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Quand Béji Caïd Essebsi revient sur l'attaque contre Sakiet Sidi Youssef et le problème des réfugiés
Publié dans Leaders le 11 - 08 - 2019

Paru en 2009, chez Sud Editions, le livre autobiographique « Bourguiba, le bon grain et l'ivraie » de Béji Caïd Essebsi, est un témoignage de premier ordre qui nous renseigne autant sur l'auteur que sur la période qui a précédé l'indépendance et ses acteurs, notamment Bourguiba. Un personnage central par l'ampleur de sa contribution autant à l'indépendance du pays qu'à l'édification de l'Etat moderne auquel l'auteur voue une admiration sans bornes. Nous vous en proposons ci-après des bonnes feuilles
Sidi Youssef et le problème des réfugiés
Le bombardement de Sakiet Sidi Youssef le 8 février 1958 allait offrir à la Tunisie l'occasion de porter le problème devant les Nations unies, de dénoncer sur le plan international le maintien d'une armée étrangère dans un pays indépendant et souverain et d'exiger en conséquence l'évacuation totale.
Les flux croissants de réfugiés algériens dictaient une démarche inévitable d'internationalisation: la Tunisie décide de faire appel au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Zouhir Chelli, du ministère des Affaires étrangères, et moi-même étions chargés d'évaluer l'envergure du problème et de préciser la répartition et les points de concentration des réfugiés. Nous nous rendons sur les frontières et, au terme d'une enquête rapide, Zouhir Chelli soumet un premier rapport. Sur cette base, Khemaïs Hajeri, Secrétaire Général du ministère des Affaires étrangères, devait établir la requête destinée au Haut Commissariat pour les réfugiés. Hajeri, par scrupule, insistait pour se rendre personnellement sur les lieux afin de compléter et de préciser les données de base de son rapport. A sa demande, et sur l'insistance de Si Bahi, je l'ai accompagné sur les lieux. Le 29 mai 1957, à notre arrivée à Aïn Draham, le délégué Laroussi Ben Brahim nous apprend qu'un incident militaire, le matin même, bloquait la route conduisant aux campements de réfugiés. Nous savons que l'armée française occupait une caserne située à proximité de la ville, plus près de la frontière, et que des patrouilles sillonnaient la région sans se soucier des ordres des autorités tunisiennes qui soumettaient tout déplacement à une autorisation préalable. Deux jours plus tôt, le Gouverneur de la ville, Naceur Ben Jaafar, avait fait arrêter en pleine ville le commandant et quelques sous-officiers et les avait détenus toute la journée au siège du gouvernorat. L'incident de ce matin était vraisemblablement provoqué en réplique à cette audace du Gouverneur. Nous décidons d'aller sur les lieux et d'en avoir le cœur net.
A quelques dizaines de kilomètres de la ville, en pleine forêt, nous observons en effet un groupe de soldats tunisiens et de gardes nationaux pointant leurs fusils contre une colonne de tanks français. Le capitaine Abdallah Abaab commandait ce détachement. Nous descendons tous de voiture et, accompagné du délégué, je me dirige vers l'officier qui commandait les blindés français. Tout en m'approchant, j'invite cet officier à détourner les canons loin des soldats tunisiens et à se replier dans sa caserne car il n'était pas autorisé à circuler dans cette zone. L'officier me répond que ses soldats ne pouvaient effectuer aucune manœuvre de cette nature tant que les soldats tunisiens les tenaient en joue avec des armes chargées et pointées offensivement. Il protestait contre le fait que nos soldats se soient empressés de charger leurs armes sans sommation.
Khemaies Hajeri gravement atteint, et moi une balle dans le genou
Je réalisais que le moindre coup de feu allait provoquer un carnage. Brusquement, avant même que je n'aie pu me tourner vers les rangs tunisiens, la fusillade éclatait, des balles sifflaient autour de nous, j'ai pu tout juste me jeter dans un fossé sur le bord du chemin, en appelant le délégué à s'y précipiter avec moi. L'officier français à son tour plonge avec nous. Je réalise que mon genou était en sang, une balle ayant coupé mon pantalon à ce niveau, et que l'endroit que nous venions de quitter, le délégué et moi-même, était labouré d'un sillon creusé par des obus qui, apparemment, nous étaient destinés. Le bruit des obus était assourdissant et les détonations étaient si fortes qu'elles nous secouaient au fond de l'abri. Plusieurs soldats tunisiens étaient atteints, de même que Khemaïs Hajeri. A la faveur d'une accalmie, nous remontons de nos abris. Le chauffeur Taïeb, du ministère des Affaires étrangères, se précipite pour secourir Hajeri, il le hisse sur ses épaules et l'emporte jusqu'à sa voiture.
Trois miraculés
La fusillade avait fait une dizaine de morts du côté tunisien. Trois personnes en sont sorties indemnes, le commandant Abdallah Abaab, le délégué Laroussi Ben Brahim et moi-même. Ce n'était qu'un incident parmi d'autres : leur fréquence explique les mesures de confinement prises à l'encontre des forces françaises, les barrages dressés à l'entrée des casernes et les sacrifices demandés aux militants destouriens pour assiéger les postes militaires et empêcher le libre mouvement des patrouilles.
A l'hôpital de Béja où notre convoi s'était rendu, le médecin me rassurait: mon genou avait été tout juste éraflé. Khemaïs Hajeri en revanche avait reçu un éclat en pleine tête, il avait fallu l'évacuer sur Tunis et, plus tard, vers la Suisse.
«Tu as perdu une belle occasion de mériter une oraison funèbre par Si Bahi !»
C'est Néjib Bouziri, chef du Cabinet du ministre des Affaires étrangères, qui fut chargé aussitôt de poursuivre le dossier. Je l'accompagnais à Genève auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés où notre démarche aboutit à l'établissement d'un programme d'assistance internationale à long terme au profit des réfugiés algériens. Je dois avouer que mon séjour à Genève était vain, j'étais cloué trois jours dans la chambre d'hôtel, paralysé par les séquelles de ma blessure.
Le jour de l'incident, le Président Bourguiba en présence de Bahi Ladgham me reçoit et me demande de lui en parler. Après m'avoir écouté, il déclare en essayant de détendre l'atmosphère: «Tu as perdu une belle occasion de mériter une oraison funèbre par Si Bahi !»
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