettait utilement à l'aise et à contribution l'expérimenté hydraulicien connaisseur en plus des régions et l'agronome syndicaliste, mais aussi le chef de cabinet et l'ensemble de l'administration. Cette formule est gagnante. Je ne veux pas d'une relation de positionnement mais d'une complémentarité.
Le socle n'est autre que l'administration. C'est elle qui doit garder la main pour assurer la mise en œuvre de la politique du gouvernement, veiller à la gestion au quotidien et au bon fonctionnement des différents services. Nous avons la chance de disposer d'un excellent appareil, doté de bons outils et surtout riche en compétences. Il suffit d'apporter les moyens nécessaires, de mettre à jour les textes en vigueur, de moderniser le système d'information et d'améliorer les conditions de travail pour gagner en performance.
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