Après l'Union patriotique libre (UPL), le Mouvement projet pour la Tunisie (Al Machroû), vient d'annoncer, officiellement, son désengagement du Pacte de Carthage – auquel il avait pris part, au cours de l'été dernier, dans le cadre de l'initiative présidentielle initiée en juin 2016 – en rejoignant les partis de l'opposition. Cette annonce a été faite en deux temps ; dimanche dernier d'abord , et suite à l'annonce des remaniements au niveau du corps des délégués régionaux ensuite, quand le secrétaire-général d'Al Machroû, Mohsen Marzouk, a annoncé que son parti ainsi que son bloc paralementaire, Al Horra, n'étaient plus concernés par le gouvernement d'union nationale. Marzouk a en effet fortement critiqué les nouvelles nominations qui ont été faites selon le critère de l'appartenance partisane. Toutefois, une telle annonce est venue très en retard puisqu'Al Machroû s'est déjà positionné contre le gouvernement de Youssef Chahed lorsqu'il a décidé, il y a quelques semaines de cela, de voter contre son projet de loi des Finances pour 2017. Une décision qui a d'ailleurs causé au bloc d'Al Horra une crise sans précédent et des démissions marquantes. Par ailleurs, une telle annonce vient, aussi, renforcer la position des nouveaux alliés d'Al Machroû à savoir l'UPL et le Comité de Sauvetage au sein du mouvement de Nidaa Tounes. Après avoir considéré la nomination de Youssef Chahed à la tête du gouvernement d'union nationale comme étant une révolution, le président de l'UPL, Slim Riahi, a vite fait de retourner sa veste en tirant à boulets rouges et sur le président du gouvernement et sur le président de la République à qui il avait même demandé l'organisation d'élections anticipées. De son côté, Ridha Belhadj, à la tête du comité de sauvetage du Nidaa, n'a jamais caché son soutien inconditionnel à l'ancien chef du gouvernement, Habib Essid, et a toujours porté de sévères critiques à son successeur.De ce fait, le nouveau positionnement de Mohsen Marzouk et de son parti n'est pas si nouveau ni si imprévisible que cela. A la différence de ses deux alliés, le secrétaire-général d'Al Machroû a juste su choisir le bon moment pour annoncer son nouveau jeu. Loin des positionnements des partis, cette nouvelle vient fragiliser encore plus le statut du Pacte de Carthage qui souffre, depuis l'avènement du nouveau gouvernement, d'un abandon quasi-total de la plupart de ses signataires. Tout avait commencé avec l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) qui a crié au scandale lors de la tentative du report des augmentations salariales dans le secteur public de la part de l'équipe gouvernementale, pour toucher, par la suite, plusieurs autres partis à l'instar du Mouvement du peuple. Le gouvernement d'Habib Essid a été évincé à cause d'un faible soutien politique et partisan. Avec cette nouvelle équipe, on s'attendait à une assise politique plus élargie et un soutien parlementaire en bloc qui devait, initialement, accélérer le travail et le rendement de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP). Loin de la théorie, le gouvernement de Youssef Chahed a renforcé le clivage entre les deux grands blocs (Nidaa Tounes et Ennahdha) et les autres entités politiques qui se retrouvent, désormais, condamnées soit à jouer un petit rôle gouvernemental soit à s'inscrire dans l'opposition, une voie qui ne leur sied pas toujours convenablement.