Un groupe d'artistes tunisiens, marocains et palestiniens expose ses connexions virtuelles et plastiques à la galerie Nadaud à partir du 12 février. Recherches formelles et expérimentations retrouvent le chemin de l'espace animé par Sadika, une artiste qui sait créer les conditions d'une remarquable fusion entre des plasticiens d'horizons divers... Décidément, tout ce qui compte dans la vie des arts a pignon sur rue dans la banlieue nord de Tunis. De Carthage à La Soukra, de La Marsa à Gammarth et Sidi Bou Said, des dizaines de galeries proposent des oeuvres contemporaines entre recherches formelles et design moderne. Dans cette mouvance artistique, la galerie Alain Nadaud occupe une place à part car elle est pratiquement la seule à donner une priorité claire aux artistes internationaux tout en les insérant dans des dynamiques tunisiennes. Reflets d'Orient et d'Occident On peut avancer sans se tromper que cet espace culturel animé par Sadika, une artiste essentielle, est un pont entre Tunisie, Orient et Occident. Chaque exposition y permet des découvertes subtiles et la rencontre avec des artistes qui multiplient les expérimentations et se placent dans le sillage inventif des courants actuels en Europe et dans le monde arabe. En ce sens, souvent, les artistes invités par Sadika sont à la croisée des chemins et déploient leurs travaux entre deux pays, chacun sur une des rives de la Méditerranée. Le dynamisme des écoles des Beaux-Arts, la dynamique permanente des musées, la richesse des rencontres font qu'un artiste vivant aujourd'hui en Europe et issu du monde arabe ne peut qu'apprendre tout en enseignant sa propre tradition. Milieu artistique fécond, l'Europe structure notre art contemporain. Il serait ainsi intéressant d'étudier ce qui dans les oeuvres de nos artistes reflète cette tradition européenne. Les motifs ne sont certainement pas les mêmes mais il existe clairement une tendance occidentalisante dans notre art comme les orientalisants furent légion il y a deux siècles. Huit artistes et des connexions Toute cette tectonique de la création et de ses ressorts transparaît dans les expositions proposées par la galerie Alain Nadaud. La prochaine exposition démarre le 12 février et se poursuivra durant un mois jusqu'au 12 mars. Cette exposition porte le titre suggestif de "Connexions" et inspire et induit aussi bien le resserrement des liens entre artistes que les métamorphoses de ces rencontres injectent dans chacune des oeuvres, chacun des parcours. Comme souvent, des artistes tunisiens mettent leurs oeuvres en regard de celles d'artistes d'ailleurs. Ainsi, ils seront huit à exposer dont quatre Tunisiennes qui sont Houda Ghorbel, Mouna Jemal Siala, Faten Rouissi et Ymene Chetouane. Trois Palestiniens et une Marocaine complètent le groupe. Il s'agit de Hanane Al Farissi et des trois Palestiniens Bashar Alhroob, Brahim Jawabreh et Mondher Jawabreh. Ce dernier a exposé en Europe et au Japon. Né en Palestine, il est réputé pour ses compositions sophistiquées et la richesse de sa palette. Mondher Jawabreh sera l'une des découvertes de cette exposition à l'instar de Al Farissi qui vit entre le Maroc et la Belgique, utilise divers matériaux et travaille énormément sur l'image de son propre corps. Les styles ne manqueront pas pour cette exposition qui donne la pleine mesure de Sadika, égérie des lieux, à conjuguer les approches, offrir des contrepoints et mettre en valeur les expériences d'artistes issus d'horizons divers.