Le Décret gouvernemental n° 2020-208 du 2 mai 2020, portant fixation des prescriptions de confinement ciblé a initialement stipulé que les mères ayant des enfants de moins de 15 ans étaient maintenues en confinement et interdites de retour au travail. À l'appel de collectifs de femmes et dans l'urgence, le gouvernement a fait volte-face et est revenu sur cette décision discriminatoire, qui, outre son caractère misogyne, occultait deux réalités : • la présence des femmes sur le marché du travail et son caractère indispensable dans certains secteurs de l'économie tunisienne qui ne pourraient fonctionner sans elles (les hôpitaux, la grande distribution et le commerce, les usines, …) • l'existence de familles monoparentales où les femmes seules ont à leur charge les enfants et les familles où les deux parents sont contraints de travailler et ne peuvent faire garder leurs enfants en bas âge. En revenant précipitamment sur sa décision pour réparer un dommage (décret gouvernemental N° 2020/257 du 3 mai 2020), le gouvernement a ignoré le second dommage, celui que le dispositif faisait courir aux enfants de moins de 15 ans de famille monoparentale ou dont les deux parents ne peuvent s'arrêter de travailler. Ils sont livrés à eux-mêmes, avec toutes les conséquences possibles, en raison de la fermeture de tous les établissements d'accueil : garderies, jardins d'enfants, écoles et collèges. Aussi, nous demandons au gouvernement de prendre les mesures nécessaires afin d'assurer le rôle qui lui incombe en tant que garant de la protection de l'enfance : • la mise en place d'un dispositif adapté dans les écoles et jardins d'enfants pour accueillir les moins de 15 ans dont les parents travaillent à défaut le versement d'une prime qui peut leur permette de les faire garder à domicile. Nous rappelons que la prise en charge des enfants relève de la responsabilité collective et pas seulement des parents. Premières signataires par ordre alphabétique • Faten Abdelkefi, militante associative • Samia Abid Chaabane, orthophoniste • Azza Bach-Hamba, enseignante universitaire • Monia Bennasr Ayadi, constituante • Souleïma Bey, traiteur • Latifa Bouslama, médecin vétérinaire • Nadia Chaabane, constituante • Alya El May, enseignante universitaire • Asma Gharbi, juriste • Fatma Gharbi Ep Masmoudi, constituante • Zeineb Guehiss, cadre retraitée et militante associative • Zakia Hamda, agitatrice artistique • Salwa Harrazi, enseignante à la retraite et militante associative • Dorra Jrad, urbaniste • Kerrou, professeur de l'enseignement secondaire • Nefissa Wafa Marzouki, constituante • Olfa Meziou, universitaire • Leila Mleika Abdeljaoud, enseignante • Samia M'timet, ingénieure • Nedra M'timet, fonctionnaire • Latifa Lakhdhar, universitaire et ancienne ministre de la culture • Alia Toumi, universitaire et conseillère municipale