Le financement étranger des associations en Tunisie dépasse deux milliards trois cent seize millions de dinars Saïed : «Nous voulons bien de la société civile mais pas quand elle devient un bras de puissances et pays étrangers»    Le chef de l'Etat reçoit la ministre de la Justice : «Il n'y a pas d'escalade avec les avocats comme on laisse entendre ... mais nul n'est au-dessus de la loi »    Saïed au secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens de l'étranger : «Convoquer certains ambassadeurs pour leur signifier la protestation de la Tunisie contre l'ingérence dans ses affaires internes»    Daily brief national du 16 mai 2024: Fermeté présidentielle face à l'ingérence dans les affaires internes    Gaspillage alimentaire : Un phénomène néfaste qui coûte cher    Finances – Deuxième tranche de l'Emprunt National : Un taux de réponse de l'ordre de 206%    76e anniversaire de la Nakba : La Tunisie célèbre la résistance du peuple palestinien    En guise d'un sixième blanc : Nos élèves, aujourd'hui, à l'épreuve    INS: Le taux de chômage en Tunisie en baisse    Wafa Ghorbel, lauréate du prix spécial du jury au Comar d'Or, à La Presse : «Mon roman libère la parole des laissés-pour-compte de la société»    En bref    Le CAB affronte Sakiet Eddayer en Coupe : Les espoirs reposent sur le cru !    Ligue des champions – L'EST prépare la finale devant Al Ahly (Ce samedi à Radès – 20h00) : Rééditer le scénario de Mamelodi Sundowns !    Abdallah Laabidi : la Tunisie vit dans l'isolement depuis des années    Arrestation de Mehdi Zagrouba: Les précisions du MI    El Amra : des affrontements entre Subsahariens font plusieurs blessés    Suspension de l'émission « Denya Zina » jusqu'à nouvel ordre    L'ES Métlaoui battue en déplacement : Le doute qui s'installe !    La Tunisie est-elle prête à accueillir l'été ?    Affrontements entre les supporters de l'EST et la police    Météo : Temps partiellement nuageux sur la plupart des régions    Baisse de la production nationale de pétrole brut et gaz au premier trimestre    « Faites-vous plaisir » dans l'un des hôtels Iberostar en Tunisie    Premier trimestre 2024 : l'économie tunisienne enregistre une croissance de 0,2%    Un mandataire judiciaire à la tête de Sanimed    Visite d'Etat en Chine : Premier voyage international de Vladimir Poutine après sa réélection    Météo: Températures en hausse et pluies éparses dans certaines régions    Tunisie – PIB: Une croissance de 0,2% au premier trimestre    France : Mobilisation à Paris pour la Palestine à l'occasion de la Nakba    Les avocats décrètent, de nouveau, une grève générale nationale    Nakba 1948, Nakba 2024 : Amnesty International dénonce la répétition de l'histoire    Ligue 1 pro – LNFP : l'Espérance sort du silence et l'USMO fera appel (vidéos)    Urgent : Une secousse sismique secoue le sud-ouest de la Tunisie    Diffusion inappropriée : La Télévision tunisienne s'excuse    Le roi Charles III dévoile son premier portrait officiel    Carthago Delenda Est : la locution imprimée sur le T-shirt de Zuckerberg qui a offensé les Tunisiens    Le drapeau Tunisien pourra de nouveau être hissé aux JO et dans les compétitions internationales    Siliana: Un mort et cinq blessés dans un accident de la route    Festival de Carthage: Les préparatifs avancent à grands pas    Coupe Arabe : Le Qatar accueillera les 3 prochaines éditions    Mark Zuckerberg : Carthage doit être détruite !    Tunisie: Le t-shirt de Mark Zuckerberg enflamme les réseaux sociaux    À la Galerie Selma-Feriani : Image, récit et représentation    Le conseil de la concurrence inflige une amende de 20 millions de dinars à la SFBT    Météo de ce mercredi: Des températures jusqu'à 44°C dans certaines régions    Abdelaziz Kacem: De «Genocide Joe» à Meyer Habib, dit «Le Phacochère»    USA : Un milliard de dollars d'armes destinées à Israël en cours d'approbation du Congrès    Des artistes Tunisiens au Québec en Tunisie dans une exposition conjointe à Montréal    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Comment l'économie islamique peut bénéficier à la Tunisie
Publié dans Leaders le 15 - 04 - 2012

Simple phénomène de mode soutenu avec la montée islamique ou réelle opportunité : que peut apporter l'économie islamique à la Tunisie ? Dans un rapport corédigé en 2008 avec Olivier Pastré, à la demande de Christine Lagarde, alors ministre des Finances, Elyès Jouini avait alors démontré comment la place de Paris, à elle seule, peut capter plus de 100 milliards d'euros, en favorisant le développement d'un dispositif de finance islamique.
