Le sculpteur Abdelaziz Mohsni, qui expose actuellement et jusqu'au 28 décembre vingt œuvres en métal à la Maison des Arts du Belvédère, a choisi un titre du moins insolite pour son exposition. Ce titre en dit long sur les états d'âme et la vision du monde chez l'artiste plasticien. Le «Skhat», ainsi employé comme dans le dialectal tunisien, voudrait traduire l'état de «Tnarviz» (énervement), pour suivre le processus de l'expression du sculpteur, d'une personne devant un fait ou une chose qui l'a déplu ou peut-être qui a pu dépasser son entendement et qui a pu vaincre sa patience. L'interjection est ici très grande et très profonde dans son sens. Mais le «Skhat» veut également traduire l'émerveillement devant la beauté éclatante d'une femme. Car sous nos cieux, on s'exprime par le contraire de ce que l'on pense et tout le monde comprend et entend ! Mais ici, c'est la laideur totale et béante qui y est décrite et racontée dans toute sa mocheté. L'artiste se moque éperdument d'une certaine conception de la vie qui ne recherche que dans le standardisé et plus encore. Abdelaziz, ou Aziz pour les intimes, marie le fer et le papier mâché. Ses personnages sont solitaires, en couple, et en groupe. Ils sont terriblement squelettiques même avec la femme enceinte ! Les détails de leur beauté perdue y sont mis en évidence, quitte à les pourvoir d'une installation électrique pour que leur bouche soit allumée à volonté pour qu'ils rient à pleines dents, comme pour se donner en clowns. Les installations, d'un autre côté, retiennent également l'attention. « Les précieux ridicules » en sont témoins, ainsi que « L'émancipation » avec moteur électrique. Le visiteur appuie avec le pied pour faire démarrer le mouvement et la musique. Etonnante Un vrai spectacle vivant obtenu à partir d'n corps inerte qui est ici le métal. L'exposition d'Abdelaziz Mohsni est à la fois douce et étonnante. Elle éloigne son visiteur des sentiers battus de la création dans la sculpture en fer et donne à réfléchir sur plusieurs sujets en rapport avec la vie de tous les jours. Cette exposition se tient dans un lieu qui lui sied parfaitement, à savoir le hangar de la Maison des Arts. Un espace adjacent à la galerie où les sculptures y prennent place allègrement. Une exposition qu'on ne doit pas rater de voir.