On espérait un éclaircissement de l'horizon, mais la décision de la Commission administrative de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) est tombée tel un couperet avec l'annonce par Hassine Abassi, en personne, du principe de la grève générale dans la Fonction publique, le 8 décembre 2016. Le secrétaire général de la Centrale syndicale a réitéré la disposition de la centrale ouvrière à poursuivre le dialogue et que sa main demeure tendue au dialogue et aux négociations, mais la marge de manœuvre devient de plus en plus étroite, ce qui diminue les chances de parvenir à une solution. D'ailleurs, la majorité des parties prenantes évoquent, plutôt, une sorte d'impasse dont on ne voit pas l'émergence d'une issue tellement les positions sont éloignées les unes des autres, surtout si l'on regarde de près la multitude de propositions faites par le gouvernement qui tente de se rapprocher des revendications de la partie syndicale. Toutefois, M. Abassi a tenu, par la même occasion, à assurer que son organisation n'a nullement l'intention de porter préjudice à Tunisia 2020 et que les décisions prises par la Commission administrative, à l'issue de la réunion de la veille, ne porteront pas atteinte à la Conférence de l'investissement qui se tiendra mardi à Tunis et à laquelle il prendra d'ailleurs part. «L'UGTT sera présente à la Conférence internationale de l'investissement et on espère qu'elle connaîtra une grande réussite et qu'il n'y aura aucune répercussion négative puisque une éventuelle grève sera entamée en décembre», a affirmé, en substance, Hassine Abassi. Une sérieuse escalade Force est de reconnaître que l'annonce du principe de la grève générale est, en soi, une sérieuse escalade et met une énorme pression sur les épaules de M. Chahed et son cabinet à quatre jours de l'événement, mais en dépit de toutes ces déclarations et autres annonces incendiaires, les tractations se poursuivent. En effet, une réunion devait avoir lieu hier entre le chef du gouvernement et le secrétaire général de l'UGTT pour discuter d'une nouvelle proposition du gouvernement dont un avant-goût a été révélé par le ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, Abid Briki, qui a fait, d'abord, une rétrospective des propositions faites par le gouvernement à la centrale syndicale sur la question, objet du litige. La nouvelle proposition du gouvernement stipule que l'entrée en vigueur de l'augmentation de la masse salariale débutera en 2017. Pour les 9 mois restants elle sera reportée à 2018 et pour l'autre moitié elle entrera, quant à elle, en vigueur en 2019. Le ministre a donc annoncé que l'augmentation salariale sera versée en 2 fois, une en 2018 et l'autre en 2019. Et d'ajouter « qu'avec cette décision, on ne pourra pas dire que le gouvernement n'a pas respecté ses engagements, ce sera juste que l'accord conclu sera appliqué différemment et pour être plus précis, encore, il y aura donc 2 types d'augmentations». Propositions, dialogue, négociations...oui, mais il est interdit d'échouer parce que les conséquences, vaut mieux ne pas y penser... Heureusement qu'au milieu de ces incertitudes, quelques éclaircies sont venues illuminer la grisaille. On signalera, tout d'abord, l'annonce de la parution, prévue pour hier, d'un document intitulé «InspiringTunisia » cosigné par les membres du Club de Madrid pour affirmer le potentiel de la Tunisie contribuant ainsi au succès de la conférence internationale pour l'investissement « Tunisia 2020 ». Bon à rappeler, ici, que le Club de Madrid est un «think tank» qui regroupe d'anciens dirigeants et chefs d'Etat du monde dont l'ancien chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomâa. Dans ce texte, les personnalités signataires s'engagent à traduire les paroles en actes et à transférer à leurs réseaux dans les secteurs publics, privés et financiers tous les projets proposés par la Tunisie dans le cadre de la conférence. Pour sa part, la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT) a rendu public un communiqué dans lequel elle considère les positions extrémistes prises par certaines parties dont notamment celle de la grève générale, à la veille de la tenue de la Conférence internationale sur l'investissement, ne favorise pas le climat social pour la réussite de cet événement économique important En effet, ajoute le même communiqué, cela ne contribue pas à la concrétisation de ses objectifs en l'occurrence le rétablissement de la confiance des investisseurs étrangers et à la relance de l'économie qui représente l'unique remède aux déséquilibres budgétaires et financiers du pays et à la création de la richesse et des opportunités d'emploi. La CONECT lance, par ailleurs, un appel aux partis politiques et aux organismes sociaux à assumer pleinement leur responsabilité dans cette conjoncture difficile en essayant d'apaiser le climat social et de calmer les tensions et à privilégier l'intérêt national Or, comme on le constate, le gouvernement d'union nationale manque terriblement de soutien de la part des partis politiques occupés par les querelles intestines laissant le pays en proie à une sorte d'anarchie où tout le monde s'en prend à tout le monde, où on s'oppose à tout, où tout est objet de contestation, de colère et d'insultes! A quand donc le réveil ?