La Tunisie, qui y a pris un net retard, essaie à présent de se rattraper, élargissant le rayon d'action à l'ensemble de l'économie islamique. Déclarations officielles du gouvernement, colloques et autres initiatives se multiplient. Pour contribuer au processus, une association est née : l'Association tunisienne de l'économie islamique (ASTECIS), et vient de tenir, fin février dernier, coup sur coup, un forum dédié et un séminaire sur l'awkaf. L'un de ses cofondateurs et président de sa section de Tunis, Zouheir Tamboura, ingénieur centralien, DGA d'ATL (Leasing) nous en dit plus. Créée en octobre dernier, l'ASTECIS vise principalement la vulgarisation des notions fondamentales de la doctrine économique islamique, dans l'optique d'en construire un système économique complet et intégré. Elle s'appuie pour ce faire sur un réseau de compétences reconnues tant à l'échelle nationale, régionale qu'internationales. Actuellement, l'association est composée de deux sections, l'une à Tunis et la seconde à Sfax.
Deux rencontres ont pu être organisées, à savoir:
• le Premier Forum tunisien de l'économie islamique, organisé le 27 février 2012 en collaboration avec l'Institut Islamique de recherches et de formation et la Banque islamique de développement (BID). Cet évènement majeur, marqué par la présence de Cheikh Salah Kamel, président du Groupe Al Baraka, et de Dr Ahmed Mohamed Ali, président du Groupe de la BID, a été consacré à présenter, outre les fondements de l'économie islamique, les fonds d'investissement islamiques et les sukuk. Il a bénéficié de la présence de plus de 800 participants— membres du gouvernement, dirigeants de banques, de compagnies d'assurances, intermédiaires en bourse, universitaires, hommes d'affaires— et a connu un franc succès.
• Un séminaire portant sur les expériences des Awquaf et les horizons pour la Tunisie (Tunis, les 28 et 29 février 2012), en collaboration avec l'Institut islamique de recherches et de formation, la BID, le secrétariat général des Awqaf du Koweït et l'Université Zitouna. Y ont notamment pris part, Dr Ahmed Mohamed Ali, Dr Abdelmohsen Al Khurafi, secrétaire général des Awqaf du Koweït, et Dr Foued Al Omar, président de Khalij Commercial Bank. A caractère scientifique, il a offert l'occasion de découvrir l'expérience de plusieurs pays en matière d'Elwakf et des possibilités d'en tirer les enseignements nécessaires.
Quelles sont les caractéristiques de l'économie islamique ?
