Slim Riahi, Mohsen Marzouk et Ridha Belhaj sonnent la révolte contre Youssef Chahed. Ils veulent se positionner comme une opposition sérieuse et productive Quand Béji Caïd Essebsi, président de la République, multipliait, en octobre dernier, les rencontres avec les dirigeants des partis politiques de l'opposition, notamment ceux qui n'étaient pas en accord avec leurs directions (Mongi Rahoui, Walid Jalled, etc.), on a fait passer l'information qu'il était en train de discuter de la possibilité de lancer un parti politique qui serait l'alternative de Nida Tounès qui «a échappé, selon certaines sources, à la supervision du chef de l'Etat». Avec les démentis successifs du service de communication auprès de la présidence de la République et avec la formation du gouvernement d'union nationale et son entrée en action avec le soutien des neuf partis et des trois organisations professionnelles (Utica, Ugtt, Utap) signataires du Pacte de Carthage, l'idée du grand parti républicain (appuyé par le président Caïd Essebsi) a disparu des radars des analyses médiatiques en attendant de voir comment Youssef Chahed va concrétiser le contenu de l'accord de Carthage. Et la période de grâce accordée au chef du gouvernement de se révéler brève, trop brève même, puisque, à la faveur du projet de loi de finances 2017 (la version initiale qui parlait du report des augmentations salariales jusqu'en 2019), certains signataires du Pacte de Carthage, dont en premier lieu Machrou Tounès, dirigé par Mohsen Marzouk et l'Union patriotique libre (UPL), présidé par Slim Riahi, ont multiplié les déclarations selon lesquelles Youssef Chahed n'a pas respecté le Pacte de Carthage et a proposé une loi de finances (même si elle a été adoptée à la suite de l'introduction de 68 amendements dont certains l'ont été par les députés de l'UPL et d'Al Horra parlant au nom de Machrou Tounès) qu'ils ne peuvent accepter. Et les concertations Slim Riahi-Mohsen Marzouk que Walid Jalled (entretemps renvoyé de Machrou Tounès et du bloc Al Horra) accusait de chercher à détourner Youssef Chahed de révéler, enfin, que leur objectif est bien de former un front d'opposition démocratique qui est ouvert à tous ceux qui sont mécontents de la politique de Youssef Chahed, qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition. Les choses sont claires : il n'est plus question que l'opposition au gouvernement d'union nationale se limite uniquement aux députés du Front populaire, du Courant démocratique, du Parti Echchaâb et d'autres députés se proclamant indépendants tout en votant généralement contre les projets de loi soumis par le gouvernement. Et Mohsen Marzouk d'assurer une campagne de promotion en faveur du projet du Front démocratique en multipliant ses visites dans les régions dans le but de recruter parmi les responsables régionaux de Nida Tounès et des différentes formations destouriennes mécontents de Abir Moussi, Kamel Morjane, Ahmed Mansour, voire Mondher Zenaïdi, qui reporte de jour en jour l'annonce de la naissance de son nouveau parti qui pourrait porter l'appellation «Parti Al Amal». Dans le feu de cette campagne, Marzouk crée la surprise en appelant le président Caïd Essebsi à accepter la présidence honorifique du front en question. Sauf qu'on ne savait pas si Marzouk avait consulté son principal allié, Slim Riahi, avant de lancer son appel-séduction à l'intention du chef de l'Etat. La réponse de Slim Riahi à l'initiative de son ami Mohsen Marzouk est tombée, dimanche dernier, sur le plateau de l'émission «Liman Yajrouo Faqat» d'Al Hiwar Ettounsi: «Si El Béji est appelé à préparer sa sortie du paysage politique national en organisant dans une année des élections présidentielles anticipées. Je lui conseille de se ménager une triomphale sortie digne de ce qu'il a fait pour la Tunisie». L'appel de Slim Riahi au président Béji Caïd Essebsi a-t-il porté le coup de grâce au projet du Front démocratique ? La question est légitime d'autant plus que Slim Riahi est en train de vivre une fronde au sein de son propre parti à la suite de la décision de Mohsen Hassen, ex-ministre du Commerce, de quitter la barque et de se mettre à l'écart du paysage politique, qu'il qualifie de vicié, et de la démission de Tarek Ftaïti de la présidence du groupe parlementaire UPL au palais du Bardo. Mohsen Marzouk, lui aussi, est en butte à plusieurs difficultés au sein de son propre parti à la suite de la fronde lancée par Walid Jalled, Mondher Belhaj Ali et Mustapha Ben Ahmed. Pas plus tard que lundi 12 décembre, Mustapha Ben Ahmed, Bochra Belhaj H'mida et Leïla Hamrouni ont officiellement démissionné du bloc Al Horra, outre les sept démissionnaires de la coordination de Monastir qui reprochent, eux aussi, à Mohsen Marzouk «sa mainmise sur les décisions du parti et surtout ses désignations aux postes de responsabilité». Hier, les membres du «comité de salut de Nida Tounès» ont tenu une conférence de presse pour dénoncer la décision prise par Hafedh Caïd Essebsi par le biais de la commission du règlement intérieur, en vue de les renvoyer du parti. Mais la question que l'on se pose est la suivante : et si Ridha Belhaj, Khemais Ksila, Moncef Sellami et leurs amis décidaient de rallier le Front démocratique attendu ? Subsistera une autre question : qui va diriger ce front : Ridha Belhaj, Mohsen Marzouk ou Slim Riahi ?