Le taux de pauvreté en Tunisie a baissé de cinq points entre 2010 et 2015, s'établissant à 15,2%, en 2015, contre 20,5% en 2010, tandis que les dépenses de consommation par personne et par an ont augmenté, durant la même période, passant à 3871 en 2015 contre 2601 dinars en 2010, soit une augmentation de l'ordre de plus de 48%. Ces chiffres ont été fournis, hier, par le directeur général de l'Institut national de la statistique, Hédi Saidi, en présentant, lors d'un point de presse, au siège de l'Institut, les résultats de la nouvelle enquête nationale sur le budget, la consommation et le niveau de vie des ménages en Tunisie, effectuée par l'Institut, ayant couvert 27 000 ménages dans les divers gouvernorats du pays et porté sur la période entre 2010 et 2015. Il s'agit d'une enquête réalisée tous les cinq ans et cette nouvelle enquête est la dixième du genre. Le taux de pauvreté absolu a également baissé, s'établissant à 2,9% en 2015 contre 6% en 2010. Le nombre des pauvres atteint environ un million 700 mille personnes dont 320 mille souffrant de la pauvreté absolue. La pauvreté est répandue notamment dans les zones rurales. Le directeur général de l'INS a expliqué l'évolution des dépenses de consommation par l'amélioration du revenu individuel ainsi que par l'effet de l'inflation et de la hausse des prix. L'enquête indique que dans l'absolu, les dépenses de consommation ont augmenté de près de 48%, mais en tenant compte de l'évolution de l'indice des prix, cette augmentation atteint 3,2% par an, pendant la période entre 2010 et 2015. Elle a montré en outre que le taux de cette augmentation a été plus élevé dans les régions de l'Ouest et les régions intérieures en général, y atteignant, ainsi que dans le Grand Tunis, 9%, contre 7% dans les régions côtières. En réponse aux remarques de certains journalistes, le directeur de l'INS a écarté toute considération politique dans l'établissement de ces chiffres, disant que l'INS travaille en toute indépendance et dans la neutralité, s'aidant d'experts tunisiens et étrangers dans l'analyse des résultats. Il a signalé que le volume des salaires dans la fonction publique a doublé, passant à 16 milliards dinars contre 8 milliards dinars, durant la période indiquée, alors que dans le secteur privé, le volume des salaires est passé à 12 milliards dinars contre 8 milliards, outre les transferts sociaux et les crédits de consommation qui ont évolué de 15%. En effet, l'enquête a montré qu'il y a des écarts entre les régions et les milieux, urbain et rural, concernant le taux de pauvreté et celui de l'augmentation des dépenses de consommation. Le taux de pauvreté atteint 30% dans le Centre ouest contre 5,3% à Tunis. Les dépenses de consommation par personne et par an en 2015 s'élèvent à 5800 dinars à Tunis, contre 2200 dinars environ à Kairouan. S'agissant des domaines des dépenses de consommation, le tunisien continue à consacrer 75% de ses dépenses annuelles à l'alimentation, le logement, la santé et le transport. Dans le même contexte, le directeur général de l'INS a indiqué qu'il a été constaté que le régime alimentaire du Tunisien demeure basé sur les céréales bien que les quantités consommées en ces produits soient en baisse continue. A l'inverse, la ration alimentaire du tunisien a enregistré un apport plus important en légumes, fruits, et produits d'origine animale. Concernant l'accès à la couverture sociale, l'enquête a montré que la part de la population pauvre affiliée aux caisses sociales (CNSS et CNRPS) est nettement inférieure à celle de la population non pauvre (19% contre 40%). Les données de l'enquête montrent, cependant, qu'une bonne partie de la population pauvre et non pauvre ne bénéficie pas encore de la couverture sanitaire soit respectivement 18% et 16,5%.