Il est important de signaler qu'il s'agit avant tout d'une doctrine économique qui, comme toutes les autres doctrines (capitalisme, communisme, socialisme…), a sa propre philosophie, ses propres principes, sa propre chaîne de valeurs, ses propres mécanismes et ses propres institutions. C'est ainsi qu'on se réfère à des principes tels que la participation aux pertes et aux profits, l'adossement à l'économie réelle, l'interdiction de l'usure (le riba), du risque excessif (algharar), de la spéculation (Al Ihtikar). Aussi la finance islamique se distingue par la tangibilité de l'actif financé :
On entend par tangibilité de l'actif une opération qui doit être obligatoirement adossée à un actif tangible, réel, matériel et surtout détenu. Toute transaction financière doit être sous-tendue par un actif tangible et identifiable. Il faut aussi noter que la finance islamique ne finance pas certains secteurs illicites :
• L'industrie de l'alcool et du vin
• L'industrie des jeux de hasard
• L'industrie d'alimentation non licite
En résumé, les produits bancaires islamiques respectent quatre règles, à savoir: le partage de risque, la matérialité des échanges, l'absence de pénalité de retards de remboursement et le non- financement des transactions interdites par la Charia. Les institutions de l'économie islamiques sont les institutions financières : les banques islamiques, les compagnies d'assurances islamiques ou «Takafou», les fonds d'investissement islamiques, les émetteurs de « Sukuk » (l'équivalent islamique des obligations) et les institutions non financières, qui sont essentiellement les institutions de « Al Waqf » et les institutions de « Zakat ». Le système doit être doté d'organes de contrôle et de régulation. Il est utile de signaler que la finance islamique fait partie des finances éthiques et des investissements socialement responsables (ISR). En effet, la finance islamique a pour finalité d'améliorer la condition de l'homme, d'établir l'équité sociale, de prévenir l'injustice dans les échanges commerciaux et d'assurer le respect mutuel.
On comprend que la finance islamique est une composante essentielle de l'économie islamique, mais elle est beaucoup plus récente ?
Absolument, l'économie islamique est aussi ancienne que l'islam alors que l'âge de la finance islamique ne dépasse pas un demi-siècle. En effet, la création de la 1ère banque islamique remonte à 1963, année de la naissance des principes financiers islamiques en Egypte. La Mit Ghamr Saving Bank proposait des comptes épargne basés sur le partage des bénéfices et non des produits.
A l'heure actuelle, quelle est la place de la finance islamique dans le monde ?
En 2007, le volume des actifs financiers islamiques était estimé à un peu plus de 150 milliards de dollars. Aujourd'hui, il a dépassé les 700 milliards de dollars, dont près de 300 milliards d'actifs gérés par les banques islamiques et plus de 400 milliards d'investissements financiers.
Entre 2000 et 2007, le taux de croissance des actifs islamiques, qui se situe entre 15 et 23% selon le secteur d'activité, est, dans la plupart des métiers, nettement plus élevé que celui des activités financières traditionnelles. Par ailleurs, fait marquant quoiqu'exceptionnel, dans des pays comme le Royaume-Uni, les actifs islamiques ont continué à croître malgré la sévérité de la crise des subprimes.
Concrètement, que peut apporter l'économie islamique à la Tunisie ?
L'économie islamique pourrait apporter des solutions pour la Tunisie, mais on ne prétend pas qu'il s'agit de la seule solution ou de la clé à tous les problèmes. A travers ses institutions financières, l'économie islamique pourrait mobiliser beaucoup de ressources internes et externes : du petit épargnant privilégiant ce système compatible avec ses convictions, à l'agent économique excédentaire recherchant un investissement plus rentable que le placement monétaire classique, à l'investisseur étranger cherchant à investir en mode charia compliant. Elle peut apporter un cadre adéquat au financement des projets d'infrastructure et mégaprojets à travers les émissions de sukuk. A travers ses institutions non financières, à savoir Alawqaf et Zakat, l'économie islamique pourrait contribuer au financement du déficit budgétaire, et à soutenir les efforts de l'Etat pour la lutte contre la pauvreté, l'amélioration des conditions de vie dans les régions les plus défavorisées, le financement des biens d'utilité publique… Toutefois, cela ne pourrait être le cas que si on mettait en place et dans les meilleurs délais un cadre réglementaire approprié régissant toutes ces activités.
Où en est la préparation de ce cadre juridique ?
A ma connaissance, la préparation du cadre juridique régissant la finance islamique avance bien. Il y a eu la constitution au sein du ministère des Finance d‘un comité de pilotage et de 7 sous-commissions qui vont traiter l'aspect technique (volet normatif, aspect réglementaire et fiscal, fonds d'investissement, Takafoul, Awqaf et Zaket…) avec la participation d'experts et de représentants des différents ministères concernés. J'espère que les travaux de ces commissions déboucheront rapidement sur un cadre réglementaire, tenant compte des spécificités de la Tunisie, et de l'expérience des pays qui nous ont précédés en la matière.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.