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Décès du militant Laroussi Ben Brahim, l'unique rescapé avec Béji Caïd Essebsi de la fusillade de l'armée française à Aïn Draham, en mai 1957
Publié dans Leaders le 20 - 02 - 2020

Figure de proue du mouvement national tunisien, Laroussi Ben Brahim s'est éteint mercredi soir à Tunis. Très proche de Béji Caïd Essebsi depuis plus de 60 ans, ils étaient tous deux les seuls rescapés d'une fusillade déclenchée par l'armée française, faisant une dizaine de victimes, le premier étant Khemais Hajri, alors secrétaire général du ministère des Affaires étrangèreres.
Président du comité national des résistants, il avait consacré sa vie, d'abord à la lutte pour l'indépendance, puis à l'édification de la République, avant de se dédier depuis de longues années à l'assistance à ses camarades de combats et à leurs familles. Issu de Bab Souika, quartier populaire et nationaliste de la capitale, il s'était distingué dès son jeune âge par son engagement actif au sein du Néo-Destour, autour de Bourguiba. Nommé délégué à Aïn Drahem, en 1956, au lendemain même de l'indépendance, il devait gérer l'épineuse question des réfugiés algériens, tout en s'occupant de la population. C'est à ce moment là que la fusillade meurtrière avait été déclenchée. Le récit en a été rapporté par Béji Caïd Essebsi, dans son livre Bourguiba – Le bon grain de l'ivraie (Sud Editions). Extraits.
Photo prise le 26 juillet 2019, à Dar Essalem, au Palais de Carthage, au lendemain-même du décès du Président Béji Caïd Essebsi, et avant les funérailles officielles, où il était venu avec sa fille Mariem, se recueillir sur la dépouille de son ami et camarade de lutte.
L'internationalisation du problème des réfugiés
Les flux croissants de réfugiés algériens dictaient une démarche inévitable d'internationalisation : la Tunisie décide de faire appel au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. Zouhir Chelli, du Ministère des Affaires Etrangères et moi-même étions chargés d'évaluer l'envergure du problème et de préciser la répartition et les points de concentration des réfugiés. Nous nous rendons sur les frontières et, au terme d'une enquête rapide, Zouhir Chelli soumet un premier rapport. Sur cette base, Khemaïs Hajeri, Secrétaire Général du ministère des Affaires Etrangères, devait établir la requête destinée au Haut Commissariat pour les Réfugiés. Hajeri, par scrupule, insistait pour se rendre personnellement sur les lieux afin de compléter et de préciser les données de base de son rapport. A sa demande, et sur l'insistance de Si Bahi, je l'ai accompagné sur les lieux. Le 29 mai 1957, à notre arrivée à Aïn Draham, le délégué Laroussi Ben Brahim nous apprend qu'un incident militaire, le matin même, bloquait la route conduisant aux campements de réfugiés. Nous savons que l'armée française occupait une caserne située à proximité de la ville, plus près de la frontière, et que des patrouilles sillonnaient la région sans se soucier des ordres des autorités tunisiennes qui soumettaient tout déplacement à une autorisation préalable. Deux jours plus tôt, le Gouverneur de la ville Naceur Ben Jaafar avait fait arrêter en pleine ville le commandant et quelques sous officiers et les avait détenus toute la journée au siège du gouvernorat. L'incident de ce matin était vraisemblablement provoqué en réplique à cette audace du Gouverneur. Nous décidons d'aller sur les lieux et d'en avoir le cœur net.
A quelques dizaines de kilomètres de la ville, en pleine forêt, nous observons en effet un groupe de soldats tunisiens et de gardes nationaux pointant leurs fusils contre une colonne de tanks français. Le capitaine Abdallah Abaab commandait ce détachement. Nous descendons tous de voiture et, accompagné du délégué, je me dirige vers l'officier qui commandait les blindés français. Tout en m'approchant, j'invite cet officier à détourner les canons loin des soldats tunisiens et à se replier dans sa caserne car il n'était pas autorisé à circuler dans cette zone. L'officier me répond que ses soldats ne pouvaient effectuer aucune manœuvre de cette nature tant que les soldats tunisiens les tenaient en joue avec des armes chargées et pointées offensivement. Il protestait contre le fait que nos soldats se soient empressés de charger leurs armes sans sommation. Je réalisais que le moindre coup de feu allait provoquer un carnage. Brusquement, avant même que je n'aie pu me tourner vers les rangs tunisiens, la fusillade éclatait, des balles sifflaient autour de nous, j'ai pu tout juste me jeter dans un fossé sur le bord du chemin, en appelant le délégué à s'y précipiter avec moi. L'officier français à son tour plonge avec nous. Je réalise que mon genou était en sang, une balle ayant coupé mon pantalon à ce niveau, et que l'endroit que nous venions de quitter, le délégué et moi-même, était labouré d'un sillon creusé par des obus qui, apparemment, nous étaient destinés. Le bruit des obus était assourdissant et les détonations étaient si fortes qu'elles nous secouaient au fond de l'abri. Plusieurs soldats tunisiens étaient atteints, de même que Khemaïs Hajeri. A la faveur d'une accalmie, nous remontons de nos abris. Le chauffeur Taïeb, du ministère des Affaires Etrangères, se précipite pour secourir Hajeri, il le hisse sur ses épaules et l'emporte jusqu'à sa voiture.
La fusillade avait fait une dizaine de morts du côté tunisien. Trois personnes en sont sorties indemnes, le commandant Abdallah Abaab, le délégué Laroussi Ben Brahim et moi-même. Ce n'était qu'un incident parmi d'autres : leur fréquence explique les mesures de confinement prises à l'encontre des forces françaises, les barrages dressés à l'entrée des casernes et les sacrifices demandés aux militants destouriens pour assiéger les postes militaires et empêcher le libre mouvement des patrouilles.
A l'hôpital de Béja où notre convoi s'était rendu, le médecin me rassurait : mon genou avait été tout juste éraflé. Khemaïs Hajeri en revanche avait reçu un éclat en pleine tête, il avait fallu l'évacuer sur Tunis et, plus tard, vers la Suisse. C'est Néjib Bouziri, chef du Cabinet du Ministre des Affaires Etrangères, qui fut chargé aussitôt de poursuivre le dossier. Je l'accompagnais à Genève auprès du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés où notre démarche aboutit à l'établissement d'un programme d'assistance internationale à long terme au profit des réfugiés algériens. Je dois avouer que mon séjour à Genève était vain, j'étais cloué trois jours dans la chambre d'hôtel, paralysé par les séquelles de ma blessure. Le jour de l'incident, le Président Bourguiba en présence de Bahi Ladgham me reçoit et me demande de lui en parler. Après m'avoir écouté, il déclare en essayant de détendre l'atmosphère : « Tu as perdu une belle occasion de mériter une oraison funèbre par Si Bahi ! »
In : Habib Bourguiba - Le bon grain et l'ivraie
De Béji Caïd Essebsi
Sud Editions – Tunis, Février 2017 – 528 pages, 30 DT


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